La jeunesse marocaine à Ceuta
Un groupe de gamins regarde l'Espagne en chantant « F'Bladi Delmouni », chant des supporters du Raja Casablanca, devenu symbole du mal-âtre de la jeunesse marocaine. Photos: Louis Witter 

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société

Une jeunesse marocaine : entre errance et tentatives de passage

Chaque jour à Ceuta, petite enclave espagnole située tout au nord du Maroc, des dizaines d'enfants tentent de grimper sur les ferries qui relient l’Afrique à l’Europe.

Sur la rive du détroit de Gibraltar ce matin de février, la température avoisine les 10 degrés. Ayman, Rachid et leur groupe de potes viennent tous du petit village de Martil près de Tétouan. Il y a 45 jours, ils ont décidé de partir pour rejoindre l’Europe, « la liberté », selon Salah. Malgré leurs visages de gosses, la dureté de leur quotidien à Ceuta, enclave espagnole située au nord du Maroc, est pourtant bien réelle.

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Ces mineurs marocains, en quête d’une nouvelle vie en Europe, et prêts à rallier l’Espagne, sont de plus en plus nombreux à Ceuta. Ils étaient 802 en 2017, et 3 344 un an plus tard, soit une augmentation de 316 %, selon les chiffres avancés par la presse marocaine.

Si ces enfants, arrivés seuls sur le territoire européen, sont censés être protégés par les lois internationales, très peu de choses sont mises en place dans l’enclave pour leur venir en aide. Et le président de la ville autonome de Ceuta, Juan Vivas (Parti Populaire), veut remettre en place des accords passés entre l’Espagne et le Maroc permettant d’expulser tout mineur « arrivé pour raisons économiques ». Sur place, le quotidien de ces gamins est rythmé par les tentatives de passage et l’espérance d’une vie meilleure de l’autre côté du détroit. Pour eux, Ceuta n’est pas une destination, simplement un passage vers une une vie meilleure.

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Une fois sous les camions, les enfants peuvent espérer arriver sur le continent européen en une heure. Mi-février, l'un deux est mort écrasé dans le port. A la suite de ce drame, l'Espagne a décidé de renforcer la surveillance aux embarquements.

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Moncef, Abdessamed et Salah viennent de Martil et ont 17 ans. Tous ont quitté leurs familles et leur ville pour tenter la traversée vers l'Europe et la « liberté). A travers les barrières, ils observent les ferries et guettent les forces de police présentes dans le port. Tous les deux jours environ, un de leurs compatriotes arrive à prendre le large, direction Algésiras en Espagne.

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Yassine, 16 ans et originaire de Tétouan, sniffe de la colle pour « oublier la vie difficile ». Sur le port, les enfants du Nord sont les plus pauvres de tous. Pour certains d'entre eux, ce sont leurs parents qui les ont fait entrer à Ceuta, espérant des jours meilleurs pour eux en Europe.

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Mohammed, 15 ans, vient de Martil. Il a été blessé par un fil barbelé concertina, aussi coupant qu'une lame de rasoir. Si l'Espagne a annoncé vouloir stopper son utilisation ce n'est pas le cas du Maroc, qui l'utilise pour marquer sa frontière avec le Maroc. Ce soir-là, Mohammed ne passera pas.

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Ce sont dans ces voitures abandonnées que dorment beaucoup de mineurs marocains. Le centre pour mineurs de la ville leur fait peur, les violences et les vols y sont monnaie courante.

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Chaque jour, plusieurs compagnies de ferries partent du port de Ceuta pour rejoindre Algeciras en Espagne. Lorsqu'ils quittent le port, ces bateaux sont inspectés de près par la Guardia Civil.

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Des enfants marocains attendent dans le port de Ceuta. C'est sur ces blocs de béton qui longent la zone portuaire que certains trouvent refuge à la nuit tombée. Beaucoup refusent de retourner au centre pour mineurs, où violences et rackets sont monnaie courante.

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Entre deux tentatives de passage, Moncef 18 ans, Abdessamad, 17 ans, et Salah 17 ans, partagent les petites pièces jaunes qu'ils glanent ça et là pour se faire des sandwiches au thon. « Certains magasins sont racistes, ils ne nous laissent pas rentrer et croient que nous sommes des voleurs », précise l'un des jeunes.

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Ayman 17 ans, tente inlassablement de franchir les barrières qui mènent aux ferries à destination de l'Espagne. Ses multiples tentatives ont laissé des traces sur sa doudoune, complètement déchirée par les barbelés.

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Chaque jour, des dizaines d'enfants marocains tentent de franchir les barbelés qui les séparent des ferries. Ayman, Rachid, et leurs amis, sont arrivés de Martil il y a 45 jours.

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Des enfants marocains tentent de franchir les barrières du port de Ceuta. Il faudra ensuite réussir à monter dans un ferry.

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