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Music

« Gypsy Woman » raconté par Crystal Waters

« La da dee la dee da. La da dee la dee da. »

Sorti en 1991, « Gypsy Woman (She's Homeless) » est un classique intemporel de house flirtant avec les charts. Tout le monde se souvient de ce fameux « La da dee, la dee da » sans jamais parvenir à vraiment le détester. 25 ans après, et avant qu'elle ne remonte sur scène, nous avons demandé à Crystal Waters en personne de nous raconter comment était né ce tube qui fait encore frissoner n'importe quel mélomane né avant la chute du Bloc Soviétique.

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J'ai découvert les clubs très jeune. Ma famille baignait dans la musique. Ma grande tante, Ethel Waters, était une actrice et chanteuse très célèbre dans les années 40, et mon père a été musicien de jazz durant toute sa vie. Mon oncle était saxophoniste lead dans le groupe de studio MSFB, pour ceux qui s'en souviennent. J'ai grandi autour de tout ça, il y avait des répétitions dans ma maison, chaque été je partais en tournée avec mon père, donc le lifestyle de musicien faisait déjà partie de ma vie.

20 ans plus tard, je me retrouvai à bosser pour la Maison Blanche, dans la section informatique, j'émettais des mandats d'arrêt… Je me suis dit : « Non, ça ne va pas le faire. » Par chance, j'avais un collègue dont le cousin gérait un studio d'enregistrement et j'ai découvert qu'ils cherchaient des choristes, donc j'y suis allé et j'ai eu le job. Une truc s'est mis en marche ce jour-là. J'ai eu le déclic. J'ai réalisé que si je voulais vraiment faire ce job, il fallait que j'écrive mes propres trucs. J'ai donc mis une annonce dans le journal local en disant que je cherchais un claviériste. Un type m'a répondu et on a commencé à écrire des morceaux ensemble. Puis je suis allée à une conférence à Washington DC où j'ai rencontré les Basement Boys. À cette période, je voulais être la nouvelle Sade, j'avais la queue de cheval et tout, donc j'étais sur des choses plus jazzy, tandis que les Basement Boys faisaient de la house. Ils m'ont envoyé une tonne de trucs et m'ont dit qu'ils voulaient que je continue à composer dans mon style. Les deux premières chansons que j'ai écrites pour eux étaient « Makin' Happy » et « Gypsy Woman ».

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La house à l'époque était très populaire à New York et dans le New Jersey, mais elle était un peu plus confidentielle à Baltimore ou ici, à Washington DC, même si on n'était seulement à quelques dizaines de kilomètres, au sein de cette grande famille East Coast. Je me souviens que je sortais souvent en clubs au moment de la transition vers la house, tu l'entendais aussi la nuit à la raido, et tu te disais « c'est quoi ce même beat qui martèle sans arrêt ? » Avant, la house était déjà parmi nous, mais on l'entendait essentiellement dans les clubs noirs. En tous cas, moi je me faufilais dans tous ces clubs ! Certains nous huaient et disaient qu'on ne faisait pas de la vraie musique. Ça a été un vrai combat pour la sortir de là.

Quand les Basement Boys et moi avons sorti le morceau, on ne l'envisageait pas comme un titre house. On l'a juste labellisé dance music, l'étiquette qu'on collait à tout ce qui comprenait une 808. Le morceau était en quelque sorte déjà fait quand j'ai écrit les paroles. Je connais des gens qui préfèrent faire l'inverse, mais moi, j'ai toujours préféré écrire avec une base.

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Concernant la chanson, les lyrics faisaient directement écho à ce que je vivais. Ça parle d'une femme qui était assise devant l'hôtel Mayflower de Washington, DC, sur la Connecticut Avenue. Ma soeur bossait dans cet hôtel et je passais devant cette femme qui faisait la manche chaque semaine, et tout semblait aller bien pour elle. Elle n'avait même pas l'air d'être sans-abri. Elle avait toujours plein de maquillage, des vêtements noirs, et elle chantait du gospel . Je me disais souvent, « mais hey, pourquoi tu ne vas pas chercher un boulot au lieu de me demander de l'argent ? »

Ensuite, je suis tombé sur un artilce sur elle dans le journal. Il disait que cette femme venait juste de perdre son job dans la vente et elle racontait qu'elle demandait de l'argent aux gens pour continuer à rester présentable, et retrouver une situation. Et ça a changé mon point de vue sur les sans-abri. J'ai réalisé que ça pouvait arriver à n'importe qui. Les paroles me sont venues comme ça, comme si c'était elle qui les chantait.

Je n'aurais jamais imaginé que cette chanson allait avoir un tel l'impact. Je me disais juste que ça allait être un morceau qui passerait à Washington, à Baltimore, peut-être une fois à New York si j'avais de la chance. J'ai même gardé mon boulot durant deux ans après la sortie. Je me souviens, j'étais sur le plateau de Top of the Pops en pensant « bon, peut-être que je peux bosser à mi-temps maintenant… » Il m'a fallu un moment pour réaliser à quel point ce morceau était un tube, et l'est encore. Je n'aurais jamais pu le prévoir. Je suis juste contente de l'avoir écrit. Il est arrivé pile au moment de ma vie où je me posais des questions, « est-ce que je continue ce taf de bureau ou est-ce que je prends un risque pour essayer quelque chose de différent ? » Et je suis vraiment heureuse d'avoir opté pour la seconde option. Crystal Waters chantera « Gypsy Woman » au 51st State festival de Londres, le 6 août prochain.