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Music

Range Tes Disques : L7

On a demandé à Donita Sparks de classer les disques de son groupe, de celui qu'elle trouve le moins bon, à celui qu'elle considère comme le meilleur.

Range Tes Disques est une rubrique dans laquelle nous demandons à un groupe ou un artiste de classer ses disques par ordre de préférence. Après Korn, Slipknot, Lagwagon, Hot Chip, Manic Street Preachers, Primus, Burning Heads, le label Fat Wreck Chords, New Order, Ride, Jean Michel Jarre, Blur, Mogwai, Ugly Kid Joe, Anthrax, Onyx, Christophe, Terror, Katerine, Redman, Les Thugs, Moby, Les $heriff et les Descendents, nous avons demandé à Donita Sparks de L7 de classer les disques de son groupe, de celui qu'elle trouve le moins bon, à celui qu'elle considère comme le meilleur.

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6. L7 (1988)

Noisey : Comment vous êtes-vous retrouvées sur Epitaph avec ce premier disque ?
Donita Sparks : Jennifer vient de Los Angeles et elle connaissait Brett [Gurewitz, chanteur de Bad Religion et boss d'Epitaph] depuis qu'elle avait 13 ou 14 ans. Il gérait Epitaph tout seul à l'époque et venait tout juste de démarrer, il avait dû sortir un disque de NOFX et un autre de Bad Religion. On a donc été une des tous premières sorties Epitaph. Il n'était pas encore le multi-millionnaire qu'on connaît aujourd'hui, il en bavait—il avait un studio dans une vieille maison à Hollywood.

C'est également lui qui a produit le disque il me semble ?
Oui, sous le nom de Starbolt.

Vous cherchiez encore vos marques sur cet album ?
Oui, je le considère comme notre « disque d'entraînement ». Je pense que je n'étais pas encore prête, en tant que compositrice. Musicalement, c'est dans la lignée de tout ce qu'on a fait par la suite—des morceaux lourds, des trucs plus rapides—mais au niveau des paroles, c'est beaucoup plus cliché. On ne parlait pas encore de nos expériences personnelles, on parlait de ce qu'on pensait qu'un groupe de rock devait parler. Pour beaucoup de groupes, le premier album est quelque chose de vraiment spécial. Je suis une grande fan des Ramones et j'adore tous leurs disques, mais le premier était tout simplement révolutionnaire. J'aurais aimé pouvoir dire ça du premier L7.

5. Hungry For Stink (1994)

En 1994, vous commenciez à avoir une certaine notoriété, vous passiez des concerts dans les petits clubs à des gros shows avec les Smashing Pumpkins ou sur des festivals comme Lollapalooza.
Hungry For Stink est sorti juste avant qu'on fasse Lollapalooza. Il y a des chansons sur ce disque que je trouve plutôt sombres. Je devenais un peu parano, je ne sortais plus beaucoup de chez moi. Los Angeles devenait une ville assez flippante et je crois que ça a déteint sur le disque. Mais en même temps, il y a aussi des trucs très fun dessus comme « Riding With A Movie Star ». C'est un disque un peu contradictoire, je trouve.

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« Andres » est une de mes chansons préférées de L7. Suzie a écrit le gros du morceau et a défini l'ambiance générale. Je trouve qu'il est hilarant et qu'il défonce. Le clip est génial aussi. C'est une histoire vraie, ce titre, et ça reste une véritable capsule temporelle pour moi.

Il y a toujours eu beaucoup d'humour dans votre musique.
Et il y en a toujours, bébé ! Certaines personnes nous voient comme un groupe très agressif, certaines personnes nous considèrent comme des clowns, et puis il y en a pour qui nous sommes un peu des deux. On est parfois très pince-sans-rire et d'autre fois, plus sérieuses.

4. Bricks Are Heavy (1992)

Pour beaucoup de gens, Bricks Are Heavy fait partie des classiques du grunge.
On était potes avec Nirvana et quand on a enregistré ce disque, eux étaient en train de cartonner avec leur premier album en major. On bossait avec le même producteur, Butch Vig. C'est le disque qui nous a permis de devenir plus connues—même si c'était sans comparaison aucune avec Nirvana. C'était une période très excitante. Beaucoup de groupes underground signaient sur de gros labels, il y avait pas mal d'argent à prendre.

C'est un album avec un côté très pop également.
J'ai toujours aimé la pop, j'ai toujours aimé les mélodies bubble gum. Je ne suis pas fan des truc lourds, je préfère les morceaux catchy, et Butch Vig nous a encouragé à aller dans ce sens. On était un groupe très dur, ok, mais il nous manquait des mélodies. Et au fur et à mesure qu'on a pris confiance en nous, en tant que compositrices et en tant que groupe, on a commencé à écrire des choses plus pop. On a gardé le son du groupe—la distortion, la lourdeur, tous ces trucs—mais on l'a mélangé avec des éléments plus pop.

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Tu n'en as pas marre qu'on te parle de « Pretend We're Dead » ?
Pendant des années, ce titre me gavait parce que c'était devenu un tube. C'est ridicule d'être embarrassé parce que ton morceau est un hit - au contraire, tu devrais en être fière - mais quand tu est punk, c'est le genre de trucs qui te saoule. Du coup on s'est mis à faire des trucs débiles sur scène pendant le break du morceau - genre un de nos roadies se pointait pour repasser des chemises, des trucs comme ça.

Aujourd'hui, c'est un titre que j'aime bien, et je le joue de façon ultra-directe et avec beaucoup de conviction - comme on le jouait avant qu'il ne devienne un hit. Je ne fais plus de blagues sur scène pour m'en moquer, je suis là pour les fans et je me dois donc d'être sincère avec eux.

3. Slap Happy (1999)

Ce disque, c'était une façon d'envoyer chier Slash Records parce qu'ils vous avaient virés ?
On s'est fait virer mais on était déterminées à continuer. Si Slap Happy était une façon d'envoyer chier quelqu'un, ce n'était pas Slash, mais tous les labels, parce qu'on existait de toute façon avant d'être signées où que ce soit. C'était un disque très fier et arrogant. On ne savait pas au moment de l'enregistrer que ce serait le dernier, cela dit. On a monté notre propre label pour l'occasion mais notre distributeur a fait faillite peu de temps après la sortie. Et c'est ce qui a tué le groupe, finalement. C'était le coup dur de trop. On s'est vraiment bien marrées à faire de disque mais on était vraiment remontées contre le système des majors, ce n'était pas une période facile.

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Avec le recul, est-ce que tu te dis parfois que vous avez fait des erreurs à ce niveau ?
Non. En signant sur Slash, on est devenues connues dans le monde entier. Si j'avais le choix, je referais la même chose, je n'avais aucune envie de rester underground, je voulais toucher le grand public. C'est ça, pour moi, qui était subversif : passer à la télé, sur MTV et les médias mainstream. C'est ça qui est génial avec le punk rock. Il y en a d'autres qui s'opposaient complètement à tout ça, qui voulaient à tout prix rester underground, mais pas moi. Je voulais rentrer chez les gens, dans leurs salons, dans leurs pavillons de banlieue

Et c'est ce que tu as fait. À tel point que maintenant, tu ne peu pas aller à une soirée 90's sans entendre « Pretend We're Dead ».
C'est cool. Dans les clubs punk, le morceau que tu entends le plus souvent c'est « Shitless ». Si tu vas dans une soirée punk à New York, tu es sûr de l'entendre à un moment ou un autre. Dans ce genre de soirées, on est devenu un marronnier, un peu comme les Stooges, ce qui est plutôt cool.

2. Smell The Magic (1990)

Celui-ci est sorti sur Sub Pop pile au moment où le label était en train d'exposer.
On les a rencontrés en 1989, ils sont venus nous voir en concert et nous ont demandé si on voulait participer à leur Single Club mensuel pour le mois de janvier 1990. C'est comme ça qu'on a sorti « Shove », qu'ils ont adoré. C'était la première fois qu'un de nos disques était correctement distribué. Notre premier disque avait été très mal distribué, mais celui-ci était distribué en Europe, ce qui nous a permis de tourner là-bas. Et suite à ça, ils nous ont demandé un EP.

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« Shove » est vraiment un de vos meilleurs morceaux. Vous le jouez toujours sur scène ?
Oui, c'est notre premier petit hit et on le joue toujours. Les paroles sont de Suzie et moi, ça parle de trucs qui nous sont vraiment arrivés. C'est le premier de nos morceaux qui a eu l'air de vraiment toucher les gens, parce qu'on écrivait justement sur la réalité, sur des choses qui nous étaient arrivé—mon proprio qui détestait mon chien, mon père qui était pérsuadé que je ne ferais rien de ma vie. C'est une chanson aux thématiques très adolescentes mais elle plaît aux adultes, parce qu'il y a pas mal d'humour. On voit toujours des gens au premier rang, âgés de 20 à 50 ans, en train de hurler les paroles.

Ce disque a changé pas mal de choses pour nous, il nous a fait connaître auprès d'un public plus large et beaucoup d'ailleurs ne savaient même pas si le groupe était composé d'hommes ou de femmes, ils aimaient la musique et c'est tout ce qui comptait. On ne vendait pas du sexe, juste de la musique. Ça aussi c'était nouveau dans la scène punk et les gens ont beaucoup apprécié, surtout les femmes.

1. The Beauty Process: Triple Platinum (1997)

Quelle était la signification de ce titre, The Beauty Process: Triple Platinum ?
Le « beauty process », c'était mon rituel avant de monter sur scène, où je mettais tout ce maquillage un peu effrayant. Et « Triple Platinum » [« Triple Platine »], c'était juste une blague - parce que malgré notre soi-disant succès, on n'avait pas même réussi à avoir un disque d'or. On trouvait ça drôle de l'appeller « Triple Platinum » et on se disait qu'après tout ça pourrait marcher—le pouvoir de suggestion, tout ça. Le disque a été très bien reçu dans la presse, les critiques étaient très bonnes, mais il ne s'est pas très bien vendu. À tel point que Slash a fini par nous virer. Ils n'ont même pas fait de clip pour cet album.

Et à l'époque, c'était hyper important…
Oui, et ça coutait très cher. Aujourd'hui, les gamins les font eux-mêmes. Mais à l'époque, à moins d'être étudiant en art et d'avoir accès à un banc de montage, tu dépendais de ton label pour ça. Et quand ils refusaient, c'était uen façon polie de te dire qu'ils n'allaient pas promouvoir ton disque.

C'est marrant que tu mettes ce disque en premier. J'aurais pensé que tu choisirais Bricks Are Heavy à cause de l'impact qu'il a eu.
C'est dur de choisir, mec, c'est tellement dur. Mais je pense que The Beauty Process est mon préféré, parce que Suzie a écrit des morceaux brillants sur ce disque. C'est un album sur lequel elle s'est vraiment dépassée en termes de songwriting. Elle en a écrit trois en tout, « Me, Myself & I », « Bitter Wine » et « Must Have More ». Les trois sont hyper tordus et ne sont jamais passés à la radio nulle part mais ils sont en mesure de rivaliser avec n'importe quel classique punk. Ce cont des morceaux vraiment cools, vraiment balèzes et je peux le dire objectivement parce que je nen ai pas composé la moindre partie. Mais pour revenir au classement, franchement, tu pourrais tout aussi bien zapper notre premier album, qui est clairement en-dessous du reste, et mettre tout le reste ex-aequo à la première place. Ça m'irait très bien comme ça. [Rires]