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LE NUMÉRO DU TIGRE BLANC

Livres et dvd

Clouzot a oublié d’être moderne. Il est passé du classicisme à l’avant-garde d’un seul coup, niquant tous les petits cons qui se riaient de lui à l’époque. Il est probablement mort

COED FEVER

Wild Side

On a tous eu un oncle qui cachait quelques pornos dans un placard et qui nous a involontairement permis de nous rincer l’œil sans devenir aveugle à l’époque où Canal était encore crypté. C’est probablement pour rendre hommage à cet oncle que les mecs de Wild Side ont décidé de sortir une série de DVD issue du meilleur des collec’ de porn VHS familliales.

Coed Fever

n’est pas le meilleur porno du monde, mais il a le bon goût californien des productions poilues propres du début des années quatre-vingt et ça reste beaucoup plus excitant que la grande majorité des productions actuelles. Le réalisateur Gary Graver (de son vrai nom) a réalisé un an plus tard

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Amanda by Night

, avec la sublime Veronica Hart. Un polar porno dans lequel Ron Jeremy interprète un flic pourri du nom de Rosario et Jamie Gillis un mac baptisé Friday. Ça, c’est une vraie perle que Wild Side devrait ressortir à tout prix.

AGATHA CLITSIE

BUZZ ALDRIN, MAIS OÙ DONC ES-TU PASSÉ ?

Johan Harstad

Editions Gaïa

Pas ambitieux, les mecs de chez Gaïa. En plus de lancer une ­maison d’édition au début des années quatre-vingt-dix, ils se fixent un petit objectif : « emmener (leurs) lecteurs faire le tour de la Terre (Gaïa, pour les Grecs) par les livres. » Et comme ça risquait de prendre du temps et que « qui veut voyager loin ménage sa monture », ils ont imprimé tout ça sur un papier dont la teinte « sanguine/saumon » (j’aurais dit rose) a été méticuleusement étudiée pour fatiguer les yeux le moins possible. Bonne idée, surtout pour des bouquins du genre de

Buzz Aldrin…

qui – même si les fourbes attachés de presse ont mis en avant ses nombreuses références musicales (en fait, une des meufs est fan de The Cardigans) – traite en fait d’une bande de paumés recueillis par un autre paumé, dont le quotidien est bouleversé par l’arrivée d’un mec carrément paumé. Un jardinier norvégien de 30 piges, au chômage et qui vient de se faire larguer par la meuf avec qui il était depuis le lycée. Et passionné de l’Espace. Et qui prend des cours de chant. Un mec chiant, quoi. Aux îles Féroé. Un mec chiant dans un endroit chiant. Heureusement, la fameuse magie des pays nordiques opère, et en fait le seul roman permettant à la fois de « faire le point sur sa vie » et d’en apprendre un peu plus sur celle de ce génie de Buzz. Au fait, les gars, Buzz est le deuxième mec à avoir marché sur la Lune.

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GEORGES W BROUSSE

LE DÉMON DE LA PERVERSITÉ

Edgar Allan Poe

Mille et une nuits

Y’a pas longtemps, j’ai lu une histoire géniale dans le

Nouveau Détective

, une sombre affaire d’adolescent allemand qui décide de cambrioler sa voisine (elle vient de se faire livrer un écran plat). Il creuse un trou dans le jardin de ses parents – au cas où – avant de traverser l’allée. Il rentre, elle est là, il la tue. Mais il accumule tellement de preuves contre lui-même (genre des photos de lui, super fier, avec la cagoule de fortune qu’il s’est fabriquée pour l’occasion) qu’il met pas une heure à se faire coffrer. Dans ce jeune cerveau, mieux qu’une déroutante absence de discernement, un petit démon de la perversité. Comme dans les nouvelles qu’a sélectionnées l’éditeur de ce modeste livre : le meurtrier, irrépressiblement, avoue. Et de se dire que le plus pervers, finalement, ce n’est pas le crime, c’est la confession. En ces temps d’idiocratie, un mot d’ordre : relire Poe, cet alcolo compulsif (je me suis toujours méfiée des gens qui ne buvaient pas), l’homme qui disait vouloir mener la « guerre de l’intelligence ». D’autant que la très baudelairienne traduction, parfois trop littérale pour ces nouvelles à valeur philosophique, a été révisée et richement annotée.

BARBIE D’AUREVILLY

L’ENFER

Henri Georges Clouzot

MK2

Clouzot a oublié d’être moderne. Il est passé du classicisme à l’avant-garde d’un seul coup, niquant tous les petits cons qui se riaient de lui à l’époque. Il est probablement mort en voyant le final de

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et en se disant qu’il aimerait faire pareil avec du cul dedans.

L’enfer

de Clouzot aurait pu être un film magnifique mais il ne faut pas pleurer le fait qu’on ne pourra jamais le voir. D’abord parce que le documentaire fainéant de Serge Bromberg exhume certains de ses plans qui auraient probablement été parmi les plus beaux et surtout, on a tendance à oublier qu’avant de mourir, Clouzot a pu tourner

La Prisonnière

, film sous influence SM et art cinétique magistral et bien plus avant-gardiste que toutes les prétentions rétrogrades de la petite branchitude parisienne de l’époque.

FRANÇOIS TROUFFION