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Sports

On a discuté BMX avec Maxime Charveron

Le Français a voyagé pendant deux ans, vit aujourd'hui en Angleterre et porte un regard pertinent sur sa discipline.
Photos Johanna Himmelsbach

Cet article vous est présenté par LIFE RIDE.

Qu'il s'agisse de skate, de snowboard, de BMX, ou de n'importe quel autre sport de glisse, on remarque vite que, dans la presse spécialisée, les riders sont systématiquement présentés de la même façon. En politique, on appellerait ça un élément de langage. En littérature, un manque flagrant d'originalité. Le tricks, dans la glisse, consiste à dire que le sportif en question est sympa. Qu'il est cool, qu'il ne se prend pas la tête, qu'il adore son sport et le pratique comme un vrai passionné. À force, on en vient à penser que tous les pratiquants de sports de glisse sont sortis du même moule — celui des mecs sympa, donc. Le problème, c'est qu'il peut arriver que ce genre de description soit celle qui colle parfaitement à la personne que vous avez en face de vous. C'est en tous cas ce qui m'est arrivé lors de ma première rencontre avec Maxime Charveron, rider de BMX français qui était de passage au FISE, début mai.
On s'est rencontrés lors d'un événement organisé par l'un de ses sponsors il y a quelques années, et depuis je l'ai recroisé dans diverses occasions — notamment pour la diffusion du film Antipodes ou la fois où je l'ai interviewé pour Le Journal de Mickey. Pour moi, Max Charveron reste forcément associé à un autre grand nom du BMX français, le gros boss du flat Matthias Dandois, qui a d'ailleurs gagné le FISE dans sa discipline cette année. J'ai sans doute tort, mais je les imagine comme la version française et non-motorisée de la série TV Chips. Écumant les routes au coucher du soleil, comptant toujours l'un sur l'autre, ils sont prêts à tout. Pas pour arrêter les malfrats de l'autoroute, mais pour repousser les limites de leurs disciplines respectives.

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Bref, avant de retrouver Maxime sous les pins qui bordent l'enchaînement de terrains de jeu qui permettent aux riders de s'exprimer, je pensais à un tas de choses intéressantes. Je me demandais si la professionnalisation du BMX et la spécialisation qui en découle, qui force les sportifs à se focaliser sur une discipline, rendaient le sport moins marrant. Je me demandais s'il était dans le rôle d'un sportif de produire une réflexion sur son sport. Pourquoi la seule boisson alcoolisée disponible avec le pass presse était de la Despe Mas. Et si Marion Maréchal Le Pen était plus extrême que le FISE…

Autant de questions que je n'ai pas posées à Maxime pendant notre entretien. Le lendemain de cette rencontre, j'ai été très déçu de voir qu'il n'avait pas été qualifié pour les demi-finales de l'UCI BMX Freestyle — mais je suis à peu près sûr que lui n'en avait rien à foutre.

VICE Sports : Salut Max, tu fais quoi au FISE ? Tu viens pour quel contest ?
Max Charveron : Je viens faire le "UCI BMX Freestyle World Competition". En gros, c'est le skatepark pro, en BMX.

UCI c'est la fédé internationale de vélo, c'est ça ?
Ouais, haha !

Donc ça veut dire qu'il y a un genre de reconnaissance du BMX par l'Union cycliste internationale ?
Ouais, c'est ça. Les années précédentes, ça s'appelait juste "skatepark pro" mais maintenant c'est "l'UCI World". Parce qu'ils veulent mettre en place une coupe du monde et le FISE Montpellier, c'est la première étape. Mais je suis pas venu spécialement pour ça. Je suis là parce que c'est un beau contest, avec un bon park.

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VICE Sports était au FISE et ça se passe ici.

Parce que cette étape du FISE, ça fait partie des étapes réputées dans ta discipline ?
C'est la plus grosse du monde, je crois. J'en parlais tout à l'heure avec un speaker qui fait tous les gros événements : il me disait que le FISE Montpellier, c'est vraiment le plus gros contest. C'est pour ça qu'il y a autant d'Américains et tout. Je crois qu'il y a 208 inscrits ! Vu que c'est ouvert à tout le monde, il y a plein de monde qui vient ! Parce que pour les qualifications, quand tu t'inscris à l'event, tu peux t'inscrire en pro si tu veux. C'est la seule compétition qui est comme ça. Les X-Games par exemple, c'est fermé : il y a 12 gars sélectionnés et c'est tout.

Mais toi d'habitude, tu fais plutôt de l'image que des compétitions, non ?
Je faisais beaucoup plus de contests avant et pas du tout d'images. Maintenant, j'essaie de faire plus d'images et moins de contests ! Mais en ce moment, j'essaie juste de profiter de rider. En fait, j'ai pas vraiment fait de projet récemment, j'ai juste ridé à fond !

Du coup, tu penses quand même que tu as des chances ?
Franchement, je ne sais pas. Si j'avais plus roulé avant, si je m'étais vraiment entraîné pour ça toute l'année… Parce que ça, c'est le genre de truc pour lequel tu t'entraines toute l'année. Quand tu vois les premiers… Ce serait se la racler de dire que je vais les mettre à l'amende ! Si je les mets à l'amende, c'est qu'ils se sont loupés ! Mais bon, moi je suis là pour le week-end : je vais essayer de profiter, de faire un maximum.

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Comment tu construits ton run, pour un contest ?
Au début tu fais tes tricks, tu roules module par module. Et au fur et à mesure, ça vient naturellement : tu as tes lignes, comme si tu ridais chez toi ! Mais là c'est compliqué. Il y a tellement de monde que parfois, c'est inroulable. On est plus de 30 par groupe. Mais s'il y a moyen de s'amuser, c'est de la bombe !

A lire aussi : On a demandé aux nanas de L'Equipée ce qu'elles faisaient au FISE.

Le vélo, c'est vraiment en train de s'imposer. Ici, c'est vraiment le sport de référence…
Ouais, c'est vrai qu'on voit aussi de plus en plus de BMX à la télé. J'habite en Angleterre maintenant et là-bas, dans trois pubs sur cinq, il y a du BMX. Il y a du skate aussi, mais pas de roller ni de trottinette. Après, je sais pas, c'est comme tout : si ça explose maintenant, ça va mourir demain !

Par rapport à quand tu as commencé, t'as l'impression que ça a pris de l'ampleur ?
Ouais, ouais. C'est devenu tellement professionnel, ça n'a rien à voir ! C'est les mêmes disciplines qu'à l'époque, mais c'était carrément moins professionnel avant. Franchement, maintenant, c'est bien organisé. À l'époque, c'était à l'arrache totale ! Et ça, ça a des bons et des mauvais côtés.

Tu crois que c'est encore possible d'être bon dans plusieurs disciplines de vélo ? Le park et le flat, par exemple ?
Oui, c'est possible, mais plus ces sports évoluent et plus c'est compliqué. Tu vois, les gars qui font le contest de park, ils ne font pas de street. Il y en a certains qui n'ont même pas de pegs — le truc qui sert à slider. Donc c'est tout un côté du sport que t'occultes. C'est comme si tu avais un skater qui ne faisait jamais de slides et qui passait toute sa carrière à faire des airs et des flips…

Les voyages, c'est l'un des trucs qui te fait aimer ce sport et le fait d'être pro ?
Bah ouais ! Mais tu sais, quand tu commences, tu te rends même pas compte de la chance que c'est ! Et au fur et à mesure, tu fais le tour du monde et tu réalises qu'il y a des gens qui n'ont pas la chance de faire ça. Cet hiver, par exemple, je suis allé à Malaga avec Vans. Mais je suis beaucoup resté chez moi en Angleterre, parce que j'ai déjà l'impression de voyager quand je suis là-bas. J'habite à Corby, au milieu de nulle part. C'est à une heure de Birmingham et le skatepark, c'est l'un des meilleurs du monde. Il y a un bowl et tout ce dont je rêvais quand j'étais petit, donc je peux faire du vélo tous les jours. Ça fait un an que je suis là-bas. Avant, j'ai passé deux ans sans appart, à faire que voyager…