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Crime

Dans les rues d'Istanbul, pendant la gay pride violemment réprimée

Des manifestants défilaient dans la bonne humeur avant que les festivités soient troublées par la police turque. La foule a été la cible de canons à eaux, de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes.
Photo par Emrah Gurel/AP

Des participants à la gay pride d'Istanbul ont été, ce dimanche, la cible de puissants canons à eau, de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes, alors que la police essayait de disperser la foule.

Les gens profitaient de la fête quand un camion de police équipé d'un canon à eau est arrivé et a commencé à viser le défilé. Une vidéo, postée en ligne, montre un manifestant, avec un drapeau arc-en-ciel en main, qui décolle littéralement du sol à cause de la pression de l'eau.

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— Funda Eryi?it (@fundaeryigit)June 28, 2015

« Dans chaque pays, la [gay pride] est une célébration et un rassemblement de gens venant de multiples horizons. Mais en Turquie, le gouvernement y est sensible et s'en prend aux manifestants, puis cela devient un événement politique, alors que ce n'est pas censé l'être, » explique Damla, 27 ans, à VICE News. « C'est comme si on était des moustiques. »

Le comité de la gay pride stambouliote (le Istanbul LGBTI Pride Week Committee), qui organise des activités pendant la « Pride Week, » explique dans un communiqué posté sur Facebook que l'événement planifié de longue date a été subitement « interdit » par le Bureau du Gouverneur d'Istanbul. La raison invoquée est que l'on est en plein mois saint du ramadan. Une parade de transsexuels a pourtant eu lieu la semaine passée dans les rues d'Istanbul, sans aucun incident.

Photo par John Beck

« On est arrivés sur la Place Taksim une demi-heure avant le début annoncé de la marche pour y trouver la police qui commençait à bloquer les rues qui permettaient d'accéder au défilé, » explique Ekim, 26 ans, à VICE News. « On pensait que ça allait être une marche « normale » et pacifique, mais la police nous a accueillis avec des lacrymo… Ils ont bloqué toutes les petites rues et allées qui mènent à la rue Istiklal, où le défilé devait avoir lieu. »

La première gay pride stambouliote a été organisée en 2003, avec seulement 30 personnes. Mais plus de 20 000 personnes étaient présentes en 2011, selon le journal turc, Hurriyet Daily News.

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Mis Sokak'a polis sald?r?s? — Funda Eryi?it (@fundaeryigit)June 28, 2015

Un cameraman de la Dogan News Agency a expliqué que la police semblait s'être organisée pour éviter que les manifestants atteignent la Place Taksim — un point de ralliement habituel pour des manifestations.

— Benjamin Harvey (@BenjaminHarvey)June 28, 2015

La parade était programmée juste 2 jours après que la Cour Suprême américaine a légalisé le mariage homosexuel dans tout le pays. Une photographie montre le consul américain du pays, le Général Charles Hunter, assister à la parade pour afficher son soutien à la communauté LGBT en Turquie.

Après avoir été bloqués par les canons à eau, les manifestants ont fait demi-tour et ont redescendu la rue pour s'éloigner de la police. De nombreux manifestants ont réussi à rejoindre le quartier de Cihangir, où ils se sont rassemblés dans une ambiance mi-fête, mi-répression. Les baffles crachaient de la dance, les gens faisaient la fête et sifflaient, alors que des effluves de gaz lacrymogènes de la police, qui chassait les manifestants des rues adjacentes, venaient parfois troubler les narines. D'autres se sont retrouvés à Tunel (une station de funiculaire), où la marche prend habituellement fin, mais ils ont aussi été dispersés par la police.

Plus tard, des policiers antiémeutes, accompagnés de véhicules équipés de canons à eau, ont chargé sans relâche des petits groupes de manifestants mécontents, dans la rue Istiklal — le défilé devait originellement passer dans cette artère centrale d'Istanbul. Les canons tiraient à haute pression de l'eau mélangée à du gaz poivré. Les manifestants, badauds et touristes qui passaient par là, se sont dispersés, essayant de se masquer le visage avec ce qu'ils avaient sous la main pour essayer de ne pas respirer le gaz.

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Toutes les photos ci-dessous sont de John Beck.

Photos par John Beck

Suivez Gillian Mohney et John Beck sur Twitter : @gillianmohney et @JM_Beck