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Canada

Vers un nouveau printemps érable ? Les étudiants québécois manifestent contre l’austérité

Jeudi, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Montréal, quelques jours après qu'une marche de protestation a tourné à l’affrontement entre certains étudiants et la police.
Capture d'écran via YouTube Impact Campus / reportage de Louis-Philippe Boulianne

Jeudi, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Montréal leur opposition aux mesures d'austérité que le gouvernement de la Belle Province veut mettre en place.

Le Québec, province francophone du Canada, connaît actuellement un mouvement social soutenu. Une série de grèves et de manifestations ont lieu depuis la fin du mois de mars, en opposition aux mesures d'austérité que le gouvernement de la Belle Province veut mettre en place.

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Ce jeudi, des milliers de manifestants ont protesté contre les mesures d'austérité du gouvernement québécois et son Premier ministre Philippe Couillard. Le chiffre exact est flou, les sources sont partagées, les médias locaux et les organisateurs s'accordent sur plusieurs dizaines de milliers de participants. Les manifestants ont par exemple transporté une tête représentant Couillard sur des planches, avec des cornes de diable sur la tête, et les oreilles bouchées par ce qui ressemble à des billets de banque géants.

Des manifestants transportent la 'tête' de Philippe Couillard sur des planches. — Dominic Brassard (@Brassardd)April 2, 2015

La manifestation s'est déroulée dans le calme et sans incident, à l'appel de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), un puissant syndicat étudiant. Après la manifestation, un noyau dur de protestataires a été dispersé par la police, qui menaçait de procéder à des arrestations. Loin du climat qui prévalait lors de la précédente manifestation. Le 26 mars, la marche de protestation a tourné à l'affrontement entre certains étudiants et la police. Une étudiante de 18 ans, Naomie Tremblay-Trudeau, a été blessée au visage après avoir reçu un tir tendu de gaz lacrymogène.

YouTube Impact Campus / reportage de Louis-Philippe Boulianne

Une enquête est cours pour juger du caractère excessif ou non de la méthode employée par le policier qui a effectué ce tir de cartouche de grenade lacrymogène à quelques centimètres de la tête de l'étudiante qui a été touchée à la mâchoire.

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L'étudiante blessée au visage traumatisée par le geste du policier, selon son avocat — Journal de Montréal (@JdeMontreal)31 Mars 2015

La semaine dernière, le gouvernement québécois présentait un budget qui limite fortement l'augmentation des dépenses dans les secteurs de l'éducation (0,2 pour cent) et de la santé (1,4 pour cent). Les critiques estiment que cela ne permettrait pas de couvrir la croissance des coûts dans ces domaines. Le 23 mars, 50 000 étudiants votaient pour une « grève sociale » jusqu'au 7 avril, et des centaines de personnes ont manifesté contre ces mesures d'austérité. Ils protestaient aussi notamment contre l'exploitation des hydrocarbures au Québec.

Le mouvement a depuis pris de l'ampleur. Il est surnommé « Printemps 2015 », en référence au « Printemps érable » de 2012, au cours duquel les étudiants s'opposaient à la forte hausse des frais de scolarité.

La manifestation de ce jeudi est la plus importante depuis le début du mouvement. Dans le même temps, 130 000 étudiants observaient la grève dans les universités. Des organisations syndicales ont rejoint les étudiants. La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) était présente dans le cortège. Le président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Jacques Létourneau, a, quant à lui, invité les 325 000 travailleurs syndiqués au CSN à rejoindre le mouvement. Les 1 200 professeurs de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), l'une des plus prestigieuses du pays, ont voté pour une grève de deux jours, faute d'accord sur une nouvelle convention collective.

Malgré sa montée en puissance, le mouvement du Printemps 2015 n'a pas atteint, pour le moment, l'ampleur du « Printemps érable », qui avait vu, en mars 2012, plus de 300 000 étudiants en grève et au moins 100 000 personnes dans les rues. L'avenir de l'actuel mouvement dépendra en partie du résultat des votes de reconduction des associations étudiantes, qui doivent intervenir la semaine prochaine.

Suivez Matthieu Jublin sur Twitter @MatthieuJublin

Capture d'écran via YouTube Impact Campus / reportage de Louis-Philippe Boulianne