Les trois choses qu’il faut retenir du passage de Justin Trudeau à VICE
Photo : Anthony Tuccitto

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Drogue

Les trois choses qu’il faut retenir du passage de Justin Trudeau à VICE

Le gouvernement ouvre un peu plus grand la porte au commerce du cannabis, mais ferme celle à la décriminalisation d’autres drogues.

Le premier ministre du Canada a nuancé la position de son gouvernement sur les futurs acteurs du marché du cannabis, lors de son entrevue avec VICE, diffusée en direct sur Facebook.

Lors de la présentation du projet de loi sur la légalisation du cannabis, il avait été annoncé que les personnes reconnues coupables d'infractions liées à cette drogue seraient tenues à l'écart du marché réglementé.

Or, lorsque questionné au sujet de « personnes reconnues coupables sous des lois prohibitionnistes injustes », Trudeau a adouci le discours préalablement tenu. Il a ouvert un peu la porte des permis de production aux personnes qui auraient été reconnues coupables de certains crimes liés au cannabis, avançant qu'elles ne seraient « pas forcément tenues à l'écart du marché actuel ».

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« Nous savons que le crime organisé est ancré dans le marché de production et de vente de cannabis. Il faut s'assurer que ce ne sera pas le cas en allant de l'avant avec le projet de loi. Nous allons vérifier les antécédents judiciaires de ceux qui veulent participer au marché, a-t-il expliqué. Mais si quelqu'un a déjà été reconnu coupable de trafic de drogue, je ne pense pas qu'on va le récompenser en lui offrant l'opportunité de vendre du cannabis de manière légale. »

Le premier ministre n'a pas été plus généreux de détails à ce sujet. Si les personnes accusées de trafic de drogue sont tenues à l'écart, ce voudrait dire que les gangs de motards comme les activistes de la trempe de Jodie et Marc Emery seraient rayés du marché du weed.

Justin et le système judiciaire

De nombreuses questions ont été posées par rapport aux casiers judiciaires reliés au cannabis. Une instance inversement proportionnelle au silence des libéraux sur la question depuis qu'il est question du projet de loi sur le cannabis.

Qu'adviendra-t-il des personnes qui font face à des poursuites actuellement, ou encore aux personnes qui ont déjà un dossier criminel? Justin n'a rien répondu de précis, mais il a clairement indiqué qu'il lui était prioritaire de savoir comment légaliser le cannabis, pour ensuite se pencher sur ces questions.

Il a cependant reconnu l'« injustice fondamentale » de la loi actuelle, qu'il a illustrée en donnant l'exemple feu son frère Michel : la famille Trudeau avait eu les moyens d'embaucher « les meilleurs avocats » pour que soient abandonnées les accusations contre lui. Justin Trudeau a admis que ce n'est pas tout le monde qui a les moyens de se défaire d'accusations pour possession simple, surtout dans les communautés ethniques et les communautés marginalisées.

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« Légalisons toutes les drogues »

Zoe Dodd, une intervenante de première ligne à Toronto qui dit avoir quitté son poste il y a quelques semaines, car elle n'en pouvait plus de voir les gens mourir autour d'elle a pressé le gouvernement d'agir pour régler la crise des opioïdes. « Votre plan actuel ne fonctionne pas », a-t-elle martelé, ajoutant qu'il faut investir des millions de dollars dans la lutte, pour que les intervenants aient suffisamment de ressources pour aider plus de personnes.

Elle a sommé le gouvernement de ne pas s'arrêter au cannabis, mais bien de légaliser toutes les drogues au Canada, arguant que les drogues dans leur état actuel ne sont pas sécuritaires, qu'on y retrouve du fentanyl. La décriminalisation permettrait de mettre fin à l'épidémie de surdoses et sauverait des vies, a-t-elle assuré.

Le premier ministre a balayé complètement cette option de la table. « Nous ne sommes pas rendus là », a-t-il tranché. L'ancien chef de police de la Ville de Toronto et député libéral Bill Blair de son côté a soutenu qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves des effets bénéfiques de la décriminalisation des drogues pour considérer cette option.

Justin Trudeau a admis qu'il serait possible d'en faire plus pour régler la crise des opioïdes, mais a tenu à rappeler qu'il y avait investi des millions de dollars et qu'il travaillait en étroite collaboration avec les provinces. « Il faut en faire plus, et nous le faisons », a-t-il assuré.

L'an dernier, 914 personnes sont mortes de surdoses en Colombie-Britannique seulement. Du fentanyl a été détecté dans environ 60 % des cas.