Drogue

La grande enquête de la drogue II : ce que les Belges ont pris en confinement

Dans l’ensemble, vous vous êtes un peu calmé·es.
Souria Cheurfi
Brussels, BE
Gen Ueda
Brussels, BE
Thibault Hollebecq
Paris, FR
confinement drogue consommation belgique

On se souvient plutôt du confinement comme une période où les fast lifes se sont suspendues pour se muer en deux mois de spectacle social, histoire de souffler un peu et regonfler les égos. Initiation au yoga, pain maison, lecture, jeux de société ; les gens ont pris « le temps de vivre ». Sauf que ça, ça ne vaut que pour une partie de la population. L’autre est restée coincée dans quelques mètres carrés ou a dû faire face aux dommages collatéraux ultra anxiogènes de la pandémie. Comment se sortir de ce merdier sans vie sociale ? Et quid des béquilles que sont les stupéfiants sur le chemin éreintant de la vie moderne ?

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Sciensano a sorti un rapport qui nous permet de nous faire une idée de la manière dont le confinement a modifié les habitudes de consommation et du commerce. L’enquête, qui a été menée en ligne entre avril et mai, était ouverte à toute personne majeure résidant en Belgique et ayant consommé de la drogue en 2020. L’échantillon représente donc les consommateur·ices uniquement et non l’ensemble de la population belge. L’âge moyen des participant·es est de 26,6 ans. Les trois quarts sont des hommes.

Vous avez sniffé moins de cocaïne 

Bravo.

La plupart des utilisateur·ices ayant consommé une substance spécifique entre le 1er janvier et le 13 mars ont continué à utiliser ce produit après le 13 mars. À l’exception de la cocaïne

La consommation de coke a donc baissé – environ un·e consommateur·ice de cocaïne sur deux en a consommé moins. Près de la moitié (46,6%) des consommateur·ices de cocaïne de l’échantillon ont indiqué avoir arrêté dans les deux semaines précédant l’enquête.

Mais ce n’est pas pour autant que tou·tes les consommateur·ices de coke ont profité du confinement pour donner une pause à leurs canaux nasaux, puisque 9,8% d’entre elleux ont signalé une augmentation de leur usage. 

Les occasions de prendre une latte serré·es à trois dans les toilettes sont devenues moins courantes, ce qui explique probablement la diminution de votre conso. Mais même si la coke est une drogue qui se consomme en club et en bar, les consommateur·ices les plus assidu·es ont certainement créé les occasions à domicile, et le fait d’être dans un appartement et de pouvoir se faire passer l’assiette aux yeux de tout·es a pu avoir l’effet inverse sur leur conso.

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Vous avez bouffé moins de pilules, de MDMA et d’amphètes

Encore bravo.

La consommation moyenne d'ecstasy et de MDMA aussi a significativement diminué après le 13 mars. Seuls environ 5% des consommateur·ices d'amphétamines et d'ecstasy ont signalé une augmentation de leur usage. Les personnes interrogées consommant de l'ecstasy ont signalé la plus forte réduction de la consommation après le 13 mars (poudre : 61,6%, pilules : 66,3%). Comme pour la coke, environ un·e consommateur·ice d'amphétamines (poudre : 45,2%, pilules 45,8%) sur deux en a consommé moins. 

Au niveau de la situation du marché des drogues et de l’offre avant et après la crise du coronavirus, on constate une nette diminution de la quantité moyenne de substances achetées sur le marché des drogues après le 13 mars, et cette baisse est plus prononcée pour l'ecstasy/MDMA et les amphétamines. 

C’est clair qu’une grosse montée d’ecsta est peut-être plus appréciable sur un dancefloor que dans un fauteuil.

Vous avez fumé plus d’herbe

Le cannabis, également appelé marijuana ou ganja par les jeunes ados adeptes de cigarettes de drogue – comme le disent les reportages télévisés –, est la seule drogue dont la consommation a augmenté durant le confinement. Mais la conso de shit étant restée stable, c’est surtout celle de l’herbe qui a augmenté. Faire tourner c’est bien, fumer solo c’est mieux.

Au niveau de la forme, 63% ont uniquement fumé de l’herbe tandis que 1,7% ont uniquement fumé de la résine. Plus d’un tiers (35,3%) des participant·es à l’enquête ont fumé différentes formes de cannabis.

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Parmi toutes les drogues qui figurent dans l’enquête, le cannabis est seul en tête au classement des drogues consommées tous les jours. Plus de la moitié des répondant·es ont affirmé en avoir fumé quotidiennement pendant le confinement. En comparaison, iels sont près de 80% dans la catégorie Ecstasy/MDMA à en avoir pris « moins d’une fois par semaine » ; et la colonne des « tous les jours » est tellement petite qu’on ne le voit pas.

Autre fait intéressant, mais qui ne sert pas à grand-chose : les mono-drogué·es, soit les personnes qui ne prennent qu’un seul type de drogue, sont les fumeur·ses de weed. Les autres ont tendance à combiner. 

Outre la conso en elle-même, le cannabis est la seule drogue dont le prix a augmenté après le 13 mars. Le prix moyen a légèrement été revu à la hausse, que ce soit pour l’herbe ou la résine. Loin devant les magasins en ligne, le darknet, les potes qui dépannent ou l’auto-cultivation, c’est toujours chez les dealers qu’on se rend.

Concernant le tabac, un sondage iVox rapporte qu’un·e fumeur·se sur cinq a essayé d’arrêter pendant le confinement ; tandis qu’un·e sur quatre a vu sa consommation augmenter.

Vous avez moins bu de manière générale, mais les consommations individuelles ont augmenté 

Conséquence directe de la fermeture des bars et des restaurants, la conso d’alcool a diminué. Pas de beaucoup, mais elle a diminué.

Mais à en croire les rayons vides de certains supermarchés, cela n’a toutefois pas asséché tous les gosiers. Plus d’un quart (28,6%) des répondant·es rapportent même avoir bu davantage après le 13 mars qu’avant. C’est plus que les gens qui ont augmenté leur conso de beuh ou de C. Quelque chose nous dit que c’est pas une super idée de fermer les bars à 23 heures… 

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