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Crime

Dilma Rousseff n’abandonne pas, mobilisation dans les rues au Brésil

L’ancienne présidente a annoncé « le début d’une lutte » au journal Le Monde, quelques jours après des manifestations musclées contre le nouveau gouvernement de Michel Temer.
Photo via Sebastio Moreira/EPA

L'ancienne présidente brésilienne Dilma Rousseff a été écartée définitivement du pouvoir ce mercredi 31 août par le Sénat, jugée coupable d'avoir maquillé des comptes publics. Dans un entretien accordé au Monde ce mardi, l'ancienne chef d'État se dit innocente, victime d'un « putsch ».

Suspendue depuis mai, lorsque le Congrès — dominé par l'opposition — a donné son feu vert à l'analyse de la procédure de destitution, Mme Rousseff a expliqué au journal français : « Les arguments qui ont mené à ma destitution sont des prétextes ».

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Le Brésil fait face à une grave crise économique, à laquelle s'ajoute une importante crise politique. L'économie a connu une régression de 7,9 pour cent depuis début 2014. On reproche à Dilma Rousseff de ne pas avoir réagi à cette récession.

« Il y a eu un sabotage politique visant à créer un environnement favorable à l'impeachment, empêchant le Congrès d'adopter les mesures importantes. En février, la Chambre des députés s'est mise en grève. Je n'avais jamais vu ça ! » s'est-elle défendue au Monde. Elle annonce « le début d'une lutte » politique.

Selon l'ancienne présidente, sa destitution viserait aussi à stopper des opérations anti-corruption liées à un scandale qui ébranle des responsables politiques de tous bords : la compagnie pétrolière Petrobras et d'autres entreprises de BTP auraient financé des caisses noires de partis et candidats.

Un soupçon fondé sur des enregistrements où un ancien ministre du gouvernement intérimaire dit que la « solution pour arrêter le saignement » serait l'impeachment de Roussef, pour placer Michel Temer, actuel président, à la tête du pays.

Si le Parti des travailleurs (PT), de Dilma Rousseff et de Lula, a déjà annoncé vouloir faire appel de l'impeachment, le nouveau gouvernement de Michel Temer a lui déjà adopté un programme que l'ancienne présidente qualifie de « néolibéral, qui n'était pas prévu dans mon programme ».

100 000 personnes dans les rues

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Alors que Dilma Rousseff plonge sous les 10 pour cent de popularité, des manifestations géantes ont eu lieu ce dimanche contre sa destitution, partout dans le pays, finissant souvent par des affrontements avec les forces de l'ordre, qui n'ont pas hésité à charger les manifestants, utiliser des gaz lacrymogènes et des canons à eau.

Selon les organisateurs, entre 50 000 et 100 000 Brésiliens ont gagné les rues de São Paulo dimanche, quatre jours après la destitution de Mme Rousseff et l'investiture de son ancien vice-président, Michel Temer, chargé de finir son mandat jusqu'à 2018.

Le quotidien O Globo a indiqué que des affrontements ont débuté quand la gendarmerie a bloqué le trajet de la manifestation. Les autorités ont également accusé les marcheurs de détruire des tourniquets dans une station de métro.

Le président Michel Temer, investi mercredi dernier en tant que président officiel, a tenté de calmer les esprits, disant aux journalistes que les manifestants étaient des « casseurs » d'une minorité de « 40, 50, 100 personnes » et que « dans une population de 204 millions de Brésiliens, ils ne sont pas représentatifs ».

Il s'exprimait depuis la Chine, où le G20 se réunissait. Il s'agissait de son premier événement international majeur depuis le départ définitif de Rousseff.


Nathaniel Janowitz a participé à la rédaction de cet article, suivez le sur Twitter: @ngjanowitz