Immolation - Kingdom of Conspiracy
Les deux premiers qui me viennent à l'esprit sont Pinnacle of Bedlam de Suffocation et Kingdom of Conspiracy d'Immolation. Aucun de ces disques ne représente un pas en avant ou une mise en danger. Ce sont juste les nouveaux albums de Suffocation et Immolation. Deux albums qui confirment le fait que non, ces vétérans n'iront nulle part et que oui, ils sonnent exactement comme leurs disques précédents. Mais je ne vois pas ça comme un problème. Parce que Pinnacle est probablement l'album le plus solide que Suffocation ait écrit, la plus brillante démonstration de leur style complexe-et-vertiginieux-mais-pas-technique-au-point-qu'on-ne-peut-carrément-pas-mosher-dessus. Parce que Kingdom est du pur Immolation, bourré de riffs en zig-zags et de growls proclamant la ruine de l'humanité. Si vous ne connaissiez aucun de ces deux groupes, inutiles d'éplucher leur tortueux back catalogue : ces dernières sorties sont d'honorables portes d'entrées dans le genre, et c'est déjà beaucoup.Carcass - Surgical Steel
Surgical Steel —pour moi, de loin l'album metal de l'année, tous genres confondus— a été une énorme surprise. Déjà parce qu'il est excellent, mais aussi tout simplement parce qu'il existe. Soyons clairs : au moment où les légendes du grindcore se sont reformées en 2007, personne, et surtout pas les membres du groupe, ne pensait que ça pourrait déboucher sur un nouveau disque. Et encore moins sur un disque comme Surgical Steel, minutieuse reconstitution de tout ce qui a fait de Carcass un groupe génial, des carnassières irruptions grind aux mid-tempos heavy rock. Et pour ne rien gâcher, tous les morceaux défoncent.
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Sur Reflections—le dernier album sorti par le groupe juste avant sa séparation en 1994— le chanteur-guitariste de Convulse, Rami Jämsä, avait introduit des sonorités stoner/boogie-rock. Une expérience dont on ne retrouve aucune trace dans Evil Prevails, qui revient clairement au son du premier album du groupe, le primitif World Without God, sorti en 1991. Grooves sinistres, blastbeats punitifs et riffs bordéliquement agencés : Evil Prevails emprunte parfois quelques détours—interludes acoustiques, breaks instrumentaux—mais, globalement, c'est du pur Convulse.
Broken Hope méritait d'être vengé. Bien que le groupe ait sorti pas moins de cinq albums entre 1991 et 1999, et imposé un son et un concept aussi solides et imparables que celui de leurs rivaux de Cannibal Corpse, ils n'ont jamais eu droit à rien d'autre qu'à des miettes au sanglant banquet du death mondial. Omen of Disease est heureusement venu remettre les pendules à l'heure. Broken Hope joue un death à papa, traditionnel, authentique, sans firoitures, mais il le fait mieux que personne. Ici, pas d'originalité ni de poudre aux yeux : juste l'amour de l'exécution nette, sans bavures.
Je ne vais pas vous la faire : je n'avais jamais écouté Sorcery avant cet album. Un groupe issu de la première vague death suédoise, reformé en 2009 après un break de 12 ans, dont j'ai découvert le triomphal Arrival at Six via une chronique publiée par Josh Haun sur le blog That's How Kids Die. Le disque est brutal, direct, du pur death & roll de qualité suédoise certifiée, avec des morceaux taillés pour le mosh-pit, à la fois simples, accrocheurs et foncièrement débiles (écoutez « United Satanic Alliance »).
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Tant qu'on est dans les trucs débiles, abordons le cas de Six Feet Under. Même si j'étais un fan inconditionnel de Chris Barne à l'époque où il jouait dans Cannibal Corpse, je n'ai jamais pu saquer Six Feet Under, projet qu'il a lancé en 1993 et que j'ai toujours considéré comme une pathétique caricature de tout ce que pouvait être le death metal. Le fait est que Six Feet Under est aujourd'hui un groupe totalement différent : Barnes a en effet viré tous ses musiciens avant l'enregistrement d'Undead, son disque précédent, et a évolué vers un son plus personnel et pertinent. Unborn, sorti cette année, enfonce le clou : le groove néanderthalien est toujours là —checkez « Zombie Blood Curse », sans doute LE tube death metal de 2013— mais il est désormais assené avec classe et subtilité.
Renaissance aussi chez Gorguts, qui semble désormais se réinventer à chaque disque. Luc Lemay, le leader du groupe, a, comme pour l'album précédent -From Wisdom to Hate, sorti en 2001- fait appel à de nouveaux musiciens, en l'occurence ici, Kevin Hufnagel, Colin Marston et John Longstreth, remarqués entre autres pour leur faits d'armes au sein de Dysrhythmia, Krallice et Origin. À l'arrivée, un disque à la fois complexe, hypnotique, tout en retenue, mais incroyablement massif. Si Pinnacle of Bedlam et Kingdom of Conspiracy ont contribué cette année à maintenir la flamme du death metal en vie, Colored Sands l'a magistralement attisée.
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Avec l'aide de Jack Owen, premier guitariste de Cannibal Corpse, l'inoxydable Glen Benton et le batteur-compositeur Steve Asheim ont réussi en quelques années à imposer de nouveau Deicide dans le death metal game. Comme le très sous-estimé To Hell with God, sorti en 2011, In the Minds of Evil synthétise à la perfection le son du nouveau Deicide : monolithique, finement ciselé, et aussi catchy qu'une comptine traditionnelle provençale.
Les californiens d'Exhumed auront toujours une dette colossale envers Carcass, mais Necrocracy est suffisamment solide et personnel pour rivaliser avec Surgical Steel. Un subtil alliage de phacocheries grindcore et de thrash baroque, qui confirme le retour du groupe, dont c'est là le deuxième album depuis leur reformation en 2011.
Rottrevore existent depuis 1989 mais n'ont sorti qu'un seul album, Iniquitous, en 1993. Cette bande de creeps basée à Pittsburgh s'est inexplicablement reformée cette année pour un EP qui se résume grossièrement à un cyclone de riffs débilitants et de grognements sub-humains.
Vous aimez les rafales ininterrompues façon Suffocation, les sermons sataniques à la Deicide et le groove de Pantera ? Alors le dernier album des vétérans de NYC est pour vous. À noter la présence de Doug Bohn et Dave Culross, ex et actuel batteur de Suffocation, venus apporter leur science du rythme cyborg sur l'ensemble du disque.
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Master sont les Motörhead du death metal. Trois décennies de carnage ininterrompu pour ces parias du death, menés par Paul Speckmann et toujours lancés à pleine vitesse sur une voie sans virages faite de diatribes anti-corruption et de riffs hardcore.
Premier album pour ce légendaire groupe de Santiago (à ne pas confondre, donc, avec le Pentagram américain) qui existe pourtant depuis 1985. Production clinquante et charnue mais énergie 300% old-school, qui donne à l'ensemble un côté hyper authentique et férocement possédé.
Après l'inespéré Macabre Eternal en 2011, The Headless Ritual est venu prouver de manière définitve qu'Autopsy ne s'était pas reformé pour les tickets-boissons. Un équilibre parfait entre la défouraille totale et les ambiances sinistres et déplaisantes, sur lesquelles brillent le batteur Chris Reifert et l'incroyable tandem formé par Eric Cutler et Danny Coralles aux guitares.
Ce groupe néérlandais avait opéré en 1993 un net changement de direction avec le très prog-rock Spheres, et, même si l'évolution constatée sur ce nouvel album n'est pas aussi radicale, elle est en tout cas suffisamment marquante pour imposer Obsideo comme un des disques de death metal les plus extravagants que vous aurez l'occasion d'écouter cette année et peut être même celle d'après. Mots-clés : riffs élastiques et spiritualité.

Originaire de Floride, Brutality est resté un secret bien gardé, malgré trois disques franchement impressionnants sortis durant la première moitié des années 90. Il faudra attendre un vrai nouvel album pour savoir si leur retour est vraiment une affaire sérieuse, mais ce single—où l'on retrouve le growl vengeur de Scott Reigel et les majestueux duels de six-cordes entre Don Gates et Jay Fernandez—laisse présager un avenir cataclysmique.Hank Shteamer a accueilli Satan, le prince de la puissance de l'air, en son royaume. Il est sur Twitter - @DarkForcesSwing