On a demandé à nos contributeurs mecs de nous raconter leur pire rupture amoureuse

FYI.

This story is over 5 years old.

Stuff

On a demandé à nos contributeurs mecs de nous raconter leur pire rupture amoureuse

Comment se remettre d'une relation lorsqu'on est jeune, pauvre, con et homme.

Plus tôt cette année une étude menée par des chercheurs de l'Université d'État de New York a montré que même si ce sont les femmes qui « souffraient le plus » après la fin d'une relation amoureuse, ce sont les hommes qui avaient le plus de mal à se remettre de ladite séparation sur le long terme.

Le coupable ? Il s'agirait sans doute de notre bonne vieille Dame Nature. Les femmes, nous disent les chercheurs de Binghamton, s'exposent à plus de risques en sortant avec un tocard – « une brève rencontre romantique peut aboutir à une grossesse de neuf mois », comme l'assistant de recherche Craig Morris le dit, à titre d'exemple – et sont donc plus à même de reconnaître qu'une personne ne leur convient pas et de passer à autre chose.

Publicité

Les hommes, en revanche, souffrent plus longtemps. Le choc produit par la rupture fait progressivement effet sur leur petit cerveau, avant qu'ils ne finissent par comprendre ce qui vient de leur arriver. Ensuite, ils « entrent à nouveau en lice » dans la compétition intermasculine à l'issue de laquelle ils trouveront leur nouvelle petite amie ; puisque les hommes sont par nature plus compétitifs que les femmes, nous dit toujours la science, voir « une bonne prise » leur glisser entre les doigts leur fera toujours un peu plus mal que s'ils avaient un vagin.

Évidemment, nous n'étions pas exactement certains de la véracité de cette théorie. C'est pourquoi, afin de savoir si tous les mecs étaient nuls en situation de post-rupture amoureuse, on a demandé à nos contributeurs masculins de plonger dans leurs souvenirs et de partager avec nous – et Internet – tout ce dont ils se souvenaient à propos de leur séparation la plus brutale.

DAVID WHELAN

Ma relation était géniale. Vous savez, du genre calme, douce. De longues vacances d'été sur la plage, avec une réserve inépuisable de livres, d'alcool et de sexe. Puis, un jour, ça s'est terminé. Et là, j'ai dû me rendre à l'évidence que j'étais un mec moyen, de retour dans un océan de mecs moyens ; un petit bide, une barbe quasi inexistante, José González en shuffle… Je portais des espadrilles quasiment tout le temps ; il est possible que j'aie – à un moment donné – connu toutes les paroles d'un album de John Mayer.

La rupture en soi s'est faite proprement. Il n'y a pas eu de larmes (sauf pour moi, dans mon lit, seul) ni de dispute. Ça s'est terminé très simplement, tout simplement. Générique de fin. Je me suis réveillé le lendemain matin dans une version cheap de ma vie, où certaines personnes, comme mon ex, avaient dû être virées après une restriction budgétaire.

Publicité

En attendant : je suis allé au bar. J'ai joué à Football Manager. Bref, j'ai déjà écrit là-dessus ici.

Bien sûr, je suis allé sur Tinder : au réveil, avant d'aller me coucher, en étant sobre mais aussi – inexorablement, fatalement – en étant bourré. C'est une habitude à ne pas prendre. (J'ai aussi essayé Happn, mais j'ai trouvé ça bizarre de croiser la même femme huit fois en une journée sans l'avoir vue une seule fois. Me traquait-elle ? Ou peut-être était-ce moi qui la traquais ?) Aujourd'hui, j'ai plus de matchs sur Tinder que d'amis sur Facebook ; c'est un bon moyen pour être ultra-conscient de sa solitude.

Quand les vers copulent, ils se mettent en ligne comme deux saucisses attachées et se giclent l'un dans l'autre. Les relations amoureuses sont un peu comme ça : avant que des célibataires se rencontrent pour former un double lombric, ils sont deux petits vers, aveugles et minuscules, se tortillant sans avoir la moindre idée que leur potentielle seconde moitié remue dans un pot de fleurs non loin d'eux.

Une séparation, c'est simplement un retour à cet état de fait. Pleurer ne vous apportera rien. Une fois remis du choc émotionnel créé par la coupure de votre gros corps de ver en deux, vous retournez traîner dans la boue. Parce que vous savez – mais jamais quand – vous trouverez un autre ver avec lequel vous tortiller.

Illustration : Dan Evans.

CHRIS MANDLE

Ma première relation avec un mec fut, je dirais,intense, physique – et clandestine. J'avais 18 ans, j'étais à la fac et mes rencontres avec ce beau rugbyman avaient une allure de jeu d'espionnage sexuel – il fallait s'assurer qu'on ne nous chope pas, qu'on ait à chaque fois des alibis et qu'on ne porte jamais les fringues de l'autre.

On était tous les deux en plein questionnement au niveau de notre sexualité. On avait l'impression qu'on pouvait conquérir le monde tout en ayant créé le nôtre au pieu. En un rien de temps, je le comprenais – pas via ce qu'il disait, mais plutôt par ce qu'il ne disait pas.

Publicité

Le temps qu'on passait ensemble nous donnait l'impression de traverser un champ de mines : c'était euphorique, mais étrange. Toutes les émotions, de la joie jusqu'à la honte, étaient décuplées par les conséquences potentielles de notre liaison ; tout était dangereux.

La relation a duré jusqu'à ce que nous soyons diplômés. Mais à ce moment-là, notre joyeux quotidien avait fini par devenir stérile. J'avais fait mon coming out, pas lui. Il semblait satisfait que les gens se disent qu'il était hétéro. Pendant l'été 2010, il utilisait cette illusion comme un bouclier pour se protéger des autres. Je réalisais qu'il ne changerait pas, même pas pour moi.

Notre rupture a été douce et pragmatique, je dirais même facile. C'est après que c'est devenu difficile. J'ai déménagé à Londres et lui a accepté un boulot qui le condamnait à changer de pays tous les deux ans. Petit à petit, je me suis accroché à l'idée qu'il finirait par revenir vers moi par peur de s'attacher à un autre mec. Je me disais qu'il fallait être patient. Je pensais qu'on pourrait retourner à nos vieilles habitudes : fumer et regarder du haut de notre fenêtre le royaume sur lequel nous régnions tout en étant fiers de ce que l'on était.

Ce moment n'a jamais eu lieu. Une nuit, sur Skype et après une période où nous ne nous étions quasiment pas parlé, il m'a avoué, comme s'il s'agissait d'un détail, qu'il voyait une fille. J'ai senti mon visage se figer, ma poitrine se serrer. Je ne comprenais pas.

Publicité

Ce n'était qu'une « fille qu'il voyait comme ça », m'a-t-il dit. Un an plus tard, il a démenti, mais a avoué que ce n'était « rien de sérieux ». Un an après ça, il a démenti, mais m'a dit que ce n'était « pas comme s'ils allaient se marier ».

Puis un jour, une enveloppe dorée est arrivée sur mon palier.

J'ai longtemps attendu qu'il la quitte – ou qu'elle le fasse. Durant mes heures de solitude les plus extrêmes, j'ai arrêté d'essayer de le comprendre ; gay ou hétéro, je me disais qu'il ne faisait plus partie de mon monde depuis bien longtemps.

C'était il y a cinq ans. Quand il est retourné dans le placard, je me suis senti de nouveau seul. Je sentais que cet ami avec lequel j'avais parcouru un chemin si ardu était toujours dans mes pensées. Ça m'a pris des années pour l'oublier, mais ce faire-part de mariage, c'est ce qui m'a permis de définitivement tourner la page.

J'imagine, et c'est entièrement vrai dans mon cas, qu'il faut du temps avant de pouvoir oublier un ex. La douleur – du rejet comme de la solitude – vient vous frapper par vagues successives et dans ces moments, mieux vaut pouvoir s'accrocher au souvenir de cette relation. C'est d'abord un mécanisme qui permet de gérer ses émotions, puis après – quand ils achètent une maison et apprécient sans doute la compagnie des vagins – il est plutôt réconfortant de se dire que pendant un temps, aussi bref soit-il, quelqu'un qui ressemblait à un prince charmant avait autant envie de moi que moi de lui.

Publicité

JAMES NOLAN

J'ai 28 ans, mais je n'ai connu qu'une seule rupture après une relation amoureuse de six ans. Toutes les autres semblent ridicules en comparaison. Il y a eu des larmes, des textos imbibés d'alcool envoyés dans les semaines et mois qui ont suivi. Quand quelqu'un disparaît de votre vie après une si longue période, vous êtes enclins à voir cette séparation comme unique ; comme l'une de celles qui, dans l'histoire de l'humanité, ont mené à l'écriture des meilleurs (comme des pires) poèmes, chansons et romans.

J'ai rencontré mon ex quand j'avais 21 ans. Comme beaucoup de mecs de cet âge, j'étais stupide – égocentrique, asocial et peureux. Je m'étais fait une idée de ce qu'étaient les relations amoureuses à travers des films comme Sideways, où des hommes comme celui que j'étais en train de devenir étaient « sauvés » par des femmes presque aussi malignes qu'elles étaient désirables. Jamais il ne m'est venu à l'esprit l'idée que j'aurais autre chose à faire dans une relation (et plus généralement, dans la vie) que d'exister, moi et ma médiocre aspiration à la grandeur. C'était tout ce qu'il me fallait pour construire une relation saine et stable, je me disais.

Que ma relation dure si longtemps – et soit relativement stable – est symptomatique du masochisme de mon ex. Inutile de faire semblant : je n'y étais pas pour rien. En novembre 2014, lorsqu'elle est rentrée du travail un soir en m'avouant « en avoir assez », je n'ai rien pu faire d'autre que d'aller dans son sens. Nous nous connaissions tous deux trop bien pour pouvoir prétendre que tout était OK ; après six ans en couple, vous savez à quoi vous attendre.

Publicité

Les neuf mois qui ont suivi ont été les plus difficiles de mon existence. Les morts et la famille, je les avais gérés plus facilement. Car, de fait, ce n'est pas quelque chose de facile à avouer ou de positif – essayez de draguer des femmes avec ça, vous verrez ! De même, les gens en général ne veulent pas savoir à quel point vous allez mal ; ils veulent vous réconforter et « passer à autre chose », ce qui est bienveillant de leur part. En revanche, si ces derniers mois m'ont appris quoi que ce soit, c'est que pour oublier quelqu'un, il faut accepter la douleur.

Pendant un moment, j'ai vécu dans le déni. Je me répétais la même phrase, grotesque : « Cette femme ne me manque pas du tout. » Ça n'a pas empêché la douleur de devenir écrasante ; elle l'était tant que pour continuer à la nier, j'aurais dû faire quelque chose de plus radical que ce que j'ai fait – admettre que j'avais tout bousillé, que tout était de la merde, mais que si je prenais l'entière responsabilité et me décidais à changer, je pourrais rencontrer quelqu'un à nouveau et ne pas foutre en l'air le reste de ce qui me restait de vie.

Ai-je réussi à passer à autre chose ? Pas du tout. Mais je me dis qu'il y a quelque chose de positif à trouver dans le fait que cette rupture puisse durer, possiblement, plus longtemps. Comme je l'apprends en ce moment, la douleur d'une séparation vous pousse vers l'avant ; elle vous rend meilleur. Peut-être qu'à la fin – lorsque toutes les larmes auront été versées et tous les SMS bourrés envoyés – je lui serai même reconnaissant.

JOE STONE

D'après l'étude dont on parle dans l'intro, les hommes seraient plus enclins à souffrir des effets négatifs d'une rupture amoureuse à cause de leur prédisposition biologique à rivaliser pour trouver leur conjointe. Prenez en compte le fait que – pour un homosexuel – vous n'êtes pas seulement en compétition. Vous êtes aussi en compétition avec vos partenaires potentiels. De fait, si ma première séparation fut un merdier sans nom, c'est peut-être normal. En 2009, de retour dans le dating game après une rupture avec mon ex, j'ai fait ce qui me semblait être la chose la plus normale au monde – j'ai méthodiquement pris soin de coucher avec tous les mecs qu'il trouvait sexy. Puis, je lui ai dit soi-disant « pour qu'il ne l'apprenne pas de quelqu'un d'autre ». Si vous pensez que cela fait de moi un taré fini [ je n'en suis pas un – je crois ], lui n'était pas mieux. Je me souviens d'une fois où il a ramené un mec dans l'appartement que je partageais avec un ami en commun parce qu'il habitait prétendument « trop loin pour rentrer chez lui ».

Comme il vivait dans le même quartier et fréquentant les mêmes endroits que moi, nous tombions souvent l'un sur l'autre, par hasard. Cette rencontre fortuite se terminait soit par une bagarre, soit par une baise – souvent les deux. Bien entendu, lorsqu'il dormait chez moi pendant cette période, j'attendais qu'il s'endorme pour checker son téléphone et voir à qui il envoyait des messages. Avec le recul, je trouve ça surprenant que nous ne nous soyons pas entre-tués. Les menaces étaient pourtant réelles.

Ai-je réussi à oublier mon ex ? Oui, même si ça a pris du temps. Nous sommes restés ensemble un peu plus d'un an seulement, mais notre relation est allée en empirant d'une façon tellement morbide que j'ai retardé l'officialisation de la rupture et de ma nouvelle relation (avec mon copain actuel) pendant à peu près deux ans. Rétrospectivement, je pense que la séparation était le symptôme des problèmes de notre relation – rancune, manque de confiance, égocentrisme – qui sont apparus quand nous nous sommes dit qu'il était temps de mettre fin à notre histoire. J'espère que la maturité signifie que jamais je ne me retrouverai dans cette position. En aucun cas je ne me comporterai s de la même façon si je pouvais revenir en arrière. Je pense que lui non plus. Aujourd'hui, une demi-douzaine d'années ont passé et nous sommes amis. C'est sûrement dû au fait que nous vivions tous deux dans une relation saine – et qu'il ne s'est jamais rendu compte que j'avais couché avec son père (peut-être).

Suivez David, Chris, James et Joe sur Twitter.