
Au premier abord, la montée du racisme en Suède peut paraître surprenante. Les mouvements d’extrême droite n’ont eu qu’une influence très faible sur la Suède du XXe siècle. De fait, comment ce groupe de racailles nationalistes et anti-immigration en est venu à occuper une place si importante dans la vie politique suédoise ? Et pourquoi les Suédois élisent-ils ces mecs pour les représenter ?Quand on pense à la Suède, le fascisme est le dernier des trucs qui vient à l’esprit ; on pense plutôt à la prospérité du pays et à son système social-démocrate paisible. Mais ces vingt dernières années, la xénophobie a émergé de cette apparente tranquillité. Tout a commencé au début des années 1980 lorsque plusieurs petits groupes fascistes, les Bevara Sverige Svenskt (littéralement, Garder la Suède suédoise) en tête, sont apparus. Les BSS représentaient une aubaine pour l’extrême droite ; ils distribuaient des tracts pour dissuader les jeunes filles « d’avoir des relations sexuelles avec ces porteurs de sida que sont les nègres » et appelaient au « rapatriement » des immigrés non scandinaves. Au milieu des années 1980, ces nouveaux fascistes ont pris l’habitude de se rassembler dans le centre de Stockholm pour commémorer chaque année la mort du roi de Suède Charles XII, qu’ils considéraient comme leur père fondateur. Des combats de rue éclataient régulièrement, la faute aux skinheads ivres morts qui, en plus de gerber un peu partout, se permettaient des signes de bras rappelant largement les saluts nazis.
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Profitant du sentiment islamophobe généralisé en Europe, les Démocrates suédois se sont servis des immigrés musulmans en les tenant responsables de la prétendue décadence sociale suédoise. Ils se sont mis à soutenir agressivement une ligne pro-Israël. Lorsque Åkesson parle de l’islam, il le fait en ces termes : « C’est la plus grande menace étrangère jamais connue en Suède depuis la seconde guerre mondiale. »Grâce à leur position d’étrangers au système, les Démocrates suédois ont reçu un soutien populaire important ces dernières années. Certains anciens sociaux-démocrates, déçus de l’implication de leur parti dans le démantèlement de l’État-providence d’après-guerre, ont vu dans le parti des Démocrates suédois une nouvelle possibilité de folkhemmet. De leur côté, les Démocrates suédois ont profité de l’occasion pour accuser les socialistes d’avoir trahi les Suédois en leur imposant le multiculturalisme, le féminisme et « l’immigration de masse ».
En 2010, les Démocrates suédois ont enfin reçu un ticket d’entrée au Parlement. Ils ont obtenu 5,7 % des voix et sont devenus le sixième parti politique du pays. Le parti n’a d’ailleurs pas fait que gagner 20 sièges au Parlement, il a surtout touché un électorat de plus grande ampleur. Cette reconnaissance soudaine leur a permis de remettre sur le tapis le « débat sur l’immigration ». Les journalistes, eux, n’ont pas su dans quelle catégorie les placer : les gauchistes bien-pensants les ont taxés de « fascistes » ; les médias populaires eux, ont joué la carte de l’objectivité en les présentant comme des politiciens « opposés à l’immigration ». Le SD a effectivement appelé à l’interdiction totale et immédiate de l’immigration.
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