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En fin stratège expert en communication, le gouvernement a une nouvelle fois tout fait à l'envers. Il rentre dans la culture digitale avec une appli qui officialise, en 3.0, sa propre défaite. L'Euro commence aujourd'hui, le monde entier ne fait que parler d'attentats sur notre sol et de la façon dont on devrait réagir face à un éventuel massacre, et plutôt que de calmer le débat, on en rajoute une nouvelle couche dans la prévention, avec une appli objectivement inefficace.Car s'il y a danger, l'application affiche un mystérieux écran rouge sur le téléphone de l'utilisateur responsable en cas d'attaque à proximité. Puis un message non sonore apparaît : « Je m'informe » s'affiche sur l'écran et donne des « informations et des consignes précises concernant l'état de la situation en cours ». Il faut, cependant, garder l'application active en arrière-plan pour que l'alerte apparaisse. La dernière étape consiste à diffuser massivement l'information afin de rendre l'alerte visible et virale auprès de sa communauté internet.La fonction de cette appli est, en somme, comparable à celle de Mobkeeper ou d'un bon pote – le tout, supervisé par l'État. Je me souviens pendant les attentats du Bataclan, les premières news que j'ai reçues étaient celles d'une amie qui s'était retranchée dans un bar à République et qui avait balancé des messages à ses potes parisiens pour qu'ils fassent gaffe. Le battement avait été d'approximativement trois minutes – soit cinq fois plus rapide que la décision du préfet avec l'application – et les destinataires avaient, eux aussi, relayé l'info fissa.Aussi, plus je me pose la question et plus je me demande si l'application sur laquelle a bossé le ministère de l'Intérieur et le Service d'information du gouvernement (SIG) a pour but de rassurer la population en la prenant en charge après coup ou de la faire plonger dans un état de psychose encore plus profond. Parce qu'en gros, « Alertes Attentats », c'est l'État qui vous dit « quelque chose de terrible peut/va arriver, mais on est là pour vous tenir au courant de la marche à suivre, par texto. » L'idée de risque y est plus que jamais institutionnalisée.Enfin, dans les faits, qui va mater son téléphone ce soir devant France-Roumanie pour savoir où en sont les alertes lorsque chacun sera en train de boire une bière en matant le match sur un écran géant dans une fan zone ? C'est-à-dire : au milieu du possible « danger ». Pas grand monde. Moi je serai au bar avec un vieux téléphone à clapet dans la poche, pour encourager l'équipe de France. S'il y a un blème, je passerai un coup de fil.Retrouvez Félix sur son site internet 2.0Pendant les attentats du Bataclan, les premières news que j'ai reçues étaient celles d'une amie retranchée dans un bar. Ça avait pris trois minutes – cinq fois moins qu'avec l'application.