FYI.

This story is over 5 years old.

Music

Comment je suis devenue fan de Kiss

Mish Way, la chanteuse de White Lung, nous raconte comment elle a totalement révisé son jugement sur le groupe de Paul Stanley et Gene Simmons.

Je n'ai jamais été fan de Kiss.

Soyons clairs : par fan de Kiss, j'entends quelqu'un qui connait toutes les paroles de tous les morceaux, qui se fait le maquillage de Paul Stanley ou Gene Simmons depuis le cours élémentaire et qui a fait la misère à ses parents pour qu'ils lui achètent Dressed To Kill. Il n'y a pas de fan de Kiss modéré. Tous les fans de Kiss sont des fanatiques, des vrais. Et ils n'ont pas tous grandi durant les années 70. Il y a des tas de fans de Kiss qui sont nés durant les années 2000.

Publicité

Anne-Marie, ma meilleure amie (et la batteuse de notre groupe, White Lung) a essayé de nombreuses fois de me faire changer d'avis sur Kiss. À chaque fois que je lui disais que Kiss ne m'intéressait pas, elle me répondait que j'étais nase et qu'ils étaient le meilleur groupe de scène de l'Univers, ce genre de conneries. « La dernière fois où je les ai vus, une nana de 50 balais a écarté les jambes devant Paul Stanley et elle ne portait pas de culotte ! » Voilà le genre de trucs qu'Anne-Marie me sort quand je lui dis que Kiss ne m'intéresse pas.

Mais ces derniers temps, le hard rock s'est fait une petite place dans ma vie. Mon copain en est le principal responsable. C'est son truc. Bon, je ne vais pas me plaindre. J'ai toujours aimé les groupes à guitare. C'est juste que je préfère les Wipers à Lynyrd Skynyrd.

Que vous considériez Kiss comme des bouffons ou des Dieux, vous devez reconnaître qu'ils ont un truc qu'aucun autre groupe n'aura jamais : la Kiss Army. Le groupe a démarré en 1973, et 41 ans plus tard, il y a des gamins de 6 ans au premier rang, la tronche peinturlurée, complètement surexcités. Les gamins de 6 ans sont comme les adultes défoncés : ils aiment la pyrotechnie, les lumières et les déguisements. Qui n'aime pas ça, franchement ?

Dans le documentaire de VH1 Kiss: Behind The Make-Up, Paul Stanley dit qu'ils « ne voulaient ne ressembler à aucun groupe connu, ne sonner comme aucun groupe connu, et être le mélange de toutes les choses qu'ils aimaient » et qu'ils étaient « déterminés à travailler dur pour y arriver ».

Publicité

Kiss est un groupe intenable. Ils sont féroces, nerveux, prêts à tout pour atteindre leur objectif. C'est quelque chose qu'on ne retrouve pas chez les groupes actuels. Peut-être parce que pour les groupes actuels, « réussir » n'a pas vraiment le même sens qu'il y a 50 ans ? Peut-être parce qu'internet a tout changé ? Quelque soit l'explication, Kiss a gardé jusqu'à aujourd'hui ce truc du « on va vous en donner pour votre argent ». C'est un truc auquel je pense souvent sur scène : est-ce que j'en donne au public pour son argent ? Je n'ai jamais ça en tête quand j'enregistre, mais quand je suis sur scène c'est différent. Je fais une performance. C'est mon job. Ça doit être amusant pour moi, mais ça doit l'être également pour les gens qui viennent me voir. Comment autant de groupes ont pu oublier ce principe élementaire ?

Ok, Def Leppard vient de finir son set. J'ai presque fini mon whisky-coca servi dans un gobelet taille XXL. Le Forum est bourré à craquer de membres de la Kiss Army. Il y a énormément de meufs hyper bronzées en mini-jupes Kiss. Elles ont des cheveux hallucinants. J'en croise une aux toilettes dont les extensions ont l'air de sortir tout droit d'un kit Mon Petit Poney spécial MILFs. Ses seins pourraient la sauver de la noyade.

Un gros concert de rock doit être un gros concert de rock. J'ai passé ma vie à aller voir des concerts punk, mais les gros concerts de rock, c'est quelque chose de totalement différent. Quand vous avez de l'argent, vous pouvez faire des trucs dingues et donc vous devez faire des trucs dingues. Kiss ont toujours eu le sens du spectacle. La langue de Simmons est un spectacle à elle seule. Des guitares qui crachent des flammes, des lasers, des types qui s'élèvent dans les airs : c'est ça qu'on veut voir, merde. Il faut que tout soit gros, gigantesque, pour que même les gens qui sont aux tous derniers rangs, comme moi, puissent capter ce qu'il se passe sur scène.

Publicité

Kiss commence son show et les gens deviennent dingues. Je me demande ce que ça peut faire de se lancer dans une telle performance, comme ça, chaque soir, depuis près de 50 ans ? J'arrive même pas à imaginer. C'est insensé. Il y a un truc génial avec Kiss, c'est leur maquillage. Il leur permet de ne jamais vieillir. Je veux dire, les mecs ont exactement la même tronche que quand ils avaient 20 ans ! C'est super bien vu. Je me demande s'ils y ont pensé dès le départ. Durant les années 80, quand ils ont enlevé leur maquillage et qu'ils ont fait tous ces disques hyper glam, c'était pas aussi bien. Ils ont besoin de leur maquillage.

Paul Stanley et Gene Simmons (les deux seuls membres permanents du groupe) sont de vrais freaks. La voix de Stanley est hyper aiguë et efféminée. Il s'adresse à la foule comme un véritable showman. Il raconte qu'ils ont enfin été admis dans le Rock n Roll Hall of Fame, fait une vanne sur Rage Against The Machine et puis s'envole au-dessus de la foule pour atterrir en plein milieu de la salle. Tout est hyper abusé. C'est parfait. Simmons monte sur une araignée électronique géante et se met à cracher du sang non-stop pendant 10 minutes, tout en cognant au jugé sur sa basse et en tirant la langue. « Il n'y a aucune règle, a dit Simmons en 2001. Bien sûr qu'on est des vendus. On vend toutes les places de nos concerts ! »

Mon copain allume un joint. Il le fait tourner auprès de tous nos potes, et je finis par le passer au couple à côté de moi, qui ont 50 balais bien tassés. La femme, qui a une coupe de cheveux à la Farrah Fawcett et des jeans rouges taille haute refuse dans un premier temps, puis finit par accepter.

Publicité

Elle me hurle dans les oreilles : « Tu sais quoi ? J'ai vu Kiss dans cette salle quand j'étais en CE2 ! Et rien que la fumée des joints dans le public m'a complètement défoncée. » Elle tire sur le joint et continue à chanter sur les morceaux. Elle connaît toutes les paroles. Je suis défoncée aussi, mais tout ce que je peux faire c'est sourire comme une idiote.

« Ces jeans ont 30 ans, qu'elle me dit. 30 ans ! »

Elle est jolie. On la croirait tout droit sortie de 1976. Elle s'amuse comme si c'était 1976.

Parce que, quoique vous disiez, c'est ça la base du truc : un concert de rock, c'est fait pour s'amuser. C'est fait pour vous combler, vous rétamer, vous exploser la tronche. Parfois j'ai l'impression que ça suit les drogues de chaque époque : durant les années 70, tout le monde planait, tout était big, gigantesque, absurde. Durant les années 80, tout le monde était défoncé à la coke, les gens montraient leur cul, les garçons essayaient de ressembler à des filles et vice-versa. Durant les années 90, tout le monde te disait qu'il fallait pas toucher à la drogue, c'était nase.

À la fin du concert, Stanley a annoncé que plutôt que de quitter la scène et attendre que le public ait suffisament hurlé pour qu'ils fassent un rappel, ils allaient directement jouer trois morceaux de plus. Parce que tout le monde voulait trois morceaux de plus. Tant que tu as Kiss sous les yeux, tu en veux toujours plus.

Je suis rentrée chez moi défoncée et heureuse. J'étais devenue fan de Kiss.

Mish Way a changé d'avis sur Kiss mais ne portera pas de mini-jupe Kiss de sitôt. Elle est sur Twitter - @myszkaway Plus de Kiss sur Noisey Même Ace Frehley a honte de Kiss
Rednecks, cadres moyens et fans de Kiss : sur la route avec King Buzzo
Stéphane Malefettes, fondateur de Supertalk, revient sur 60 ans de fanatisme musical