Quelques photos d’officiers américains en action

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Culture

Quelques photos d’officiers américains en action

Brian Finke a photographié la crème de la police américaine.

Toutes les photos sont de Brian Finke, publiées avec l'aimable autorisation de l'artiste et de powerHouse books.

En septembre dernier, nos homologues américains publiaient une série de photos issues du dernier livre de Brian Finke, US Marshals, dans leur numéro ​Crime. Le photographe a récemment dévoilé son travail lors d'un vernissage à la ClampArt, une galerie de Manhattan qui promeut les nouveaux talents.

Si de nombreux recueils de photographie sortent en ce moment, celui-ci vaut vraiment le coup. Le photographe américain a suivi des équipes de flics lors de leurs opérations, et les clichés qui en ont résulté ressemblent à des photos de tournage de films d'action. J'ai récemment discuté avec Brian pour savoir comment il avait réussi un tel tour de force.

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VICE : J'ai cru comprendre que tu avais travaillé avec un de tes amis d'enfance qui est devenu Air Marshal ?
​Brian Finke : Oui, j'ai travaillé avec un ami que j'avais rencontré au lycée et qui est devenu officier de l'armée de l'air à Houston. À l'origine, je faisais de la musique avec son beau-frère. J'ai décidé d'utiliser un portrait de lui pour la couverture de mon livre. Je l'ai aussi interviewé dans le bouquin. Je m'étais rendu à son bureau au Texas, et je l'avais convaincu de faire un livre sur lui. Je crois que son équipe et lui étaient très confiants envers la presse : mon travail ne pouvait que leur donner une meilleure exposition et plus de reconnaissance publique. Nous avons donc décidé de le publier pour le 125e anniversaire de la création de leur institution.

J'ai l'impression que la qualité technique est très importante pour toi. Tu as utilisé des pellicules ou un appareil numérique ?
​J'ai envisagé ce projet comme une transition. Au début, j'ai utilisé des pellicules – puis, au fur et à mesure, je suis passé au numérique.

Tu n'as pas eu du mal à combiner ces deux supports ?
​Non, je redimensionnais systématiquement toutes les photos en 1x1. Le rendu final gagne ainsi en homogénéité. J'ai aussi utilisé un flash qui permet de créer une certaine confusion ; on ne sait jamais vraiment si les photos ont été prises sur le vif ou mises en scène. J'apprécie de jouer avec l'idée de spontanéité dans les reportages : le but est de prendre des photos plus formelles et plus mises en scène que celles des photographies documentaires habituelles. Je voudrais que mes images remettent la réalité en question.

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Penses-tu pouvoir qualifier ce projet de documentaire ?
​J'aime dire que je fais de la photographie documentaire. Je m'inspire de cette tradition, mais parfois je préfère mettre en scène un moment, comme je peux parfois m'effacer complètement et essayer de capturer la réalité. Je fais un peu d'étalonnage et quelques autres retouches, mais je ne touche jamais aux pixels.

Tu essaies de représenter ce que sont vraiment tes sujets, ou tu préfères créer des personnages qui véhiculeraient une certaine sensibilité ?
​Quand j'essaie de récréer une scène, c'est que j'en ai déjà été témoin auparavant. Je ne leur demande jamais de faire quelque chose qu'ils ne feraient pas en temps normal. Je travaille de cette manière car la composition de certaines images me demande pas mal de temps. Mais je souhaite qu'elles soient réalistes.

Cette démarche journalistique m'intéresse surtout pour rendre compte d'une situation, mais d'une manière qui ne reprend pas les canons traditionnels des documentaires ou des reportages.

Grâce à ce projet, j'ai reçu de nombreuses propositions pour raconter des histoires liées aux armes à feu. Le magazine WIRED m'a proposé d'aller photographier John McAfee. Trois jours après mon retour à New York, il s'est retrouvé en cavale : il venait d'être accusé du meurtre de son voisin au Belize.

Je m'inspire beaucoup du travail de photographes comme Eugène Richards, Eugène Smith ou encore Gilles Peress. C'est grâce à l'agence Magnum que je suis tombé amoureux de la photographie. J'adore leurs photos, mais je préfère adopter une méthode un peu moins conventionnelle.

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Tu t'es parfois retrouvé sur le terrain avec les Marshals. Les officiers acceptaient-ils d'être photographiés au cours de leurs enquêtes ?
​Je ne photographierais jamais le visage d'une personne non consentante. Je ne tirerais pas le portrait de quelqu'un qui vient d'être arrêté. Mais les officiers m'ont donné accès à toutes les coulisses.

Tu as dû voir des trucs vraiment bizarres.
Oui, je me rappelle d'une anecdote en particulier : des Marshals allaient arrêter une femme accusée de trafic d'êtres humains, juste au nord de Los Angeles. Ils se sont dirigés vers un immeuble, où ils comptaient faire une descente dans un bordel clandestin. Une des prostituées portait un bustier vert fluo et des talons beaucoup trop vertigineux. On y avait trouvé une table de massage et tout le matériel nécessaire à ce genre d'activité. Les Marshals ont généralement un sens de l'humour très sarcastique – je crois qu'ils ne supporteraient pas leur job s'ils ne le prenaient pas de temps en temps au second degré. Bref, une Marshal infiltrée a prétendue être une cliente. Tous ses collègues se foutaient de sa gueule, en insistant bien sur le côté sordide de l'affaire. Étant la seule femme de l'équipe, ils lui avaient demandé de surveiller la pute pendant qu'elle se changeait. Quand la mission fut finie, elle nous a confié que c'était la première fois qu'elle voyait une prostituée à poil.

Tu as déjà participé à leurs opérations ?
​Mon assistant et moi avons toujours essayé de ne pas les influencer ; nous nous forcions à rester en retrait le plus souvent possible. Quand ils allaient perquisitionner une maison, nous les suivions de près. J'aime mon travail, on découvre des situations vraiment uniques et de nouvelles expériences tout le temps. Parfois, c'est vraiment dur, on se confronte à des événements bouleversants. Mais je m'étonne toujours de toutes les facettes de notre société qu'il me reste encore à explorer.

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Comment arrives-tu à concilier tes projets personnels, tes commandes publicitaires et ton travail d'éditeur ?
​L'école finie, j'envoyais des pitchs à différents magazines pour bosser avec eux. Aujourd'hui, je n'ai plus à attendre que l'on me finance. Quand je veux travailler, j'y vais et je shoote, c'est aussi simple que ça.

Souvent, quand je commence un projet, je me retrouve à traiter un sujet qui m'est étranger. J'avais bossé sur les hôtesses de l'air, et j'ai fini par travailler sur la campagne de pub de la compagnie Delta. Quand je prenais des photos de sport, on m'a proposé de travailler pour Nike ou d'autres marques du genre. Selon moi, quand deux projets se rencontrent de cette manière, c'est l'idéal.

Ton travail s'intéresse-t-il à des sujets de plus en plus difficiles et violents ?
​Quand je commence un projet, il faut au préalable qu'il me plaise, et que je m'y intéresse sans arrière-pensée. Je m'y investis le plus possible. Mes sujets se nourrissent l'un de l'autre. Je travaille aujourd'hui sur les danseuses un peu légères qui gravitent autour du hip-hop.

Retrouvez le reste des photos de Brian sur son site– ou achetez son livre ici.

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