Société

L’organisation État islamique a fait évader des centaines de prisonniers d'une prison afghane

Malgré sa perte de territoire et de pouvoir, le groupe terroriste reste « clairement une menace à prendre en considération ».
Sandra  Proutry-Skrzypek
Paris, FR
membres EI
Des membres du groupe terroriste. Photo : Alamy Stock Photo 

Au moins 29 personnes ont été tuées lors d'affrontements féroces entre les forces de sécurité afghanes et les combattants de l'organisation État islamique lundi 3 août, après que les membres du groupe terroriste ont lancé un raid sur une prison, provoquant une évasion massive.

Parmi les morts figuraient des gardiens de prison, des membres des forces de sécurité et des civils, ainsi qu'au moins huit terroristes, selon Attaullah Khugyani, un porte-parole du gouverneur local.

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L'assaut sur la prison de la ville de Jalalabad, dans l'est du pays, a commencé tard dimanche. Un kamikaze a fait exploser son véhicule chargé de bombes à travers les portes de l'établissement, avant que ses camarades ne prennent d'assaut le complexe, ouvrant le feu sur les gardes.

Au milieu de ce chaos, des détenus de la prison, dont beaucoup sont des membres de l’organisation État islamique ou des combattants talibans, se sont échappés. Cela a déclenché une chasse à l'homme massive de la part des forces de sécurité qui ont placé Jalalabad, la capitale de la province de Nangarhar, sous une étroite surveillance.

Khugyani a déclaré à Reuters lundi que des centaines de prisonniers étaient toujours recherchés. Mille autres ont déjà été capturés.

Le groupe terroriste a revendiqué l'attaque qui faisait suite au meurtre d'un de ses principaux agents de renseignement par les forces afghanes près de Jalalabad samedi.

Pour Emily Winterbotham, directrice du groupe de réflexion sur le terrorisme et les conflits au Royal United Services Institute, l'attaque était un sinistre rappel de la menace permanente que représente l’organisation État islamique, alors que les forces internationales se concentrent sur l'obtention d'un accord de paix avec les talibans, même après la récente perte de territoire et de pouvoir du groupe.

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« C'est une nouvelle fois la preuve que, même si vous avez un accord avec les talibans, ce n'est pas la seule préoccupation en termes de violence dans le pays, dit-elle. C'est clairement une menace à prendre en considération. »

Nangarhar, dans l'est de l'Afghanistan, a longtemps été un bastion de l'organisation et a été le théâtre d'intenses combats l'année dernière, les forces afghanes ayant mené une campagne soutenue contre le groupe.

En novembre, le président afghan Ashraf Ghani a affirmé que ses forces avaient « anéanti » le groupe terroriste dans le pays, après une série de victoires sur le champ de bataille et la reddition de centaines de combattants, dont de nombreux ressortissants étrangers.

Selon Winterbotham, l'attaque de la prison et un attentat suicide à Nangahar qui a tué des dizaines de personnes en mai, montrent que la revendication de Ghani est prématurée.

« Cette attaque démontre qu'ils ont été repoussés, qu'ils ont été diminués mais pas effacés. Et que si l'on ne maintient pas l'élan, les groupes se reforment. »

Selon un rapport des Nations unies publié le mois dernier, alors que le groupe terroriste est en retraite territoriale en Afghanistan, il commande toujours environ 2 200 combattants dans le pays et conserve la capacité de mener des attaques dévastatrices.

Le groupe terroriste est exclu des négociations entre les talibans et les États-Unis, qui visent à mettre fin à la plus longue guerre de Washington en acceptant de retirer les troupes étrangères du pays en échange de garanties de sécurité de la part des talibans.

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