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Music

Legowelt vous promet renaissance et purification

Rébellion, Moyen-Âge et mysticisme : l'outsider de la techno nous parle de son nouvel album, Crystal Cult 2080.

C'est un des producteurs electro les plus constants et les plus présents de ces 15 dernières années, il reste malgré cela suffisament imprévisible pour nous balancer de la

booty bass anxiogène

ou lancer un

e-zine cyberpunk

, et possède tellement de synthés que sa résidence de La Hague menace à chaque instant de s’effondrer. Legowelt, maître incontesté de l'electro d'exploiation est depuis quelques années enfin reconnu à la hauteur de son talent et de son influence (on se demande d'ailleurs bien pourquoi ça a pris autant de temps, mais la société-internet a ses raisons que la raison n'a pas), qui explosent à nouveau dans toute leur spectaculaire démesure sur son dernier album

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Crystal Cult 2080

, un disque qui puise son inspiration dans les chants rituels du IXème siècle et les rythmes polyphoniques. Bref, la routine. On a quand même contacté Danny Wolfers pour qu’il nous parle de ses influences, du film

Excalibur

et de son statut d'outsider de la techno.

Noisey : Ta musique a toujours touché au mysticisme et à l’occulte, mais ça n'a jamais été aussi évident que sur Crystal Cult 2080. Qu’est ce qui t’attire là-dedans en tant que producteur ?

Legowelt :

La musique en elle-même est très mystique, déjà. Elle a toujours été utilisée dans les rites mystiques, religieux. D'une certaine façon, la house et la techno sont des musiques totalement occultes. Les gens cherchent l'hypnose et prennent des substances pour atteindre d’autres dimensions. Certaines notes et certaines fréquences produisent un effet sur ton cerveau. C’est occulte parce que les gens ne savent pas vraiment ce qui se passe, mais que ça les interpelle quand même. Comme tu peux l’entendre sur l’album, la musique médiévale m’a beaucoup influencé. En Occident – vers le IXème siècle je crois – les gens ont commencé à jouer de la musique polyphonique dans les églises chrétiennes. Cette musique provenait d’Orient, et était conçue pour te plonger dans un état proche de la transe.

Tu envisages ta musique comme une expérience intérieure ?

Oui, tout se passe à l’intérieur, c’est certain. Cet album doit être vécu comme une expérience intérieure.

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Comment as-tu transposé ces concepts occulto-mystiques dans la techno moderne ?

Ça s'est fait assez simplement parce que la musique médiévale possédait également un rythme très simple. C’était juste un tambour qui jouait la même chose en boucle, comme un kick techno. Dans la techno, ça va un peu plus vite, et c'est joué à partir d’instruments électroniques, mais à l'arrivée, c’est plus ou moins la même chose. La techno

doit

être simple.

Et les chants sur l’album, les passages comme « Drink from the chalice, and you will be reborn », ça vient d'où ?

C’est un chant médiéval traditionnel. C'est un sample du film

Excalibur,

un sample façon old-school rave. Il est vraiment cool. Si tu l’entends en club, il te permettra de renaître et de te purifier.

Tu es fan du film ?

Ouais, je discutais avec TLR (le boss du label Crème Organization), on déconnait sur la musique, et on était en train de se dire que ce serait cool de sampler un passage d'

Excalibur

.

Le titre de ton album vient du célèbre synthétiseur du même nom. Tu alternes beaucoup analogue et digital ces derniers temps. Qu’est ce qui t’a attiré vers ce synthé en particulier ?

Difficile à dire. J’aime quand la musique est un peu… vague. Comme quand tu marches dans la rue et qu’un léger brouillard se lève. Ton imagination fonctionne différemment parce que tu ne peux pas voir les choses clairement ; juste les ombres et les grandes lignes. Si tu utilises de vieux delays, de la réverbe, des filtres, ta musique devient plus ténébreuse. Tu peux toujours capter les mélodies, mais c’est plus brumeux – et tu peux alors identifier d’autres formes qui viennent se mêler à l'ensemble. J’ai l'impression du coup que c’est plus excitant à écouter. L’auditeur peut découvrir des mélodies secrètes, tester son imagination.

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Selon moi, ce que tu utilises pour faire de la musique n’a vraiment pas d’importance, parce que quelque soit ton matériel, il sera toujours composé d'éléments électroniques, et tu pourras toujours le lier à l'informatique. Ce débat entre hardware et software, analogue et digital, je trouve ça complètement stérile. Ce sont

tous

des instruments. Je crois que le purisme est très mauvais, parce qu’il finit par t’enfermer. Le purisme peut devenir un cul-de-sac.

Qu’est ce qui t’a influencé pendant la composition de Crystal Cult 2080?

Eh bien, pas mal de trucs de Detroit, sans aucun doute. Mon morceau « Experimental Awakening » s’inspire beaucoup du son de DJ Stingray. J’écoute beaucoup Actress. J’aime bien son sens de la mélodie. C’est très bizarre. Il y a aussi cette vibe brumeuse dans sa musique. Il y a toujours un peu d'Aphex Twin dans ce que je fais, ses vieux trucs. Si tu écoutes certains titres – surtout ce qu’il a sorti au début des années 90, quand il utilisait des breakbeats et une boîte à rythme Roland R8 – je pense que tu peux retrouver pas mal de similarités avec ma musique. Ses mélodies sont très bonnes, presque fragmentées. Huerco S a un style un peu similaire. Ca s’arrête, ça repart – ensuite ça disparaît. Et tout ça conserve une certaine harmonie. Je trouve ça très intéressant.



C'est un des producteurs electro les plus constants et les plus présents de ces 15 dernières années, il reste malgré cela suffisament imprévisible pour nous balancer de la

booty bass anxiogène

ou lancer un

e-zine cyberpunk

, et possède tellement de synthés que sa résidence de La Hague menace à chaque instant de s’effondrer. Legowelt, maître incontesté de l'electro d'exploiation est depuis quelques années enfin reconnu à la hauteur de son talent et de son influence (on se demande d'ailleurs bien pourquoi ça a pris autant de temps, mais la société-internet a ses raisons que la raison n'a pas), qui explosent à nouveau dans toute leur spectaculaire démesure sur son dernier album

Crystal Cult 2080

, un disque qui puise son inspiration dans les chants rituels du IXème siècle et les rythmes polyphoniques. Bref, la routine. On a quand même contacté Danny Wolfers pour qu’il nous parle de ses influences, du film

Excalibur

et de son statut d'outsider de la techno.




Noisey : Ta musique a toujours touché au mysticisme et à l’occulte, mais ça n'a jamais été aussi évident que sur Crystal Cult 2080. Qu’est ce qui t’attire là-dedans en tant que producteur ?
Legowelt :

La musique en elle-même est très mystique, déjà. Elle a toujours été utilisée dans les rites mystiques, religieux. D'une certaine façon, la house et la techno sont des musiques totalement occultes. Les gens cherchent l'hypnose et prennent des substances pour atteindre d’autres dimensions. Certaines notes et certaines fréquences produisent un effet sur ton cerveau. C’est occulte parce que les gens ne savent pas vraiment ce qui se passe, mais que ça les interpelle quand même. Comme tu peux l’entendre sur l’album, la musique médiévale m’a beaucoup influencé. En Occident – vers le IXème siècle je crois – les gens ont commencé à jouer de la musique polyphonique dans les églises chrétiennes. Cette musique provenait d’Orient, et était conçue pour te plonger dans un état proche de la transe.



Tu envisages ta musique comme une expérience intérieure ?

Oui, tout se passe à l’intérieur, c’est certain. Cet album doit être vécu comme une expérience intérieure.



Comment as-tu transposé ces concepts occulto-mystiques dans la techno moderne ?

Ça s'est fait assez simplement parce que la musique médiévale possédait également un rythme très simple. C’était juste un tambour qui jouait la même chose en boucle, comme un kick techno. Dans la techno, ça va un peu plus vite, et c'est joué à partir d’instruments électroniques, mais à l'arrivée, c’est plus ou moins la même chose. La techno

doit

être simple.





Et les chants sur l’album, les passages comme « Drink from the chalice, and you will be reborn », ça vient d'où ?

C’est un chant médiéval traditionnel. C'est un sample du film

Excalibur,

un sample façon old-school rave. Il est vraiment cool. Si tu l’entends en club, il te permettra de renaître et de te purifier.



Tu es fan du film ?

Ouais, je discutais avec TLR (le boss du label Crème Organization), on déconnait sur la musique, et on était en train de se dire que ce serait cool de sampler un passage d'

Excalibur

.



Le titre de ton album vient du célèbre synthétiseur du même nom. Tu alternes beaucoup analogue et digital ces derniers temps. Qu’est ce qui t’a attiré vers ce synthé en particulier ?

Difficile à dire. J’aime quand la musique est un peu… vague. Comme quand tu marches dans la rue et qu’un léger brouillard se lève. Ton imagination fonctionne différemment parce que tu ne peux pas voir les choses clairement ; juste les ombres et les grandes lignes. Si tu utilises de vieux delays, de la réverbe, des filtres, ta musique devient plus ténébreuse. Tu peux toujours capter les mélodies, mais c’est plus brumeux – et tu peux alors identifier d’autres formes qui viennent se mêler à l'ensemble. J’ai l'impression du coup que c’est plus excitant à écouter. L’auditeur peut découvrir des mélodies secrètes, tester son imagination.



Selon moi, ce que tu utilises pour faire de la musique n’a vraiment pas d’importance, parce que quelque soit ton matériel, il sera toujours composé d'éléments électroniques, et tu pourras toujours le lier à l'informatique. Ce débat entre hardware et software, analogue et digital, je trouve ça complètement stérile. Ce sont

tous

des instruments. Je crois que le purisme est très mauvais, parce qu’il finit par t’enfermer. Le purisme peut devenir un cul-de-sac.



Qu’est ce qui t’a influencé pendant la composition de Crystal Cult 2080?

Eh bien, pas mal de trucs de Detroit, sans aucun doute. Mon morceau « Experimental Awakening » s’inspire beaucoup du son de DJ Stingray. J’écoute beaucoup Actress. J’aime bien son sens de la mélodie. C’est très bizarre. Il y a aussi cette vibe brumeuse dans sa musique. Il y a toujours un peu d'Aphex Twin dans ce que je fais, ses vieux trucs. Si tu écoutes certains titres – surtout ce qu’il a sorti au début des années 90, quand il utilisait des breakbeats et une boîte à rythme Roland R8 – je pense que tu peux retrouver pas mal de similarités avec ma musique. Ses mélodies sont très bonnes, presque fragmentées. Huerco S a un style un peu similaire. Ca s’arrête, ça repart – ensuite ça disparaît. Et tout ça conserve une certaine harmonie. Je trouve ça très intéressant.





En quoi ton nouvel album est différent du précédent, The Paranormal Soul ?

Les morceaux sont mieux travaillés. Les mélodies sont plus avancées. En gros, mon dernier album était plus orienté dancefloor, et celui-ci est plus deep. Et la production est un peu plus… confuse.



Est-ce que cette esthétique et ce son occulte sont un moyen pour toi de redonner à ta musique une image un peu rebelle ?

Tout ça existe depuis les années 80, et Psychic TV. Il y avait toute une culture mystique qui entourait leur musique, ce qui est très intéressant. Ils faisaient partie du Temple of Psychic Youth. Je crois que ça a eu un impact sur toute cette vibe occulte et cette contre-culture qui s’est développée autour d’eux. Dès qu’une culture s’installe autour d’une musique, celle-ci devient mystérieuse. Je ne pense pas en terme de contre-culture ou de rébellion. Je compose simplement de la musique, mais je conçois que ça peut devenir rebelle, parce que ça va à l’encontre des modes de pensées traditionnels. Et je crois que c’est ce que j’ai toujours fait.



La techno a besoin de quoi aujourd’hui pour continuer à progresser ?

Il devrait toujours y avoir des gens pour la faire évoluer, ou faire des trucs que les autres ne font pas, sans se laisser influencer par la pression extérieure. Je crois que c’est ça qu’on peut qualifier de rebelle d’ailleurs. Faire un truc pour toi-même – qui sort de toi – sans prêter trop d’attention à ce que les autres pensent ou disent. Faire les choses, tout simplement.



Tu penses quoi de la scène électronique actuelle, où l’accès aux réseaux sociaux et aux logiciels est presque immédiat ?

C’est une très bonne chose parce que si tu veux faire de la musique aujourd’hui, tu peux commencer en moins d’une semaine, tout est sur Internet. Il y a des tutoriels vidéo pour apprendre à se servir d’un synthé, d’un séquenceur – tu peux être prêt en quelques jours seulement. Tu as des tas de connexion possibles sur les réseaux sociaux et les forums, tout le monde peut s’y retrouver. Je crois que la majorité des artistes qui ont débarqué durant ces quinze dernières années ont débuté leur carrière sur Internet.



C’est vraiment un point positif, selon toi ?

Je ne vois pas pourquoi ce serait négatif. Il n’y a pas beaucoup d’autres voies. Il y a des labels qui pressent uniquement du vinyle et vendent uniquement chez les disquaires, mais c’est sur Internet que les gens se tiennent au courant. C’est une part essentielle de la vie de chaque personne maintenant. On ne pourrait plus faire sans.


Lauren Martin est sur Twitter - @codeinedrums

En quoi ton nouvel album est différent du précédent, The Paranormal Soul ?

Les morceaux sont mieux travaillés. Les mélodies sont plus avancées. En gros, mon dernier album était plus orienté dancefloor, et celui-ci est plus deep. Et la production est un peu plus… confuse.

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Est-ce que cette esthétique et ce son occulte sont un moyen pour toi de redonner à ta musique une image un peu rebelle ?

Tout ça existe depuis les années 80, et Psychic TV. Il y avait toute une culture mystique qui entourait leur musique, ce qui est très intéressant. Ils faisaient partie du Temple of Psychic Youth. Je crois que ça a eu un impact sur toute cette vibe occulte et cette contre-culture qui s’est développée autour d’eux. Dès qu’une culture s’installe autour d’une musique, celle-ci devient mystérieuse. Je ne pense pas en terme de contre-culture ou de rébellion. Je compose simplement de la musique, mais je conçois que ça peut devenir rebelle, parce que ça va à l’encontre des modes de pensées traditionnels. Et je crois que c’est ce que j’ai toujours fait.

La techno a besoin de quoi aujourd’hui pour continuer à progresser ?

Il devrait toujours y avoir des gens pour la faire évoluer, ou faire des trucs que les autres ne font pas, sans se laisser influencer par la pression extérieure. Je crois que c’est ça qu’on peut qualifier de rebelle d’ailleurs. Faire un truc pour toi-même – qui sort de toi – sans prêter trop d’attention à ce que les autres pensent ou disent. Faire les choses, tout simplement.

Tu penses quoi de la scène électronique actuelle, où l’accès aux réseaux sociaux et aux logiciels est presque immédiat ?

C’est une très bonne chose parce que si tu veux faire de la musique aujourd’hui, tu peux commencer en moins d’une semaine, tout est sur Internet. Il y a des tutoriels vidéo pour apprendre à se servir d’un synthé, d’un séquenceur – tu peux être prêt en quelques jours seulement. Tu as des tas de connexion possibles sur les réseaux sociaux et les forums, tout le monde peut s’y retrouver. Je crois que la majorité des artistes qui ont débarqué durant ces quinze dernières années ont débuté leur carrière sur Internet.

C’est vraiment un point positif, selon toi ?

Je ne vois pas pourquoi ce serait négatif. Il n’y a pas beaucoup d’autres voies. Il y a des labels qui pressent uniquement du vinyle et vendent uniquement chez les disquaires, mais c’est sur Internet que les gens se tiennent au courant. C’est une part essentielle de la vie de chaque personne maintenant. On ne pourrait plus faire sans.

Lauren Martin est sur Twitter - @codeinedrums