Soho, Londres. Un endroit synonyme d’indulgence, de malice et de style. Un endroit où de l'argent a été gagné, perdu et dépensé. Où des corps ont été achetés, vendus et vénérés. Où des vies ont été construites et ruinées. Soho est le dernier village du centre de Londres, là où l’esprit de la ville s’entasse sur un kilomètre carré. Tout le monde – des rockeurs aux gangsters en passant par les skinheads, les romanciers, les poètes et les peintres – a fréquenté ce quartier à la recherche des mêmes choses : divertissement, conversation et oubli.
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Londres est en train de changer. Chaque endroit évolue, de même que les personnes qui le peuplent. J'ai toujours pensé que Soho n’avait rien à craindre, mais le quartier, si bien défini par ses frontières – Shaftesbury Avenue, Charing Cross Road, Oxford et Regent Street – n'est pas à l'abri du développement du Crossrail et de la demande d'hôtels de charme.Les camions, les échafaudages et les travaux routiers qui encombrent chaque coin de rue vont bientôt laisser derrière eux un endroit inconnu, remplaçant les édifices géorgiens par des façades en briques et en plastique bon marché. Le changement n’est pas seulement physique, mais aussi humain : s’en vont les résidents d'origine, les pubs locaux, les plaques d’immatriculation anciennes et les couvents ; arrivent la loi et les rues stériles.Soho est documenté à travers la photographie depuis des années, mais sur aucune photo il ne semble aussi différent qu’il va l’être à l’avenir. Je suis fasciné par le quartier depuis j’y ai décroché mon premier emploi à l’âge de 16 ans. Je balayais le sol chez un barbier sur Old Compton Street. Il me tenait à cœur d’enregistrer cette période du cycle de vie de Soho. L’hiver dernier, j’ai donc commencé à photographier les personnes qui rendent cet endroit intemporel.J’aime les gens qui racontent une histoire. Je passe du temps à les regarder, puis à les approcher pour bavarder en espérant qu’ils ne m’envoient pas me faire foutre, ce qui est souvent arrivé. Parfois, comme avec la charmante duchesse de Soho, Dorothea Phillips, nous organisons une journée de tournage où nous passons des heures à boire du gin tonic. Dans ces moments-là, je suis nostalgique d’une époque à laquelle je n’étais même pas encore né. C’est une joie de passer une journée entière à boire, socialiser et faire des portraits, au lieu d’être toujours dans l’instantané. Je photographie chaque personnage dans un lieu qui lui est cher, et j’espère que mes portraits contribueront à préserver une partie de l’ADN original du quartier.
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