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Burkina Faso : Ce que l’on sait du Coup d’État

Des militaires ont déclaré à la télévision avoir dissous le gouvernement, alors qu’ils fermaient les frontières et décrétaient un couvre-feu dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Photo par Theo Renaut/AP

Des membres de l'armée du Burkina Faso ont annoncé aujourd'hui avoir démis de ses fonctions le président intérimaire Michel Kafando et avoir dissous le gouvernement de transition, s'emparant du pouvoir, moins d'un mois avant des élections qui devaient restaurer la démocratie dans ce pays d'Afrique de l'ouest.

Un premier bilan en fin d'après midi ce jeudi, établi dans un hôpital de Ouagadougou fait état d'un mort et soixante blessés.

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Les chefs du coup ont nommé Gilbert Diendéré, un général du régiment de sécurité présidentiel, ancien proche du président renversé Blaise Compaoré (renversé l'année dernière), pour diriger un conseil de transition, selon les annonces faites par des soldats dans une déclaration diffusée à la télévision d'État ce jeudi, qui a également annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes du pays et la mise en place d'un couvre-feu.

Le Burkina Faso a été plongé dans le chaos ce mercredi, lorsque le régiment de sécurité présidentiel (RSP) — un pilier du régime de l'ancien président Blaise Compaoré, qui a présidé le pays pendant 27 ans — a pris en otage Michel Kafando, le Premier ministre Isaac Zida, et deux ministres.

Le média d'information Jeune Afrique a pu joindre par téléphone en milieu de journée jeudi Gilbert Diendéré, tout juste nommé à la tête du conseil de transition mis en place par les putschistes. Il a déclaré que les hommes retenus par le régiment de sécurité présidentielle allaient "bien" et seraient "relâchés", sans préciser quand. Il a également déclaré vouloir organiser des élections. Enfin, il a assuré ne pas agir en fonction des intérêts de l'ancien parti de Blaise Compaoré (le Congrès pour le progrès et la démocratie, CDP).

À lire : Après la chute de Blaise Compaoré, le Burkina Faso menacé par une nouvelle crise politique

Des centaines de personnes sont sorties dans les rues de Ouagadougou tard ce mercredi pour protester contre la capture de Kafando et le Premier ministre.

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Jeudi, des soldats ont eu recours à des tirs d'avertissement pour disperser une foule d'une centaine de personnes regroupée sur la place de l'Indépendance afin de protester contre la garde présidentielle. Des tirs d'armes sporadiques ont continué à retentir dans d'autres parties de la capitale tôt ce jeudi matin.

Pendant ce temps, le chef du Parlement de transition du Burkina Faso, Moumina Cheriff Sy, a appelé les forces armées à intervenir et arrêter le putsch commis par « un petit groupe » de militaires. Rejetant le coup d'État, il s'est dit prêt à assumer la responsabilité de la gestion du pays, jusqu'à ce que le Président soit relâché.

Une garde présidentielle puissante

« La transition a été mise en place selon la volonté du peuple, qui a fixé sa durée et sa mission… Ce n'est pas un petit groupe qui va changer cela, » a déclaré Moumina Cheriff Sy à Reuters. « En l'absence du président Kafando, j'assume la responsabilité de cette transition. »

La puissante garde présidentielle qui mène le coup a été impliquée à maintes reprises dans la politique du pays, depuis que Compaoré a été renversé en octobre de l'année dernière par un soulèvement populaire.

« Les forces patriotiques et démocratiques, (…) réunies au sein du Conseil national pour la démocratie (CND), ont décidé de mettre un terme au régime déviant de la transition, » a déclaré un militaire sur la chaîne de télévision d'État RTB.

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« Le régime de transition s'est progressivement écarté des objectifs de refondation d'une démocratie, » a-t-il déclaré, en ajoutant que la révision de la Constitution qui a empêché les partisans de Compaoré de se présenter aux élections prévues le 11 octobre avait « créé des divisions et des frustrations parmi le peuple. »

Le président de la République française François Hollande a déclaré condamner ce coup d'État : "Je le condamne fermement, parce qu'un processus électoral était en cours," a-t-il déclaré dans une vidéo publiée par le site de la Présidence de la République en début d'après-midi.

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Regardez notre documentaire Révolution au Burkina Faso : La Chute de Compaoré: