FYI.

This story is over 5 years old.

LE NUMÉRO BRÉSILIEN

Reviews

Je n’ai pas pour habitude de citer in extenso, préférant amputer, disloquer et noyer discrètement des phrases méconnues de Julien Gracq ou Drieu la Rochelle dans mes chroniques...

CRYSTAL STILTS

MAJOR LAZER

MOSS

OXMO PUCCINO

Je sais bien qu’écouter du post-rap fait par des rasta démocrates une fois passée la barre des vingt ans vous marginalise de fait dans la case des gros nerds qui finiront par écouter de l’illbient (si ce n’est pas déjà le cas), mais lorsque vous allez au-delà de toutes ces considérations socioculturelles à la con, vous vous apercevez que cette bouillie d’idées bizarres mal digérées et de flows complexes recèle quelques pépites de hip-hop chétif qui ne plairont à personne mais qui sont autant de preuves que le rap indépendant californien intimiste n’est pas mort (alors que les bars branchés, si !).

Publicité

BASILE POLI

OXMO PUCCINO

L’arme de paix

Derrière les Planches/

Wagram

Après toute une carrière à s’être approché timidement du spoken word sans jamais vraiment se décider à franchir le pas, le rappeur français le plus respecté des lecteurs du magazine

Géo

 s’y met pour de bon. Écriture à multiples lectures, réflexions sur les revers de l’immigration et digressions sur le fait de péter, Oxmo mène tranquillement sa barque sur les grands fleuves transparents du rap adulte. Je suis le premier à dire que ce mec a fait plein de classiques inégalables (« Le Mensongeur » figure dans toutes les playlists du Rade), mais maintenant, il appartient à cette petite caste souriante des mecs qui nous scient les couilles.

DON DIEGO DE LA VEGAN

EMINEM

Relapse

Shady Records/

Aftermath/Interscope

Ça me ferait chier de devoir céder ma place sur les murs des chambres d’ados à des trous du cul comme les Jonas Brothers.

LARS VENTRU

Cam’ron est le Dieu de toute une génération de bloggeurs blancs qui ont sauté du rap du gouffre au rap jiggy en passant par la case Diplomats. Ce crew new-yorkais a redonné envie à des milliers de jeunes gens perdus dans les limbes épais de l’expérimentation d’écouter des trucs qui leur permettrait de renouer avec le « fun », donc avec les notions de « se la mettre » et « les gonzesses ». Rendons donc hommage à Killa Cam pour avoir redonné goût à la vie à tout un pan oublié de la jeunesse occidentale, et ce même si cet album n’est pas aussi parfait que les trois derniers – des monuments de flamboyance MTV défiant toutes les lois chiantes de la sobriété.

Publicité

JIMMY MORE HELL

MOS DEF

The Ecstatic

Downtown Recordings/

Fontana

Ce n’est pas grâce à une crédibilité artistique gagnée en jouant dans deux, trois films indépendants qui n’ont même pas plu au public français que l’on va oublier ce que fait vraiment Mos Def depuis dix ans : de l’indie-rap à chapeau.

DON DIEGO DE LA VEGAN

DJ PAUL

Scale-A-Ton

Hypnotized Minds/

Sony Urban Music

Le rap de film d’horreur est une spécialité locale de la ville de Memphis, au même titre que finir systématiquement dernier du classement NBA et être pauvre. C’est DJ Paul en personne qui est à l’origine de la création de ce style musical, le jour où il a eu l’idée géniale de mélanger cinéma de genre, PCP et gangsta rap en mettant au monde le groupe Three-Six Mafia. Depuis, il décline perpétuellement la même formule sur tous les projets auxquels il participe, prenant un malin plaisir à ne jamais se renouveler. Il attend probablement le jour où des tréfonds des ténèbres surgiront à la surface les flammes brûlantes de l’Enfer, réduisant à néant toute trace de civilisation humaine créée dans les valeurs insipides du Bien.

JIMMY MORE HELL

Déjà il faut savoir que DatA c’est notre pote, donc même si on avait trouvé son album naze on lui aurait mis une bonne note. Ensuite les trucs que je lis à propos de lui sur Internet me font vraiment déconner donc je vais écrire la chronique type qu’on trouve sur les blogs et rétablir la vérité par des incises : dAta (DatA), de son vrai nom David Guillon (ça c’est vrai mais il a beaucoup communiqué là-dessus afin que personne n’ait la curiosité de s’enquérir de son deuxième prénom) a connu sa première heure de gloire à l’occasion d’une double page dans

Publicité

Libération

consacrée au phénomène Myspace (cette double page était en fait écrite par mon frère). Pas le plus apprécié des DJ parisiens (c’est vrai que c’est un putain de hater, une fois je l’ai même entendu dire que les Bloody Beetroots c’était moins bien que les Daft Punk ! L’enculé !), ce féru de Giorgio Moroder (qui se fait plus discret lorsqu’il s’agit d’évoquer sa présence à un concert de Donkishot) et de bandes originales de films sort un premier album dont le clip de « One in a million » constitue un très bon aperçu (d’autant qu’on y retrouve un Charles Moreass plutôt à l’aise dans ses leggings) : c’est plein de disco, de sentiments, de solos de guitare, de gros refrains et de sincérité, et ça donne à penser que le meilleur moyen de faire de la bonne musique électronique c’est peut-être d’en avoir rien à foutre et de ne pas

en écouter.

FELIX ATARI

NAIVE NEW BEATERS

Wallace

Cinq Sept/Wagram

MAIS MEC ! Diplo et Switch font un album ensemble ? MAIS MEC, ça défonce ! Vous êtes pas prêts pour cette merde, cette pute est trop drogue ! L’artwork traîne sur le Net, il a l’air trop frais ! Le remix de Ghislain Poirier a déjà leaké ? Je crois l’avoir entendu à la soirée Bounce le gros. MAIS MEC ! Du reggae digital avec de la baile funk et des gros beats d’eurodance ? J’ai hâte de

get crunk

 sur ce putain d’

anthem

 de la génération kids à la prochaine « Alors les filles… on s’promène ? ». PS : Ça sera dispo sur Arcade Mode ?

Publicité

ANNIE HOWL

BLOC PARTY

Intimacy Remixed

EMI/Wichita

Bloc Party, même remixé par des noms plus ou moins prestigieux, même exposé au Louvre, même mis en scène par Chéreau ou filmé par Herzog, ça reste aussi excitant qu’une sextape de Björk ou un concert de Franz Ferdinand (ou l’inverse).

JULIEN CRACK

Il faudra m’expliquer ce groupe, je crois : musique tellement

sympa

 qu’elle est insupportable, chanteur qui rappe (très mal), pulls débiles… C’est quoi leur problème ? Ils sont tombés dans un chaudron de potion ironique quand ils étaient petits ?

ÉTIENNE ZAHO

La musique est plutôt cool et tout, c’est du hardcore tout ce qu’il y a de plus

ballsy

 avec une touche d’expérimental version

postgraduate

 mais y’a un truc que je pige pas. Qu’est-ce que c’est que cette ambition affichée de réconcilier le hardcore et le graphisme dans une sorte de projet infernal intitulé « graphicdesigncore » avec une équipe de typographes de haut vol ? Je veux dire, ça consiste en quoi concrètement ? Venir jouer des cover des Misfits à l’anniv’ des 30 ans de l’Helvetica ? Faire des pochoirs anarchistes hyper soignés avec un lettrage trop propre ? C’est comme si le reggae s’intéressait à la littérature, le folk aux technologies de la communication et la nouvelle chanson française à autre chose qu’elle-même.

ANNIE HOWL

ANTI-FLAG

The People or the Gun

Sideonedummy/Differ-Ant

L’analyse comparée de cette chronique et de celle de Passion Pit doit faire subitement émerger un postulat fondateur de la musique qui veut que celle-ci soit définie selon sa capacité d’affect. Ainsi, tandis que le Marco Polio qui se dandine sur Passion Pit versifie une chronique bucolique hyper sucrée visiblement inspirée de son amoureuse de la bibliothèque, le Marco Polio qui écoute du punk contestataire antifaf très fort au casque a soudainement envie de foutre le zbeul au prochain G7 de Davos en se couvrant le corps de stickers du Black Bloc avant de se latter la gueule au un contre un contre les forces de l’ordre pourrissantes de l’Empire réactionnaire.

MARCO POLIO