Une résidence dans des containers en pleine mer

La résidence d’artistes se fait aujourd’hui énormément, partout, pour le meilleur et pour le pire. La création peut donc avoir lieu dans des lieux inhabituels. Comme au milieu des flots. C’est ce que propose Container Artist Résidency, en collaboration avec ZIM integrated Shipping Services, amenant sept artistes – dont Mari Bastashevski, Tyler Coburn, Revital Cohen and Tuur Van Balen – au large, pour sept voyages artistiques nautiques différents prévus au printemps.

L’idée de cette résidence est venue à l’artiste Maayan Strauss, la fondatrice et directrice du programme, après un voyage à bord d'un cargo entre Israël et New Haven, aux États-Unis, où elle a reçu son diplôme des beaux-arts à l’université de Yale. Strauss espère que le trajet en isolation complète de la première édition de la résidence va inspirer les artistes pour donner naissance à des oeuvres qui reflète l’expérience singulière du voyage en mer sur plusieurs semaines. Les voyages – New York-Israël, Hong Kong-Sri Lanka, entre autres – donneront lieu à sept expositions internationales des oeuvres créées à bord.

« Je pense cette mission en termes expérimentaux », explique la commissaire de la résidence Prem Krishnamurthy. « Il y a un mythe de l’artiste comme agent autonome. Les artistes produisent commercialement et ils ne travaillent pas en dehors du monde », dit-il. « Donc, nous essayons de voir ce qu’il se passe quand on prend un groupe d’artistes tous très accomplis et qu’on les met dans un navire. »

Ferenc Gróf, Everyone’s No Man’s Land (Franz Josef Land - Terra communis), 2015, carte postale A5 pour Vladimir Poutine, dans le cadre de OFF-Biennale Budapest. 2000 éditions.

Le travail des artistes est d’explorer les croisements entre art et industrie. Comme Barbara Steveni et son Artist Placement Group des années 60, Container Artist Residency s’intéresse à l’impact, sur les artistes, d’environnements qui présentent de nouveaux défis pour produire en dehors de la création habituelle en studio. « De nombreux artistes ont une méthodologie basée sur la recherche, qui tend à l’intégration significative dans les institutions, les structures et les chaînes d’approvisionnement », explique Krishnamurthy à The Creators Project.

« La plupart des artistes qui ont postulé voulaient travailler sur des questions plus larges de globalisation en termes critiques. Nous voulions aussi être certains que la sélection finale des artistes de cette première édition aille au-delà. Le premier groupe d’artistes comprend aussi Erin Diebboll et Christopher Page, qui utilisent des médiums plus traditionnels, comme la sculpture et la peinture.

« Plus généralement, en tant que commissaire, je m’investis dans la vision critique des formats communément acceptés de production créative et comment effacer les frontières entre différentes pratiques disciplinaires », ajoute Krishnamurthy, qui a aidé à élaborer les feuilles de route des résidences et établir les programmes individuels des artistes lorsqu’ils sont en mer, et qui commissionnera chacune des expositions qui en découlent. « C’est impossible, en 2016, de ne pas penser le rôle de l’artiste dans le marché » Il dit encore : « Avec ce projet, l’un des objectifs que j’ai est de regarder de manière productive comment un engagement avec l’industrie et les processus sous-jacents cachés peuvent nourrir le travail artistique et produire quelque chose de plus pertinent pour le présent et le futur. »

Revital Cohen et Tuur Van Balen, 75 Watt, 2013, tirage type C-print, 66 x 100 cm

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