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Les carnets de l'Euro de Neustädter : « Comment puis-je être un modèle pour ces gens-là ? »

Samedi, des hooligans russes ont attaqué des supporters anglais. Roman Neustädter jouait son premier match de l'Euro. Il revient sur son match et donne son point de vue sur les violences.
Foto: Imago

Cet article a été publié initialement sur VICE Sports Deutschland.

Roman Neüstadter est un défenseur de Schalke 04, ancien international allemand qui a récemment été sélectionné pour la première fois par la Russie afin de disputer l'Euro. Tout au long de la compétition, il nous détaille son quotidien au sein de sa nouvelle sélection.

Mon premier match dans cet Euro a été rempli d'émotions. Dans les dernières minutes, tout est allé très vite. A peine nous avions égalisé dans le temps additionnel et fêté le but que l'arbitre sifflait la fin du match et nous devions quitter le terrain. On n'a d'abord eu aucune idée de ce qui était arrivé. Quand nous avons appris pour les émeutes dans le stade, on était au fond du trou. D'une part, il ne faut pas aller trop vite en besogne, parce que de toute évidence nous ne connaissons pas les circonstances exactes. D'autre part, je trouve ces images tout simplement terribles. Bien sûr, c'est l'Euro, tout le monde est passionné et les émotions sont intenses. Mais qu'est-ce qui traversent la tête de ces gens qui se battent ? Dans de telles situations, je me rends compte que nous, joueurs, n'avons aucun moyen de les influencer. Nous ne pouvons pas empêcher cela. Bien sûr, nous avons des rôles de modèles à jouer, mais comment puis-je être un modèle pour ces gens-là ? Nous n'avons aucun moyen d'atteindre ces casseurs.

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Il faut parler aussi des belles choses qui m'arrivent ces jours-ci : c'est l'Euro, j'ai joué le premier match à mon poste favori, milieu défensif, contre l'Angleterre et nous avons égalisé à la dernière seconde pour faire 1-1. C'était un grand moment d'émotion, et je suis ravi d'y avoir participé. Ces derniers jours, l'entraîneur me parlait souvent et m'a demandé si j'étais capable de jouer en 6. Après m'avoir essayé dans ce système, il était clair, après le dernier entraînement, que j'allais jouer. Un match de championnat d'Europe, c'est complètement différent d'une rencontre de Bundesliga ou de Ligue des champions. L'atmosphère de cette compétition est simplement incroyable et difficile à décrire. Le pays tout entier est derrière vous, les supporters vous encouragent dans le stade et tout votre corps vibre. Je n'étais pas particulièrement tendu, parce que ça ne reste que du football et que j'étais très motivé. Mais cette excitation positive, mélangée à l'impatience de commencer, c'est juste un sentiment incroyable. Ensuite, vous chantez l'hymne national et vous avez des frissons dans tout le corps. C'est, pour le moment, le match le plus spécial de toute ma carrière.

Neustädter au duel avec le buteur anglais, Eric Dier.

Malheureusement, notre tactique n'a pas fonctionné en première mi-temps. Les Anglais ont beaucoup de jeunes joueurs talentueux qui jouent intelligemment. Nous savions qu'ils allaient mettre directement la pression sur notre milieu de terrain et que leurs ailiers repiqueraient souvent vers le milieu, donc nous, les milieux défensifs, n'avions pas beaucoup de ballons. Nos défenseurs centraux, qui n'étaient pas tellement assaillis par Kane, devaient ouvrir notre jeu. Nous voulions partir en puissance vers l'avant, même si nos offensives ont été mal préparées. Malgré une pression faible de la part de leurs attaquants, nous avons souvent balancé de longs ballons et vite perdu la possession. C'était inutile. En deuxième mi-temps, nous étions beaucoup mieux, avec des possessions prolongées en attaque. Nous gardions le ballon dans leur moitié de terrain. En ayant joué encore mieux et plus intelligemment, on aurait pu avoir un peu plus d'occasions.

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Et à un moment donné, le jeu n'est devenu que pur combat. Nos gars se sont arrachés, ont gratté des ballons et tiré au but. Je sors à la 80e minute et on attend encore, alors, de marquer notre but. Nous savions qu'en envoyant le ballon dans la surface de réparation, une tête ou un pied allait nous permettre d'y arriver. Et c'est ce qu'on a fait.

Je n'ai pas échangé mon maillot avec un Anglais à la fin du match naturellement, parce que ça restera à jamais un match spécial pour moi.

Bien à vous,

Roman.

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Propos recueillis par Benedikt Nießen.