FYI.

This story is over 5 years old.

LE NUMÉRO BORÉAL

Des nouvelles d'un peu partout

Le pape s'inquiète de la « mexicanisation » de l'Argentine, tandis que John Legend appelle le peuple du Bahreïn à se battre pour ses droits.

JOHN LEGEND ADORE LES DROITS CIVIQUES ET L'ARGENT SALE DU BAHREÏN

Illustration : Ole Tillmann

Lors de la cérémonie des Oscars 2015, John Legend et Common ont reçu le prix de la meilleure chanson originale pour leur morceau « Glory ». Au moment de récupérer son trophée, Legend a prononcé un speech émouvant sur la lutte pour les droits civiques à travers le monde. Huit jours plus tard, il avait pourtant prévu de jouer dans un festival culturel organisé par le gouvernement du Bahreïn, pays connu pour ses violations récurrentes des droits de l'homme.

Publicité

Les médias occidentaux ont alors défini Legend comme hypocrite. Selon Amnesty International, trois jours avant la date prévue du concert, trois citoyens avaient été exécutés après avoir été accusés à tort d'avoir tué un officier de police. Mohammed Hassan, un blogueur qui a fui le Bahreïn après s'être fait torturer et emprisonner pour avoir critiqué le régime, a écrit une lettre ouverte destinée à Legend, l'adjurant de prendre fait et cause contre le gouvernement bahreïnien lors de l'événement.

Legend a conclu sa prestation en prononçant un speech sur les droits de l'homme, faisant ainsi couler les larmes de son assemblée, avant de chanter « Glory ». « Nous, en Amérique, continuerons à nous battre pour la justice, et nous espérons que le peuple du Bahreïn en fera de même », s'est-il exprimé.

« Je pense qu'il aurait pu faire davantage, mais au moins il n'a pas fait preuve d'hypocrisie », confie Hassan. Le militant espérait que Legend visiterait d'autres régions du Bahreïn, et notamment son île natale de Sitra, où les gens se font « chasser comme des rats » pour leur appartenance ethnique. « C'est une situation compliquée. Je ne pense pas qu'il ait pu se rendre où il voulait au Bahreïn, mais au moins il n'est pas resté silencieux », conclut le blogueur.

Angelina Fanous

LE PAPE FRANçOIS ET LA « MEXICANISATION » DE L'ARGENTINE

Photo de Andreas Solaro/AFP/Getty Images.

Imaginez qu'en France, la région Aquitaine devienne l'Alsace. Les moules envahiraient les forêts du Jura, la passion du rugby s'exporterait près des frontières allemandes et la population basque disparaîtrait sans laisser de traces.

Si imaginer de tels changements semble sans intérêt, le pape François a pourtant récemment fait une association semblable. Dans un e-mail privé publié sur internet à la fin février, l'homme s'est inquiété de la « mexicanisation » de son pays natal, l'Argentine, provoquant ainsi l'ire de la classe politique mexicaine. Certes, il ne faisait pas référence au remplacement du chimichurri par la salsa roja, mais plutôt à la montée de la violence et du trafic de drogue en Argentine, comme au Mexique. Si cette déclaration n'était pas censée fuiter sur le net, la polémique a été telle que même José Antonio Meade, le ministre des Affaires étrangères mexicain, a écrit une lettre officielle au Vatican dans laquelle il faisait part de sa « tristesse » et de sa « préoccupation ».

L'expression utilisée par le pape François était extraite d'un court mail envoyé le 21 février à l'un de ses amis de Buenos Aires, dirigeant d'une ONG dont le but est de combattre tous les principaux maux de l'humanité – et notamment l'esclavage moderne, la prostitution forcée ou le trafic de drogue. L'homme en question, candidat à la mairie de Buenos Aires, a, dans le but de montrer à ses sympathisants sa proximité avec El Papa, publié le fameux mail sur le site de son organisation. Deux jours plus tard, l'information paraissait dans les journaux, ce qui a conduit Meade et plusieurs autres responsables mexicains à réagir.

Le Vatican a vite tenté d'expliquer que le pape n'avait pas voulu froisser ses valeureuses ouailles mexicaines. Tel un habile communicant, il a peu après accordé une interview vidéo à la journaliste Valentina Alazraki de la chaîne Televisa. Lors de cet entretien, il a annoncé que, selon lui, comme pour ses prédécesseurs, son pontificat serait « bref, quatre ou cinq ans, peut-être deux ou trois ». Tandis que la nouvelle faisait la une de la plupart des journaux internationaux, son explication sur la récente polémique a été diffusée à une bien moindre échelle. Il a déclaré qu'il avait utilisé le terme « mexicanisation » de la même façon qu'on utilise le terme « balkanisation ». Malgré cette bonne intention, cela n'a fait que conforter les responsables mexicains dans leur peur de voir leur pays stigmatisé pour sa violence et ses fréquents bains de sang.

Ryan Max