NC Jain (à droite) et Vinay Jain (à gauche) lors du dîner familial. Toutes les photos sont de Niha Masih.
Une alimentation « non-violente »
Vinay s'est d'ailleurs rendu à plusieurs reprises coupable de manger des pommes de terre. « Difficile de ne pas y goûter, c'est un peu un aliment universel », se justifie-t-il. Lorsqu'il est en voyage, il se rabat généralement sur les menus végétariens, mais certains pays offrent peu d'alternative à la viande. « Lorsque j'ai voyagé en Turquie, j'ai été affamé pendant dix jours », se souvient celui qui n'a jamais touché un seul morceau de chair. Pour faire l'expérience de la cuisine jaïne, Vinay Jain finit par accepter de nous inviter à partager un repas chez sa sœur Geeta le lendemain soir.Selon la tradition, il nous faut manger de la nourriture fraîche alors nous cuisinons trois fois par jour.
Pas de légumes poussant dans la terre, pas de chair, d'œuf. De droite à gauche dans les petits pots : des pois chiches en sauce, des boulettes de calebasse, des pois chiches dans du yaourt. Sur l'assiette, quelques combos grillés.
Manger comme le commun des mortels
La famille Jain au complet. De gauche à droite : Prachi NC, Geeta, Poonam, Vinay et Tushar.
Au premier coup d'œil, il est difficile de voir la différence avec la cuisine indienne végétarienne. Mais au goût, la cuisine jaïn est plus clémente avec le palais des néophytes du masala food. La nourriture, moins épicée, est également servie en quantité raisonnable pour permettre à l'esprit d'être plus concentré. « De temps à autre, il faut savoir manger un peu trop », lâche tout de même NC Jain en nous invitant à nous resservir.Normalement, un jaïn ne doit pas manger après le coucher du soleil.
Prachi, la belle-fille de NC Jain et de Geeta Jain. Une assiette de puris, ces pains indiens emplis d'air comme des ballons.
Manger comme un saint
Les fidèles forment un cercle autour du moine. Sruthsagar ji Acharya reçoit son repas quotidien des fidèles.
Les petits bols dans lesquels se trouvent les fruits que mangera aujourd'hui Sruthsagar ji Acharya.
De l'Himalaya à Kanyakumari
Les fidèles déposent des petites quantités de nourriture dans les paumes de Sruthsagar ji Acharya qu'il porte ensuite à sa bouche.
Et les non-végétariens ? « Ils voient les choses différemment mais on ne peut pas leur en vouloir », tient à rassurer Sruthsagar ji Acharya. Car en Inde, certaines franges les plus radicales des communautés hindoue et jaïne jouent de leur influence pour pousser à l'interdiction de la viande. Dans certaines villes des sociétés de résidents refusent systématiquement de louer un appartement à des non-végétariens. Une politique qui porte en fait directement atteinte aux minorités religieuses du pays, à commencer par les musulmans. « Vivre et laisser vivre », reprend alors le sage comme réponse.Il repartira quant à lui dès le lendemain sur les routes indiennes. Muni de son seul balai en plumes de paon afin d'écarter les insectes de son chemin sans les écraser.
Il repartira quant à lui dès le lendemain sur les routes indiennes. Muni de son seul balai en plumes de paon afin d'écarter les insectes de son chemin sans les écraser. De « l'Himalaya à Kanyakumari », à l'extrême sud de l'Inde.Cette fois-ci nous prendrons congés le ventre vide, soûles d'une autre nourriture.LIRE AUSSI : Dans les faubourgs de New Delhi se réfugie la cuisine tibétaine