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La malédiction de l’homme qui a vu des OVNI toute sa vie

« Il parlait des OVNI, des aliens, comme s’ils étaient avec nous dans la pièce. Ensuite, il m’a parlé de sa famille. Là, j’ai compris qu’il y avait une histoire intéressante. »
Christo Roppolo et son chiot. Image : Virgil Films

Christo Roppolo avait huit ans quand il a été contacté par des extraterrestres pour la première fois.

Il était chez lui, en compagnie de son petit frère, quand une créature qui ressemblait singulièrement à un personnage de dessin animé a fait son apparition. Elle est sortie d'une ambulance plein phares, dans la rue, puis a collé son nez à la fenêtre de la chambre de Christo. Quand il a repris ses esprits, ses parents étaient dans la pièce. Ils se disputaient, tandis que son frère étalait consciencieusement ses couches souillées sur la fenêtre du salon, comme s'il essayait de la calfeutrer.

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« L'alien m'a dit qu'il allait me mordre délicatement le nez, et que quand je me réveillerais, je me sentirais parfaitement bien, » raconte Christo à Motherboard. « Après ça, je n'ai plus voulu aller me coucher seul. En tant que gamin, je n'étais pas disposé à attribuer une signification profonde à cet événement. Ce n'est qu'en grandissant que j'y ai vraiment réfléchi, pour conclure que tout cela n'avait été qu'un mauvais rêve. »

Aujourd'hui, Christo a 57 ans et vit à Monterey, en Californie, une ville balnéaire idyllique à 6h au nord de Los Angeles. Même si des centaines de kilomètres et plusieurs dizaines d'années le séparent désormais de sa maison d'enfance dans la banlieue de Cleveland, les entrevues avec les extraterrestres ne se sont, de fait, jamais interrompues. Cependant, au lieu de paniquer à chaque fois qu'il était contacté, Christo a fait ce que n'importe quel réalisateur ferait—il s'est procuré une caméra et a entrepris de filmer chacun de ces événements.

Quand Christo a contacté Justin Gaar, un réalisateur qui venait d'arriver à Los Angeles, il avait déjà des dizaines d'heures de vidéos derrière lui, tournées aux alentours de Monterey. Son but était alors de faire un film à partir de ses prises de vue, mais il n'était pas content du montage réalisé par son précédents collaborateur. Christo avait entendu parler de Justin par un ami d'ami qui avait travaillé comme commercial dans la société où Justin achetait ses synthétiseurs, qui lui permettaient de composer de la musique électronique d'un autre monde.

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« J'ai regardé une heure de vidéo tournée par Christo, et immédiatement, je me suis dit que ce type était fou' » raconte Justin à Motherboard. « On le voyait déambuler au hasard en pointant des points brillants dans le ciel et s'exclamant 'qu'est-ce que c'est que cette merde ?'. Je n'étais pas vraiment prêt à accepter ce qu'il voulait me faire voir. »

Justin a expliqué à Christo qu'il ne voyait absolument rien d'extraterrestre ou de surnaturel dans la séquence, puis lui a donné quelques conseils afin d'améliorer ses vidéos. Il n'avait alors aucune intention de s'impliquer dans le projet. Cela n'a pas découragé Christo de lui envoyer ses rushes, inlassablement, jusqu'à le persuader d'organiser un rendez-vous à Los Angeles.

De cette rencontre est né Curse of the Man Who Sees UFOs, le dernier film de Justin Gaar, qui évoque le rapport de Christo avec l'inconnu. Il est sorti ce mardi.

Christo Roppolo à Monterey. Image: Virgil Films

« Nous sommes allés dîner, et pendant toute la durée du repas, Roppolo est resté le nez à la fenêtre, scrutant le ciel, » explique Gaar. « Il parlait des OVNI, des aliens, comme s'ils étaient avec nous dans la pièce. Ensuite, il m'a parlé de sa famille. Là, j'ai compris qu'il y avait une histoire intéressante. »

La jeunesse de Roppolo a été très agitée. Tout a commencé avec la mort de son père dans un accident de voiture, suite aux méfaits de l'alcool. Il s'apprêtait alors à s'inscrire dans une école de cuisine. Son père était la seule personne de sa famille dont il se soit jamais senti proche ; c'est lui qui lui avait transmis sa passion pour les films, et qui l'avait emmené voir Le Parrain au cinéma.

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« Il parlait des OVNI, des aliens, comme s'ils étaient avec nous dans la pièce. Ensuite, il m'a parlé de sa famille. Là, j'ai compris qu'il y avait une histoire intéressante. »

Après l'accident, Christo et son frère ont reçu une grosse somme d'argent. Son frère l'a dépensé très vite en s'installant dans le sud, avant de faire faillite. Christo, quant à lui, a acheté du matériel vidéo, puis a tourné son premier film avec un budget de 10 000 $ : un remake du classique gore de 1964, The Flesh Eaters.

Le film a été bien accueilli, mais peu de temps après sa sortie, Christo a appris que son frère avait volé 129 000$ sur son compte en banque avant de disparaître. Ce n'était que le début de sa longue chute au royaume de l'égarement.

Après une série d'événements tous plus tragiques les uns que les autres, la vie de Christo n'avait plus grand chose à voir avec ce qu'elle était dix ans plus tôt. C'est à ce moment-là que les OVNI ont vraiment débarqué dans sa vie.

« La fréquence de leurs apparitions dépendait étroitement des signaux que je leur envoyais, » explique Roppolo. « Après avoir étudié de près mes prises de vue, j'ai remarqué que les OVNI clignotaient régulièrement afin de communiquer. Si vous leur envoyez des signaux à base de nombre de premiers, par série de trois, ils apparaîtront. »

Pour Justin Gaar, la corrélation entre les observations d'extraterrestres et les activités de Christo est d'une toute autre nature.

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« À chaque fois que Roppolo faisait l'expérience d'un traumatisme émotionnel et affectif, cela avait des répercussions sur sa propension à voir des OVNI, » explique Gaar. « Mon hypothèse est que ce phénomène est d'origine psychologique. Cela ne m'aide pas, pourtant, à comprendre ce qu'il se passe sur ces foutues vidéos. C'est très difficile d'analyser ce genre de document. »

Bien que Gaar ait pu prendre le temps de rendre quelques visites à Christo durant les deux années qu'a duré la réalisation du film, il est resté intrigué par ces phénomènes de confrontation avec le surnaturel. L'observation la plus étrange du film demeure inexplicable à ses yeux. Cependant, il ne souhaite pas en savoir davantage à son propos.

Christo Roppolo en compagnie de l'un de ses chiens. Image: Virgil Films

Tenter d'analyser ces événements avec un point de vue sceptique et rationnel ne m'intéresse pas, même si j'ai une théorie qui colle bien avec plusieurs rencontres de Christo, » explique Justin. « Il y a des installations militaires à proximité de la maison de Christo, Skunk Works (Lockheed Martin). Il s'agit d'un lieu expérimental pour l'aviation américaine, et ses activités sont tenues secrètes. Il est situé au sud de Monterey. J'aurais pu partir d'une explication scientifique à partir de ça, mais j'ai refusé d'adopter ce point de vue. Ce n'est pas le propos du film. »

Au final, Curse of the Man Who Sees UFOs est moins un documentaire sur les OVNI qu'un film sur un homme qui passe ses nuits à scruter le cosmos. Remarquable pour sa profondeur et la subtilité tragicomique de son ton, il vaut le détour. Bien que le réalisateur se montre sceptique face au phénomène OVNI et laisse au spectateur la possibilité de décider lui-même de la légitimité des observations de Christo, pour ce dernier, le scepticisme n'a jamais été une option possible.

« Jusqu'à mon dernier souffle, je tenterai de convaincre les gens que je ne raconte pas n'importe quoi, a déclaré Roppolo. « Tout est réel. Je le jure. »

Curse of the Man Who Sees UFOs est disponible en DVD et sur iTunes.