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LE NUMÉRO À FENDRE LE CŒUR

Reviews

Je me disais aussi, ce magazine manque cruellement d’« injonctions glitch-a-declic-dance-techno ».

ANIMAL COLLECTIVE

LITHOPS

TY SEGALL

PLAYDOE

D’où vient cette détresse profonde dans laquelle semble plongé Kanye West, dont

808s & Heartbreak

est de loin l’album le plus sensible ? Beaucoup l’expliquent par le décès de sa mère, survenu il y a un peu plus d’un an. Pour ma part, je crois plutôt que ce qui a mis Kanye dans un état pareil, c’est qu’il s’est finalement rendu compte qu’à cause de ses prises de position vestimentaire à la con, la moitié des renoi de Paris se sont mis à se saper comme des lecteurs de

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Clark

.

WARREN GIDE

COMMON

Universal Mind Control

Geffen/Universal

Je ne sais pas par où commencer cette review qui promet d’être exemplaire de mauvaise foi, alors autant vous l’avouer tout de suite : on est en face de l’album le moins attendu des quarante dernières années. Méfiez-vous des suppôts de maisons de disques et autres journalistes HTML malfaisants qui vous soutiendront que ce disque est une révolution dans la carrière de Common Sense (ahahaha, «

sense

 »). C’est faux ! Ce n’est pas en embauchant Pharrell et Kanye West en tant que producteurs exécutifs que vous allez transformer votre douloureux passé

soulful

 pour aquathérapeutes en «

hip hop du futur

 ». C’est pire lorsque vous utilisez des thèmes un peu «

anticipation

 » avec ce qu’il faut en paranoïa, dictature de la pensée et petits biscuits à la nougatine. C’est comme avec le reste de sa discographie : on s’ennuie rien qu’en regardant la pochette.

BASILE POLI

XRABIT & DMG$

Hello World

Big Dada/Pias

Mais c’est que c’est pas mal du tout pour un disque de rap indé festif neutre ! Ça n’égratigne personne, ça révolutionne que dalle, ça fait même plaisir au tout petit cousin qui s’habille chez DDP, mais c’est pas important parce que c’est SYMPA. Ce disque est SYMPA comme cette pub pour la chicorée où un plongeur nage dans un champ d’orge. Alors forcément c’est parfois assez maladroit (ce morceau embarrassant qui s’appelle « Dirty South », notamment) mais au moins pour un disque de noirs qui imitent les blancs qui imitent les noirs, la plupart des morceaux tiennent la route. Et puis c’est toujours SYMPA d’avoir quelques goûts en commun avec la nation rap streetwear à Blackberry, ça vous évite souvent une vie d’écrivain d’avant-garde ou un futur suicide pour cause de célibat.

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JIMMY MORE HELL

Je me disais aussi, ce magazine manque cruellement d’«

 injonctions glitch-a-declic-dance-techno

 ». On dirait une formule inventée par une poignée de jeunes singes savants des musiques obscures et propriétaires d’un

blogspot.com

, mais c’est vraiment ce qu’ont inscrit les génies responsables de la bio de ce jeune duo sud-africain. Partant, je ne pouvais que m’incliner devant cette «

hybridation entre basses lourdes et electro-pop speedée

 » fournie par de dignes représentants de la «

african neon rave culture

 ». Mais quand mon sens journalistique aiguisé a repris le dessus, je me suis tout de même rendu compte que ça ressemblait de très près à la musique des soirées Born to Film. J’suis vert.

JIMMY MORE HELL

SETH GUEKO

Les fils de Jack Mess

Néochrome/Hostile

C’est une compile des meilleurs morceaux où figure le babtou qui se prend le plus pour un gitan de France. Pour peu que vous suiviez de loin le rap français ou que vous connaissiez l’existence de Dailymotion, vous êtes d’ores et déjà au courant des obsessions de ce mec pour les films français des années 1950-60, les gangsters de Ménilmontant et le fait d’être gitan. Tous ses morceaux ne parlent que de ça et c’est très bien. Mais parfois, j’ai la triste impression que Seth Gueko ne se renouvellera jamais et qu’il est condamné à vivre dans sa faille spatio-temporelle où Citroën BX, paquets de Gitanes et mobil-homes se croisent en disant coucou à Georges Pompidou. C’est encore plus

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nerd

 que les morceaux indie-rap qui écrivent une fin alternative à

Soylent Green

, quand on y pense.

DON DIEGO DE LA VEGAN

TWISTA PRESENTS

Who’$ Got Next?

Oarfin Records/Import

Je me suis toujours demandé comment Twista faisait pour rapper aussi vite alors qu’il appartient au groupe de gens que l’on appelle communément « les gros ». C’est un vrai tour de force que de se retenir de respirer pendant 30 secondes après s’être envoyé deux kilos de poulet reconstitué et trois litres de Pepsi. On dirait pas comme ça, mais il frôle l’infarctus à chaque apparition, et chacun de ses disques est un pied de nez lancé à l’encontre des maladies cardiovasculaires. Allez vous faire voir, hypertensions, palpitations et autres péricardites, le rap obèse n’est pas encore mort !

BASILE POLI

Ce side project du mec de Mouse on Mars, qui revendique pour son disque le statut d’

objet

 et associe l’univers des installations vidéo et des démonstrations plastiques au lexique electro-botanique des plantes grasses et des toilettes sèches, a bien failli bousculer mon dimanche thé vert +

Seinfeld

. Je palpitais d’angoisse à l’idée d’être projeté par des textures savantes aux confins de l’hermétisme mythologique. À défaut de voyage primal, j’ai vite réalisé que j’écoutais juste de la bleep de merde, qui, selon ma définition conventionnelle, n’est ni plus ni moins que de l’electro paisiblement tourmentée pour grosses ramasses qui auraient passé les quatres dernières années bercées de pulsations intra-utérines dans un cocon tout suave à l’abris du fracas du monde (souvent une école d’art).

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MARCO POLIO

KA SO RE

Petite

GAEA/Import

À l’avant-garde de la gigantesque armée des sentiments que la Scandinavie a levée sous la bannière colorée du bien, l’electro finlandaise est solidement arrimée à l’amical folk danois, lui-même flanc à flanc avec la pop suédoise ensoleillée. Bien décidée à éradiquer le cynisme brumeux des peuples latins à coups d’autotunes enjôleurs et de disco câline, cette parade inoffensive a provisoirement réussi à rallumer la flamme de l’innocence noyée en moi, en me faisant croire, contre toute rationalité et vérité historique, que le monde s’était arrêté de tourner quelque part entre

Discovery

 et Chromeo, et que ces sympathiques et faibles factions n’avaient jamais été subjuguées par la puissance virile du black metal norvégien.

JULIEN CRACK

FLAIRS

Sweat Symphony

Third Side/Discograph

On dirait bien que Rex The Dog s’est connecté pour la dernière fois à l’Internet en 1997. Je crois que depuis, il s’est exilé loin de la moindre trace d’humanité et d’information pour que son travail ne soit nullement

influencé

. Allez savoir, si ça se trouve il n’est même pas au courant pour la guerre en Irak, et dites-en le moins possible à propos des Twin Towers en sa présence. N’allez pas non plus le faire chier avec votre Obamania à la con, il n’est même pas au parfum pour l’affaire Lewinsky. Et si vous balancez un seul mot sur Lady Di, mal vous en coûte ! Contentez-vous de danser en souriant sur sa gentille electro-house, et priez le ciel pour que les soirées Respect reviennent hanter le Queen quand il rappliquera parmi nous, il risquerait de se douter d’un truc, sinon.

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DON DIEGO DE LA VEGAN

TIM EXILE

Listening tree

Warp/Discograph

Quelle bonne surprise ! Warp sort un CD de Tim Exile, un type qui était signé chez Planet µ (je dis ça pour les autistes de l’electronica). Ce disque, qui est en gros de la pop à la sauce electronica, prouve à tout le monde la supériorité des

nerds

 sur tous les autres êtres humains. C’est pas un hasard si Bill Gates est milliardaire et si la France est dirigée par des énarques étriqués et des polytechniciens débiles, bande de branlos. Tim Exile fait preuve d’une maîtrise technique assez folle, sans pour autant perdre le côté immédiat de la pop (sauf exception), mais sans non plus tomber dans le gouffre bien connu de l’electro-pop joussive : c’est un tour de force. Bref, il y a une vie après la drill’n’bass.

CHARLES MOREASS

S’il y a un truc dont il faut se méfier, plus que des violeurs anaux et des gens qui ont des lèvres toutes fines, c’est bien l’electro-pop. Ça peut donner des trucs hyper bien du style Cut Copy, mais aussi de la merde comme Goldfrapp et d’autres groupes aimés uniquement par les gens des maisons de disques. Ben Flairs, c’est un peu entre les deux. C’est moins

catchy

 que Cut Copy mais c’est toujours moins gay que Goldfrapp (il a mis plein de guitare et des synthés cool dans sa musique). Bref, c’est bien mais pas top.

CHARLES MOREASS