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LE NUMÉRO MODE 2013

Clodos américaines volantes

Je glandais dans un lounge business class à l’aéroport JFK, à New York, en attendant mon vol, lorsque j’ai vu deux femmes débarquer. Une Américaine et une Italienne.

Illustration : Michael Schaeffer

Je glandais dans un lounge business class à l’aéroport JFK, à New York, en attendant mon vol, lorsque j’ai vu deux femmes débarquer. Une Américaine et une Italienne. Essayez de deviner qui est qui :

L’une d’elles était grande et fine, avec un jean slim, une doudoune bien coupée, des Wayfarer et des bottes à talons. Elle avait l’air détendue, chic et pleine de blé, comme si elle s’apprêtait à faire une visite chez son chirurgien esthétique.

L’autre portait des Uggs et un pantalon de jogging gris avec le mot PINK écrit sur les fesses. Un sweatshirt turquoise complétait l’ensemble, surmonté d’un chignon lâche qui ressemblait plus à un tas de fiente qu’à une vraie coiffure. En d’autres termes : l’Américaine. Une révélation pour toi, l’Amérique : les autres nationalités se foutent de ta gueule pour l’incapacité de tes ressortissants à s’habiller comme des adultes quand ils prennent l’avion. Ça n’est pas un secret : vous ne ressemblez à rien.

« Toutes les femmes américaines que j’ai vues dans des avions avaient l’air de grosses pouilleuses, m’a assuré Naoise, une Irlandaise bien sapée. Caleçon long, sweatshirt informe, mocassins Minnetonka. C’est un truc qui nous fait marrer avec mes copines. Les Américaines en avion s’habillent comme si elles étaient en arrêt maladie longue durée. »

À l’époque où les voyages aériens étaient encore nouveaux, voler dans le ciel était une occasion spéciale, et les gens faisaient des efforts vestimentaires. Aujourd’hui, voler, pour beaucoup de gens, c’est simplement le moyen de transport le moins incommode. Les mesures de sécurité dans les aéroports n’aident pas beaucoup, il faut dire, en nous forçant à ôter pompes et accessoires et en nous faisant passer à travers des détecteurs à métaux. Ça donne envie aux gens de s’habiller « confort », ce qui ne fait qu’empirer le problème.

À un moment de leur histoire, les Américains ont décidé qu’ils préféraient l’aise au glamour. « Je pense que beaucoup de gens considèrent les voyages en avion comme une occasion de se laisser aller, même si leur vol ne dure qu’une heure ou deux », a commenté Amira, une jeune femme qui a passé pas mal de temps entre le Moyen-Orient et le Midwest, confirmant le stéréotype voulant que les Américains volants soient de vrais bébés avec un coussin attaché au cou, en Crocs et bermuda, parfaitement insouciants de ce que le reste du monde pense de leur apparence. Ça ne m’étonne pas que tout le monde déteste les États-Unis. S’ils veulent continuer à balancer des bombes un peu partout, le moins qu’ils puissent faire, c’est de ne pas se balader en pyjama à l’international.