Souvent name-droppé par Drake ou Future, Magic City est le club de strip-tease le plus célèbre d'Atlanta. La photographe néerlandaise Hajar Benjida avait déjà entendu parler de ce club avant son arrivée aux Etats-Unis,. C'est lors de son stage chez Cam Kirk, en 2018, qu'elle a eu la surprise de constater que son studio était juste en face du Magic City.Magic City est plus qu'un club de strip-tease. Il joue un rôle clé au niveau de la scène locale. C'est un lieu où producteurs·ices, rappeurs·es, promoteurs·ices et découvreur·ses de talents se rencontrent, et où des artistes comme Cardi B et Offset viennent faire la fête. En tant qu’artiste émergent·e, c'est aussi le tremplin idéal pour votre musique. Mais si les danseuses ne sentent pas votre son et que celui-ci ne pousse pas les client·es à faire pleuvoir les billets, c'est fini pour vous. Si les billets pleuvent par contre, il y a de fortes chances pour que votre titre soit rejoué, encore et encore. Pour les danseuses également, Magic City est souvent le tremplin pour une carrière dans l’industrie du divertissement.
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C’est surtout le rôle influent des danseuses qui a intrigué Benjida, qui s’est fait connaître par ses portraits et ses polaroïds en backstage des plus grandes stars du hip-hop. Elle a découvert Magic City pendant son stage et, en peu de temps, s'est liée d'amitié avec la patronne, Madame Elaine. Elle y est depuis 30 ans et a présenté Benjida aux femmes qui y travaillaient. Benjida a décidé de revenir après son stage, cette fois-ci avec une caméra, et a passé plusieurs semaines à photographier les danseuses, de jour comme de nuit, dans leur environnement personnel : au club, dans les vestiaires et à la maison. Magic City est devenu le point de départ de son projet « Atlanta Made Us Famous ».« Je considère vraiment ces femmes comme un élément important de la scène hip hop d’Atlanta. En les photographiant, j'ai voulu montrer l'autre visage d'Atlanta. Pas à travers les yeux d'un homme, comme c'est souvent le cas dans la scène hip hop, mais plutôt à travers celles d'une femme », explique Benjida. « En outre, les travailleuses du sexe dans le féminisme mainstream sont encore trop souvent mises à l'écart. Les danseuses sont conscientes des préjugés, ce qui crée parfois une distance entre elles et le monde extérieur. Avec mes photos, je voulais casser cela et ouvrir un autre récit. »
Benjida prévoit de revenir l'année prochaine pour élargir encore la série. Elle reste en contact avec les danseuses via les médias sociaux, iMessage et par email. « En enregistrant la vie des danseuses et en les connaissant mieux, j'espère pouvoir apprendre et partager de plus en plus avec elles. À propos de leur vision du strip-tease, de leur sexualité, du contrôle de leurs images, mais aussi, par exemple, de la relation entre leur travail et leur maternité », explique Benjida. « Mais avant tout, je voulais placer les femmes au centre - elles sont les stars de la ville. »
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