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Crime

L’Arabie Saoudite demande à ses citoyens de ne pas lire les câbles diplomatiques révélés par WikiLeaks

La fuite de 60 000 câbles diplomatiques a déjà commencé à causer quelques maux de tête au gouvernement saoudien.
Photo par Yoan Valat/EPA

L'Arabie Saoudite a averti ses citoyens. Ils ne doivent pas lire le contenu des documents diplomatiques diffusés par WikiLeaks, vendredi dernier.

WikiLeaks a déjà mis en ligne environ 60 000 câbles diplomatiques saoudiens, et l'organisation a annoncé, dans un communiqué, qu'elle a pour projet d'en diffuser près de 500 000 autres.

« Les câbles [nom donné aux communications confidentielles entre différents bureaux diplomatiques] saoudiens donnent une vue de l'intérieur des affaires du Royaume, et permettent de comprendre comment le pays a forgé ses alliances et renforcé [s]a position de superpuissance de la région du Moyen-Orient, » indique le communiqué de WikiLeaks.

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Ce samedi, des officiels du ministère des Affaires étrangères saoudien ont annoncé sur Twitter qu'une enquête est en cours, concernant la diffusion desdits câbles. Le porte-parole du ministère, Oussama Nugali, a déclaré ce dimanche que les ressortissants saoudiens ne devaient pas « permettre aux ennemis de l'État de réaliser leur plan, en échangeant ou publiant un quelconque document, » selon le quotidien britannique The Guardian. Nugali a aussi déclaré que nombre de documents auraient été « de toute évidence fabriqués de toutes pièces. »

WikiLeaks indique qu'une partie des câbles diffusés sont des « communications par e-mail entre le ministre des Affaires étrangères [saoudien] et des autorités étrangères. » Cette fuite a déjà commencé à causer de sérieux maux de tête au gouvernement saoudien.

Selon le Guardian, un document diplomatique révélerait que des leaders saoudiens auraient envisagé de payer 10 milliards de dollars pour faire libérer de prison l'ex-président égyptien, Hosni Moubarak, chassé du pouvoir en 2011 pendant le Printemps arabe. D'autres câbles révèlent que les autorités surveillaient de près les activités iraniennes dans la région, selon l'Associated Press. L'objectif principal des Saoudiens aurait été de porter atteinte aux intérêts du gouvernement iranien. Dans un mémo publié par WikiLeaks, on apprendrait que les Saoudiens auraient pensé à utiliser les réseaux sociaux pour faire courir le bruit que « Le citoyen iranien est frustré et souhaite vivement un changement de régime. »

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D'autres mémos diplomatiques montrent comment des officiels du gouvernement saoudien souhaitaient contrôler la manière dont est perçu le régime saoudien. Dans un mémo, les Saoudiens émettraient la possibilité de soudoyer une compagnie de télécommunications arabe pour priver de diffusion une chaîne d'information iranienne, selon le New-York Times. D'autres documents laisseraient penser, que le ministère de la Culture saoudien aurait donné de grosses sommes d'argent à des médias arabophones installés en Australie, selon le Sydney Morning Herald.

Des officiels saoudiens semblaient aussi s'inquiéter de l'intérêt des États-Unis pour l'Iran. Un mémo de 2012 révélerait que l'Iran recevait des « messages de flirt de la part des Américains, » et que les États-Unis seraient prêts à accepter un programme nucléaire iranien pacifique. Un autre mémo, qui serait classé « top secret, » annoncerait que des avions de combat iraniens auraient bombardé les forces du Sud-Soudan, en 2012, au cours d'un affrontement pour une zone riche en pétrole.

Si on ne sait pas encore exactement comment les câbles ont été acquis, un groupe qui se fait appeler la Yemen Cyber Army, aurait pénétré les réseaux du gouvernement saoudien le mois dernier, selon le Guardian.

À lire : Emploi : l'Arabie Saoudite cherche 8 bourreaux

L'Associated Press a contribué à la rédaction de cet article.

Suivez Gillian Mohney sur Twitter @gillianmohney