Avec l’artiste qui pavait les rues d’or

Rachel Sussman s’est inspirée d’une ancienne tradition japonaise pour combler les crevasses des trottoirs et des rues avec de la poussière d’or.

par VICE Staff

6.3.17

Toutes les images sont publiées avec l'aimable autorisation de l'artiste.

Au printemps 2014, après avoir achevé son dernier projet, l'artiste américaine Rachel Sussman tombe sur une image trouvé sur Internet : un bol cassé réparé avec de la colle et de l'or. Cette photo illustre une ancienne tradition japonaise appelée kintsukuroi — qui pourrait se traduire par « réparation en or » — et qui implique de restaurer de la céramique brisée avec une colle pigmentée à la poussière d'or. Une fois renseignée sur cette pratique, il n'en a pas fallu plus à Sussman pour décider de l'appliquer à grande échelle, c'est-à-dire en la mettant en œuvre dans la rue.

C'est ainsi qu'a débuté Sidewalk Kintsukuroi, version piétonne d'une culture étrangère. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que l'artiste puise son inspiration dans une philosophie japonaise. Après s'être tournée vers le wabi-sabi — un concept esthétique prônant une sobriété paisible —, elle s'est retrouvée dans cette technique suggérant le renouveau. Sussman a commencé par sélectionner des photographies de rues, sur lesquelles elle a peint avec de la poussière d'or.

Son intervention joue aussi avec ce mythe d'une Amérique aux rues pavées d'or. « Bon, les rues ne sont pas pavées d'or, mais réparer quelque chose d'aussi trivial qu'une rue ou un trottoir, ou le sol d'un musée, avec de l'or peut nous rapprocher d'un instant qui n'est pas immédiatement perceptible », raconte Sussman à Creators. L'artiste considère que réparer ce que l'on considère comme une imperfection — une crevasse dans de l'asphalte par exemple — peut modifier notre perception du quotidien.