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monde du travail

Les pires jobs d'été du monde

Si vous pensiez qu'employé polyvalent chez McDonald's était un calvaire, vous n'avez manifestement jamais masturbé de cochon pour survivre.
Illustrations : ​Carla Uriarte

Dans les films, un job d'été est une expérience magique à même de vous procurer de merveilleux souvenirs, des fous rires, des révélations existentielles et de multiples opportunités de perdre votre virginité avec des garçons aux cheveux propres. Mais dans la vraie vie, il s'agit d'une expérience douloureuse qui vous rappellera que vous n'êtes qu'un simple ouvrier venu au monde pour servir des gens plus riches que vous. Et pendant que vous vous trouverez tristement coincé derrière un comptoir, vous aurez l'impression que le monde entier se moque de vous à mesure que des garçons aux cheveux propres défileront sous vos yeux. Putain de jobs d'été.

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L'été est encore loin, mais voici un récapitulatif de nos pires expériences chez VICE Australie – je vous invite à envoyer des candidatures dès maintenant pour vous épargner ce calvaire.

LIVRER DU SPERME DE COCHON
J'avais 18 ans, et comme je n'étais pas vraiment sûre de ce que je voulais faire après le lycée, j'ai pris le premier boulot qu'on m'a proposé. C'est ainsi que je suis devenue réceptionniste dans une boîte d'élevage d'animaux. Si la plupart de mes tâches étaient sommaires, je devais parfois porter des messages à la porcherie. Là-bas, les employés de longue date masturbaient les plus belles bêtes pour récupérer leur sperme. Au cas où vous ne le saviez pas encore, les pénis de cochons sont aussi en forme de tire-bouchon, et ils expriment leur satisfaction avec un râle d'outre-tombe qui hantera vos nuits pour le restant de vos jours.

Mon job consistait également à parcourir la ville en pick-up pour livrer les organes qui avaient été laissés sur mon bureau le matin, quand je n'avais pas à récolter des échantillons de sperme stockés dans de l'azote liquide. Un jour, au volant, j'ai freiné trop fort et cassé quelques-uns de ces tubes. De la fumée s'est échappée de ma voiture, ce que m'ont signalé plusieurs automobilistes à grand renfort de klaxon. Ce qu'ils ne pouvaient pas voir, c'était moi, essayant désespérément d'essuyer la semence des cochons avec des mouchoirs. Mais ma pire expérience reste de loin celle où j'ai dû maintenir un vagin de truie ouvert lors d'une insémination.

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ACHEVER DES AUTRUCHES
Il y a quelque temps, le gouvernement a essayé d'inciter les Australiens à consommer de la viande d'autruche. Allez comprendre. Pendant mes vacances universitaires, j'ai été invitée à travailler dans une ferme d'élevage d'autruches. Ce n'était pas particulièrement dégoûtant, même si j'avais parfois la vague impression d'être devenue cow-girl à temps partiel.

Mon travail consistait à amener les autruches à l'abattoir. Le processus était très simple : il fallait leur passer une capuche autour de la tête – c'est censé les calmer, mais ça ne marche pas vraiment – avant de sauter dans leur enclos et de les faire reculer. Je devais être assez précautionneuse, notamment parce que les autruches pouvaient m'éventrer à tout moment avec leurs griffes de 10 centimètres.

Après cette première partie, je devais ensuite faire entrer l'autruche dans un camion à l'aide d'un ouvrier. Parfois, les bêtes parvenaient à s'échapper – et quand ça arrivait, il était de mon devoir de leur courir après.

En général, je parvenais à les rattraper et à les calmer, mais un jour, une des autruches était tellement paniquée qu'elle s'est lacérée le cou avec ses propres griffes. Malheureusement, il ne restait plus grand-chose à faire pour elle, mis à part l'achever – ce que j'ai dû faire, à l'aide d'une grosse pelle.

COURIR APRÈS DES SINGES KLEPTOMANES
Quand j'étais plus jeune, j'ai passé un été à travailler dans une réserve de chasse en Afrique. Je vous laisse imaginer le tableau : des lions, des éléphants et de riches touristes américains rougeauds qui essayaient de photographier un rocher en croyant que c'était un hippopotame.

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Je suis arrivée au moment où les singes du coin avaient développé une sorte de kleptomanie. Par conséquent, la direction de la réserve avait clairement signifié aux clients de surveiller leurs affaires. Mais à l'heure du cocktail, les gens baissaient naturellement la garde, ouvrant la porte à des vols dignes d'Ocean's 13.

Les singes qui braquent des touristes travaillent de la sorte : l'un d'entre eux distrait les touristes en faisant des pirouettes, pendant que les autres attrapent tout ce qu'ils peuvent. Je ne peux pas être formelle, mais je suis presque sûre qu'un des singes signait ses méfaits avec les mimiques d'Abu.

Comme j'étais la petite nouvelle, j'avais pour mission d'escalader les arbres où vivaient ces petits abrutis simiens pour récupérer tous les objets en bon état. C'était bien évidemment aussi dur que ça en a l'air – et en guise de pourboire, les touristes me faisaient une lecture de guide touristique sur la nature incontrôlable des animaux sauvages.

BOSSER DANS UNE PHARMACIE DOUTEUSE
Lorsque j'étais lycéenne, tout le monde rêvait de bosser dans une pharmacie. D'un point de vue extérieur, ce travail semblait dépourvu de stress et riche en échantillons gratuits. Quand une nouvelle pharmacie a ouvert dans notre quartier, ma meilleure copine et moi avons trouvé du boulot là-bas. Nous étions persuadées que nous allions passer un été de rêve, avec des rouges à lèvres à peine utilisés et un salaire correct.

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Bien entendu, rien ne s'est passé comme prévu. Notre chef avait l'air assez sympa, mais il nous a très vite demandé de venir bosser gratuitement une heure de plus tous les matins, histoire de nous former. Par la suite, il a été en retard, parfois de plusieurs heures, en nous laissant poireauter sur le trottoir. Quand il arrivait, il avait toujours une tête de déterré et s'en allait dans l'arrière-boutique, prétextant qu'il devait « stériliser un évier ». Je le croyais, jusqu'à ce que je l'y surprenne en train d'écraser un tas de pilules – il m'a aussitôt hurlé de dégager.

Quand on a fini par lui demander si l'on ne pouvait pas rester plus tard plutôt que de se farcir des heures supplémentaires de bon matin, il nous a dit de la fermer. Un jour, mon amie – qui venait alors de fêter ses 18 ans – l'a découvert affalé sur le comptoir d'un bar, quelques heures avant l'ouverture de sa pharmacie. Il lui a dit qu'il la tuerait si elle en parlait à qui que ce soit. Bien entendu, elle en a parlé à tout son entourage.

Mais malgré toutes ces mésaventures, nous sommes restées. Comme il n'était pas souvent au magasin, nous étions souvent tranquilles. Mais un jour, alors que j'étais seule, il m'a appelée pour m'ordonner de me tenir droite au lieu de me poser sur le comptoir. C'est comme ça que j'ai compris qu'il nous observait grâce aux caméras de surveillance qui se trouvaient dans la pharmacie. C'est à ce moment que j'ai décidé qu'il était temps pour moi de partir.

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RÉFÉRENCER DES PHOTOS DE PAPARAZZIS
En 2007, j'ai travaillé dans une agence internationale de paparazzis en classant leurs photos par mots-clefs pour améliorer leur référencement web. Pour faire simple, mon rôle était de partager des photos embarrassantes de stars avec le reste du monde. Au cours de ce boulot, j'ai flouté le visage de quelques enfants célèbres, entr'aperçu les tétons de Lindsay Lohan et la culotte de Britney Spears. De 20h à 8h, je buvais du café, voûtée sur mon clavier et fatiguée de voir des célébrités.

Je bossais la nuit où Britney Spears s'est rasé les cheveux dans un salon de coiffure en Californie. Au fil des photos que je recevais, j'avais pu suivre sa descente aux enfers – la semaine d'avant, elle avait frappé un photographe avec un parapluie. Aussi, ses déclarations étaient devenues de plus en plus bizarres. À ce stade, nous avions accepté le niveau d'intrusion dont nous faisions preuve, jusqu'à ce qu'elle ne se rase la tête. En voyant ces photos, j'ai réalisé que c'était à cause de gens comme moi qu'une des personnes les plus célèbres de la Terre était en train de perdre la raison.

Ça a fini par me rendre malade. Chaque photo de célébrité que vous voyez est tirée d'une série comprenant une bonne centaine de clichés. Et c'est à des gens comme moi de choisir la plus scandaleuse et la plus encline à devenir virale. La meute qui suivait Britney Spears était composée d'au moins 30 personnes. Les paparazzis attendaient à l'extérieur de sa villa pour la pourchasser dans toute la ville. J'ai vu à quel point les stars pouvaient être opprimées en améliorant le référencement de ces photos. Je m'en veux encore aujourd'hui.

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CUEILLIR DES POMMES
Après la fac, j'ai cueilli des pommes pendant une saison. Ça paraît romantique comme ça, mais c'est sincèrement horrible. Il gelait la nuit, et les pommes étaient couvertes de givre. À leur contact, mes mains s'engourdissaient. Vers midi, le soleil tapait fort et le simple fait de porter un chapeau tout en se faufilant entre les branches devenait une corvée.

En outre, il est difficile de se faire de l'argent avec ce type de travail saisonnier. J'étais payée au panier – et ils étaient difficiles à remplir. Un employé était chargé de contrôler la maturité des pommes que nous cueillions. Si elles étaient trop abîmées, pas de la bonne taille ou de la mauvaise couleur, le panier n'était pas payé.

Cueillir des pommes requiert une endurance physique et mentale sans faille. Pendant les trois premières semaines, je pouvais à peine bouger. Au bout d'un certain temps, les pommes me pourchassaient jusque dans mes rêves.

Mais le pire, c'est qu'il n'y avait pas de pause déjeuner. Pour reprendre un peu d'énergie, je me contentais de croquer dans une pomme avant de reprendre la cueillette. Le contrôleur qualité s'assurait que nous ne mangions pas de pommes bonnes à la vente. Manger des pommes pas assez mûres entraîne une envie d'aller chier en permanence. Et comme les toilettes étaient à plus d'un kilomètre, nous allions souvent sous un arbre.

TRAVAILLER DANS UNE CLINIQUE D'AVORTEMENT
Pendant mon adolescence, j'ai atterri dans une clinique d'avortement le temps d'un été. Évidemment ce n'est pas un travail très commun quand on a 18 ans, et pour être honnête, je ne sais plus vraiment comment je me suis retrouvée à faire ça. J'ai commencé par remplir des fichiers pour une clinique généraliste qui était rattachée au service de chirurgie. Une autre partie de mon boulot consistait à discuter avec des gens à des stades émotionnels divers et à réconforter des vieilles dames en détresse.

Mais ce n'était rien en comparaison des militants religieux qui m'attendaient à l'entrée. C'était particulièrement difficile pour moi de me garer lorsque des catholiques occupaient le parking en brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait voir des photos de fœtus de bébés mal formés.

Mais en fonction du service où j'étais assignée, je pouvais passer la matinée à féliciter des gens et à demander comment allaient s'appeler leurs bébés, avant de passer mon après-midi à consoler ceux qui avaient décidé d'avorter.

En y repensant, il y a eu quelques moments difficiles mais je ne pense pas que j'échangerais ce job contre celui que mes amis ont pu faire. Dans un sens, je me dis que ce travail était plus gratifiant que de laver le vomi d'une autre fille dans les toilettes d'un pub.