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Music

Le Guide Noisey de Future, le compagnon de route de vos joies et de vos peines

Alors qu'est sorti récemment son dernier album « The WIZRD », on a fait le tri dans une discographie bien fournie.

Les choses ont bien changé depuis « Racks ».

Le featuring de Future sur le premier single de YC – qui est vraiment sa seule chanson remarquable –, un an après la sortie de son premier grand album, 1000, lui a permis d’être officiellement reconnu aux yeux du monde. Et d'exploser ses ventes. Après avoir appris à faire de la musique avec Rico Wade, son cousin du collectif Dungeon Family, vendu de la drogue pour joindre les deux bouts, s'être pris une balle dans la main, et avoir fait du rap avec le groupe Da Connect, celui qu'on a d'abord connu sous le nom de Meathead [crétin en VF] était non seulement prêt à se faire un nom dans un genre musical difficile et une ville hyper compétitive, mais aussi à conquérir le monde. Dans le but de dominer totalement ce dernier, il a créé son propre son et son style, entre rock intergalactique et street rap aux tendances emo, qui a changé la face du paysage musical et ouvert la voie à des noms tels que Young Thug, Rich Homie Quan, Desiigner, Gunna, Trippie Redd, entre autres héritiers et imitateurs.

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Future s’est fait un nom dans le circuit des mixtapes en dégainant des hymnes club, des morceaux qui parlent de ses démons intérieurs, et d'autres qui parlent un peu des deux. Après neuf ans de carrière, il est dorénavant l’un des artistes mainstream les plus vendeurs au monde, avec des tournées qui affichent toujours complètes, pas moins de cinq albums n°1, et de nombreux disques de platine. Néanmoins, le voyage n’a pas toujours été facile pour Nayvadius DeMun Wilburn de son vrai nom. Après sa période street albums / mixtapes, il s’est mis à tâter de la pop, présente de manière souterraine dans Pluto et Honest, ses premiers albums studio. Mais bien que ces derniers aient contribué à davantage le populariser, ils ne semblaient pas être à la hauteur de ce que ses fans attendaient.

Des titres comme « Turn on the lights » et « Trophy », bien que bons, tendaient un peu trop vers le mainstream. Durant cette nouvelle ère musicale, Future a franchement dévié de ce qui lui avait de lui une star, la faute notamment à des collaborations superflues. C’est une critique qui revient souvent à propos de nombreux titres de ces projets. Il est tombé amoureux de Ciara, avec qui il a eu un enfant, puis il a rompu. Leur relation a été l’élément déclencheur (à l’époque) du décevant Honest. Et, suite à leur rupture, leur situation est devenue matière à ragots pour les tabloïds, conférant à Future une image négative auprès d’une grande partie de son public. Au lieu de laisser ces échecs affecter sa carrière, Future a fait face à la situation en se lançant dans une course aux albums que peu, hormis Lil Wayne et Gucci Mane, peuvent égaler. Il a ainsi réalisé une trilogie d’albums irréprochables, qui explorent des motifs de douleur, de noirceur et de ténacité. Des titres auxquels on pouvait non seulement s’identifier, mais également s'enjailler - c'est très important.

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Aujourd'hui, Future fait à la fois figure d'ancien et d'avant-gardiste. Il n’en est peut-être pas l’inventeur, mais il a prolongé plus que tout autre cette tradition du morceau auto-tuné en mode auto-confession, au point que cette marque de fabrique fasse désormais partie intégrante du paysage rap. Ses antécédents, son aura tourmentée et sa manie de garder la majorité de sa vie privée sous scellés, sont dans l’ensemble responsables du statut de quasi-héros populaire dont il jouit. On l’a souvent appelé le « Beyoncé, mais pour les mecs ». À ceci près qu'il laisse transparaitre sa normalité, le fait d'avoir vécu la mort d’un proche, les chagrins d’amour, ou encore l’incapacité à se débarrasser de certaines tentations et démons.

C’est difficile de cerner un personnage qui a autant d’alter egos. Il y a Future Hendrix, la rock star, et Super Future, la bête de somme qui sort tube après tube, de manière presque irréelle. Il y a aussi Wizard, Fire Marshal et Caesar Lee. Cela peut s’avérer difficile de reconnaître lequel de ces derniers a composé tel titre, mais ils sont bien, sans équivoque, tous Future.

Future, roi du club

Dans le milieu du rap, il y a un dicton qui dit que les strip-teaseuses sont les meilleures découvreuses de talents. C’est particulièrement le cas à Atlanta, notamment à Magic City, comme expliqué dans ce reportage de GQ. Si vous voulez vous faire un nom, vous aurez absolument besoin de l’approbation des femmes qui sont les seules raisons pour lesquelles les gens vont en boîte. Et Future sait très bien comment l’obtenir.

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Vous avez très certainement entendu certains de ses plus gros morceaux. Pour n’en citer que quelques-uns : « Wala (Magic) » mentionne le légendaire club éponyme d’Atlanta, « Fuck Up Some Commas », « Mask Off », à savoir l’air de flûte favori de tout le monde. Mais encore plus loin dans son catalogue, il y a des titres plus tortueux qui seraient sûrement numéro 1 s’ils sortaient maintenant. « Gone to the Moon », de l’album Streetz Callin de 2011, est l’un de ces titres idéaux, dont on peut hurler les paroles pour retarder l’heure de fermeture du bar qu’on fréquente les samedis soir. « Jordan/Diddy » de l’album Astronaut Status de 2012, vous donnera l’impression d’être Michael Jordan dans n’importe quelle ville. L'attrait d'être fan de Future, c’est aussi pouvoir y retourner des années plus tard et se rendre compte que tel ou tel titre claque toujours autant.

Même si sa qualité de réalisation et d’écriture s’est améliorée depuis le début de sa carrière, Future parvient à rester fidèle à une certaine idée de la « party music ». Il vous donne toujours aussi envie de danser n'importe comment, de vous injecter un nombre questionnable de substances illicites dans le corps et de balancer vos billets de cinq balles en l'air en faisant semblant d'être un putain de gros thug.

Playlist : “Maison Margiela” / “Fly Shit Only” / “Mask Off” / “RITE” / “Karate Chop” / “Rockstar ft Nicki Minaj” / “All I Want Is Some Money” / “Racks” / “Tony Montana” / “Freak Hoe” / “Wala (Magic)” / “Coupe” / “How It Was” / “Real Sisters” / “Jordan/Diddy” / “Gone To The Moon”

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Future romantique

Personne n’ignore que la relation de Future et Ciara est à l’origine des morceaux roucoulants de Honest - Ciara fait même une apparition dans le clip du single éponyme. Bien que le fin mot de l’histoire, ici, soit que la rupture de ces deux-là a été le moteur de son come-back, cela montre aussi que sous cette apparence de mec-de-la-street de Future, il y a bien un petit cœur qui bat.

Cet homme que l’on aperçoit dans ces titres est, de bien des manières, en totale contradiction avec le personnage public de Future. Connu pour sauter d'une femme à l'autre comme un sagouin en rut, c’est plutôt surprenant de l’entendre dédier des titres entiers (comme « Use Me » et « Good Look ») à bobonne. Mais, en 2017, quand, juste avant les sorties de FUTURE et de HNDRXX, Zane Lowe lui demandait pourquoi il sortait deux albums radicalement différents – l’un étant un coup de maître de trap, et l’autre, une expérimentation R&B avant-gardiste – à la suite, Future a répondu : « Il y a des jours où on se sent totalement différent. »

Même si faire la fête toutes les nuits, se droguer et faire l’amour avec des inconnus reste objectivement « fun », tout ce que nous cherchons vraiment, en fin de compte, c’est peut-être un petit coin tranquille où roucouler au chaud. Et ça, Future l’a bien compris.

Playlist : “Good Morning” / “Turn On the Lights” / “Rider” / “Good Look” / “Rich Sex” / “Use Me” / “I Be U” / “Throw Away” / “Selfish ft Rihanna” / “I’ll Be Yours” / “Neva End” / “No Matter What” / “Lie to Me”/ “My Ho 2” / “Feeling I Get” / “Like Ohh”

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Future coach de vie

Il y a quelques années de cela, je n’arrivais pas vraiment à trouver de travail, et je bossais en tant que serveur dans un coffee-shop, le temps de trouver mieux. Être barista, ça signifie, dans la plupart des cas, gérer des personnes qui n’ont pas encore eu leur premier café de la journée, et je vous jure, c’est encore pire que ça en a l'air. Un jour particulièrement horrible, après avoir eu des ennuis parce que j’avais eu la malchance de tomber sur un client en colère car il trouvait que les bananes qu’on proposait n’étaient pas assez mûres, j’ai repris, à ma pause-clope, l'écoute de l’album F.B.G : The Movie, fruit de la collaboration Gangsta Grillz x Freebandz.

À mi-écoute de l’album, je suis tombé sur le morceau « Chosen One », de Future et Rocko, et quelque chose s'est passé. Je ne sais toujours pas exactement quoi, mais en tout cas, à ce moment-là, j’ai su qu’il fallait que je change quelque chose. Une fois à la maison, je me suis mis à remplir des formulaires de candidatures pour des écoles supérieures. Cet aspect motivant de type Bernard Tapie sur treadmill de la musique de Future explique en partie le fait que je sois aujourd’hui dans une bien meilleure situation. Je suis sérieux. Il suffit d’écouter « T-Shirt », « Colossal », ou « Wolf », qui parlent d’atteindre les sommets malgré les obstacles insurmontables qui attendent notre héros. C’est donc compréhensible qu’il soit parfaitement à l’aise avec ce genre de thèmes. L’homme a gravi les échelons du marché plus que saturé d’Atlanta alors que certaines de ses plus grandes stars, et même d’anciennes légendes, commençaient tout juste à intéresser un public mainstream.

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Convaincu que nombre de ses collègues tentaient de surfer sur sa vague sans pour autant lui reconnaitre de dette, Future n’a cessé d’évoluer et de faire de meilleurs albums, prouvant ainsi qu'utiliser sa formule, et le fait d’être Future, étaient bien deux choses différentes. Sa rivalité avec Drake, qui a commencé tôt, aurait pu lui fermer bien des portes, mais il a su tourner son potentiel ennemi juré en partenaire musical précieux. La bataille juridique avec Rocko, son ex-patron de label et mentor, aurait pu stopper net sa carrière, mais il n’en a pas été pas désarçonné pour autant. Et au lendemain de la bataille, il a sorti deux des meilleurs albums de 2017.

En 2014, alors qu’il était à l’étranger, son DJ de tournée, le producteur DJ Esco, a été arrêté et la police a même confisqué les disques durs sur lesquels était stockée la musique qu’il avait composée avec Future et sur laquelle ils travaillaient toujours. Au lieu d’abandonner ou de laisser la situation ruiner leur élan, ils ont créé 56 Nights, une mixtape qui parle de la détention de DJ Esco. Cet album demeure l’un des meilleurs projets de Future. Quels que soient les problèmes, Future les a franchis, comme pour nous montrer le chemin.

Et si ses titres plus entraînants empruntent plusieurs formes, l’unique chose qu'ils ont en commun, hormis leur BPM ou certains thèmes spécifiques, c’est l’idée que la défaite, c’est vraiment un truc de losers.

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Playlist : “No Compadre” / “Stick Talk” / “When I Think About It” / “Colossal” / “Jersey” / “Rent Money” / “Inside The Mattress” / “Championship Music” / “Lil Haiti Baby” / ”T-Shirt” / “Wolf” / “Chek” / “Break The Rules” / “Forever Eva” / “Chosen One” / “Blood, Sweat, Tears”

Future introspectif

C’est l’alter ego que la plupart de ses fans vont vous conseiller pour vous donner une idée de sa grandeur. Car ce sont bien les titres où il s’examine lui-même et lutte contre ses démons intérieurs qui rendent Future unique par rapport à la concurrence. C'est comme si c'était devenu une obsession : depuis que le type a sorti un album nommé Honest en 2014, il n’a cessé de produire des projets encore plus honnêtes.

Future n’est pas le premier à juxtaposer des vignettes de fêtes et d’addiction à des confidences crues et douloureuses, pour les coller ensuite sur une instru de trap. Des noms comme Z-Ro, Pimp et Boosie Badazz peuvent être considérés comme des précurseurs en la matière. La quantité de titres qu’il a faits dans ce style n’est pas ce qui sépare Future des autres, mais bien la façon dont il s’est constamment assuré que ces morceaux pouvaient être joués dans n’importe quel contexte, grâce à leur immense gamme de sons.

Et peu importe le nombre de fois où vous les avez écoutés, les titres de Future trouveront toujours, à chaque écoute, un moyen de vous faire ressentir des choses. À tel point qu'il n'est pas aberrant de penser que ces titres pleins de regrets et d’introspection ont créé leur propre sous-catégorie au sein de sa discographie.

Playlist : “Slave Master” / “Deeper Than The Ocean” / “News or Somethn” / “56 Nights” / “Hate The Real Me” / “Codeine Crazy” / “Red Light” / “Kno The Meaning” / “Perkys Calling” / Sorry” / “Feds Did A Sweep” / “Hardly” / “Purple Reign” / “If You Knew What It Took” / “4 My People” / “Might As Well”

L'album The Wizrd de Future est sorti le 18 janvier chez Epic / Freebandz.

Cet article a d'abord été publie sur Noisey US.

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