C'est le début de la fin pour Justin Bieber. Depuis un an. Ou deux. Peut-être même trois.

Illustration - Alex Cook

Pas besoin d'internet pour que les pop stars perdent la boule : Axl Rose, Billy Corgan, Courtney Love, Billy Corgan à nouveau, Michael Jackson—ils ont tous sombré dans les limbes du déshonneur bien avant l'avènement des réseaux sociaux. Merde, Elvis n'a jamais touché un ordinateur de sa vie et pourtant il a sacrément ramassé lui aussi, pas vrai ? Mais seul internet est capable d'amplifier et d'accélérer la déchéance d'une personnalité publique dans des proportions pharaoniques. Et à ce jeu là, personne n'a autant morflé que Justin Bieber.

Dans deux vidéos publiées ces jours-ci sur TMZ, on peut le voir, âgé de respectivement 14 et 15 ans, en train de raconter une blague raciste et de chanter une parodie de son morceau « One Less Lonely Girl », dans laquelle il balance le mot « nigger » et parle de rejoindre le KKK. Ça a évidemment choqué tout un tas de gens, surtout que la voix et l'innocence de Bieber ne font que rendre ces situations encore plus glauques. Bieber s'est depuis excusé publiquement sur Twitter, admettant qu'il avait « fait une erreur impardonnable et parfaitement immature il y a cinq ans. »

Ces vidéos—et le fait que TMZ s'en serve aujourd'hui comme moyen de pression sur Bieber pour qu'il collabore avec eux—prouvent que le Biebs était, quoiqu'il arrive, grillé dès le départ. Être une méga-star dont les moindres faits et gestes sont analysés et critiqués est suffisant pour vous rendre dingue. Et la vie de Justin Bieber ne ressemble à rien d'autre qu'à un remake en temps réel du Truman Show dans lequel on a tour à tour pu observer son passage à la puberté, son premier grand amour, sa première vidéo raciste et sa seconde vidéo raciste. Beaucoup voient déjà dans ces deux vidéos le début de la fin de la carrière de Justin. Sauf que voilà : ça fait un petit moment déjà que c'est le début de la fin pour le Biebs…

L'an dernier, Justin et sa bande ont pissé dans le seau d'une cuisine de restaurant en hurlant « fuck Bill Clinton », après quoi ils ont balancé du liquide de nettoyage sur une photo de l'ex-président des États-Unis. Vous allez me dire : qui n'a pas pissé dans un seau et insulté un ancien président ? Ce sont deux traditions séculaires. Billie Holiday n'avait-elle pas elle-même chié dans une benne à ordures en hurlant « broute-moi les miches, Warren G. Harding » ?

Relou les poches, hein ?

Tant qu'à être méga-blindé, autant s'acheter la voiture la plus pétée qu'il soit possible de trouver. C'est en voulant adhérer à ce précepte que Justin Bieber s'est offert cette Audi à la carrosserie léopard, dont il s'est entre autres servi pour rentrer d'une soirée chez Miley Cyrus -oui, c'est le genre de choses qui arrive.

C'était censé être un moment inoubliable. Justin avait prévu de fêter son 19ème anniversaire au Cirque du Soir de Londres, avec ses amis. « Grosse soirée en vue », avait-il tweeté. Mais sa petite bande s'est vue refuser l'entrée du club, vu que la plupart de ses amis, le shaman de Twitter Jaden Smith inclus, n'étaient âgés que de 14 ans (quoi de plus normal d'ailleurs pour un mec de 19 ans que de traîner avec des gamins de 14 ans ?) La fine équipe s'est donc rabattue sur son second choix : le McDo du coin, où Justin s'est immédiatement fait doser par les paparazzi. Les #truebeliebers ont riposté en lançant sur Twitter une opération de soutien dont les hashtags étaient #worstday, #prayforjustin, et #beliebershatepaparazzi. Gageons qu'un jour, ils réaliseront que Justin s'est fait plus d'argent durant les quelques secondes où il a tapé « pire anniversaire de toute ma vie » que leurs parents durant toute l'année, et qu'ils passeront à autre chose.

Je ne sais pas qui a signé la chorégraphie de la tournée US de 2012 de Justin Bieber mais il ou elle n'avait clairement pas réalisé que démarrer le spectacle en montant et descendant des escaliers dans un sarrouel en cuir n'était pas forcément une super idée. Durant une date en Arizona, Bieber a tenu bon pendant de longues minutes avant de lâcher un gigantesque renard sur scène. À noter qu'il a toutefois réussi à ne pas rater une ligne de ses paroles malgré tout ce qui sortait de sa Biebouche.

Quelqu'un d'aussi célèbre et entouré que Justin Bieber devrait logiquement savoir que donner son hamster —Pac, mascotte officielle du Believe tour—à un fan, n'est pas un choix particulièrement éclairé. D'autant plus que le dit hamster est mort au bout de trois mois. Les hamsters ont généralement une durée de vie assez courte, c'est vrai. Mais ce n'est pas une raison.

Pac, le gentil et défunt hamster du Believe Tour n'est pas le seul animal que Justin Bieber a abandonné. Durant sa tournée européenne, Justin n'a pas seulement essayé de créer une pénurie de weed, il a aussi trimballé partout avec lui un singe baptisé Mally, dont il a dû se séparer à la frontière allemande, parce qu'il n'avait pas les certificats de vaccination nécessaires. Et au lieu d'aller faire les vaccins en questions et de mettre l'animal en règle, le Biebs a préferé lâcher l'affaire et laisser le singe aux allemands. Sweet.

Sans commentaire.

Justin Bieber vit à Calabasas, une ville-forteresse pour millionnaires, près de Los Angeles. Il y organise régulièrement des petites fêtes et entretient à cet effet des rapports tout à fait cordiaux avec les gens du quartier, ce qui explique sans doute pourquoi, le 9 janvier dernier, il a passé la soirée, avec ses amis, à balancer des oeufs sur la maison de ses voisins. Les voisins ont appelé la police, qui a perquisitionné le domicile de Bieber, où ont été trouvés plusieurs sachets contenant un mélange de MDMA et de Xanax. Heureusement, Bieber étant la plus grande pop star de l'Univers, c'est son ami Lil Za qui a encaissé.

Le 24 janvier, à 4h du matin, après une tentative de fuite et avant qu'il ne soit prouvé qu'il était sous l'emprise de l'alcool, de marijuana et de Xanax, la police de Miami a arrêté Justin Bieber pour excès de vitesse. Écroué, il a dû soumettre son urine à plusieurs analyses (si c'est le genre de chose qui vous intéresse, il existe une vidéo de lui en train de pisser dans autre chose qu'un seau) et faire quelques pompes, après quoi il a été libéré celebrity-style.

Le 29 janvier dernier, Justin Bieber s'est rendu à la police de Toronto pour avoir agressé un chauffeur de limousine un mois plus tôt. Bieber aurait frappé le chauffeur à la tête alors qu'il rentrait d'un club. Le chauffeur aurait alors quitté son véhicule pour appeler la police. Pour être tout à fait franc, ça a l'air carrément bizarre et probablement faux, mais si jamais vous êtes chauffeur de limousine et qu'un jour Justin Bieber vous met une calotte, ne venez pas dire que vous n'avez pas été prévenu.

Jeremy Bieber, le père de Justin, est un Justin Bieber de 38 ans, le talent en moins, et la race de taper de la thune à son fils sans le moindre scrupule en plus. Jeremy Bieber a en effet été absent de la vie de Justin durant la grande majorité de son enfance, avant de réapparaître il y a quelques années et de devenir le bro-dad dont personne n'avait besoin, et surtout pas son fils. Parmi les trucs BIEN COOLOS qu'ils ont fait ensemble, il y a la fois où ils ont transformé un avion entier en aquarium afin de célébrer les liens qui les unissaient. Cueillis par les forces de l'ordre à l'aterrissage, les Bieber ont finalement été relâchés, la police n'ayant rien trouvé ni dans leur bagages, ni dans l'avion, ET POUR CAUSE, ILS ONT TOUT FUMÉ DURANT LE VOL, BRO ! WHOOOO-HOOOO!!

Ok, l'accent kiwi de ce journaliste est plutôt balèze et c'est une question plutôt stupide, mais bon, 16 ans c'est généralement suffisant pour connaître le mot « Allemand », non ?

Quand Justin a dû faire sa déposition à la suite d’une plainte pour agression portée par un photographe, ses avocats lui ont conseillé de la jouer « distant ». Dans le sens « Allemand » et « conscient de soi » du terme ont-ils dû préciser, parce que « distant » est un mot qui n’entre pas dans le vocabulaire de Justin Bieber. S'il existait un oscar pour la catégorie « Meilleure déposition faite avec les couilles sur la table », Justin serait déjà sur scène en ce moment à remercier Jésus et ses producteurs. Bieber rit à la barbe de tout et de tout le monde – l’Australie, Katie Couric, Usher, le mot « film »—tout devient une énorme blague pour lui jusqu’à ce que le nom de Selena Gomez arrive sur le tapis, LÀ CE N’EST PLUS DRÔLE DU TOUT.

Quand les pop-stars grandissent, elles deviennent capables de penser par elles-mêmes, du moins c'est ce qu'elles croient. Elles cherchent une forme d'autonomie. Et leurs vilains managers savent que cette autonomie n’est pas bonne pour le business. Tout ça créé des tensions et des désaccords, à l'image de la relation qu’entretient Justin avec son nouveau meilleur ami, Lil Twist (amitié non-approuvé par ses managers), un rappeur managé par Scooter Braune. Lil Wayne (grand pote de Lil Twist) a même déclaré : « J’ai entendu que cette pédale de négro de Scooter disait de la merde sur mon petit frère. Négro, c’est mon putain de refrè, ok ? Si t’as quelque chose à dire, quand tu me verras tu me le diras en putain de face. Et si tu le fais, je ne te ferais pas bouffer tes mots. Je les enterrerai avec toi dans ta tombe. » La vidéo a été mise en privée sur YouTube depuis, mais en gros, voilà le topo.

Le journaliste de GQ Drew Magary a récemment été dépêché à Los Angeles afin de permettre à Justin de franchir le cap de « l’âge adulte ». Pour l’article, le magazine avait choisi le titre suivant : « Sois un homme, Bieber », ce qui a foutu la haine à pas mal de monde, mais théorie du genre mise à part, ce portrait était le premier issu d’un magazine mainstream à examiner le caractère extra-terrestre de Bieber. Magary écrivait en sa présence : « C’est une sorte de Luke Skywalker… Si Luke Skywalker avait dirigé une ligne de parfums. » À la base, Magary voulait mettre Bieber en boîte, mais son patron ne l’a pas laissé faire. Au lieu de ça, Magary et le Biebs ont juste joué au billard ensemble et Justin était relativement calme dans ses réponses, tout en restant sur la défensive. Il a affirmé qu’il ne pouvait faire confiance à personne, et qu’il ne perdait jamais le contrôle même quand il buvait.
Il a conclu l'interview de façon mémorable en s’écriant : « J’ai 18 ans, et je suis un adulte swaggy ! » avant d’inviter ses potes à écouter ses nouveaux sons. « Ramenez-vous mes swaggy bros ! » #swaggy

La situation est plutôt simple, vraiment. Bieber avait publié une lettre complètement folle à destination de ses fans, sans aucun souci des règles de typo et truffée de messages subliminaux. En voici un extrait : « si quelqu’un croit que j’ai besoin d’une cure c’est vraiment eux les débiles lol j’ai 19 ans et 6 albums numéro un, 19 ans et j’ai déjà vu le monde entier. 19 ans et j’ai accompli plus de choses que tu n’as même pas imaginé en rêve, j’ai 19 ans et ça doit faire peur à quelques personnes parce que ce n’est que le début. » C’est que le début, vous entendez ?

Lors de sa visite de la maison d’Anne Frank à Amsterdam, Biebervelli a écrit sur le livre d’or du musée : « Vraiment inspirant d’être ici. Je suis sûr qu’elle aurait été une belieber. » Ce n’est pas le message que la plupart des gens auraient écrit après cette visite, mais une fois de plus, la plupart des gens ne sont pas dans la peau de la plus grosse pop-star de la planète, ni près de l’épicentre de l’économie qui écrase la plupart des pays du tiers-monde.

Comme l’a prouvé la débâcle de l’épisode « Allemand »/Anne Frank, l’histoire et la géographie ne sont pas les points forts de Bieber, à la différence de, disons, débarrasser son visage de sa mèche, un domaine dans lequel il excelle. À Tokyo, Justin a visité un sanctuaire controversé construit en honneur aux criminels de guerre japonais morts durant la Seconde Guerre Mondiale. Il a ensuite clarifié les choses – mais attends une seconde, Justin, t’es un ado pété de thunes, t’es au Japon et ce que tu trouves de mieux à faire, c’est de visiter un vieux site historique plein de poussière ? Va te péter la ruche au saké et te taper un robot sexuel hyper réaliste ou autre chose, je sais pas. Quoiqu’il en soit, ses fans coréens ont été instantanément irrités par cette visite du délégué international Bieber. Il s’est ensuite excusé sur Instagram… mais à la Chine : « Pour tous ceux que j’ai pu offenser, j’en suis extrêmement désolé. Je t’aime la Chine et je t’aime le Japon. »

Ces choses sales incluent (entre autres, hein) : se faire arrêter en train de tagger derrière un hôtel, se faire incendier pour l’utilisation d’imagerie raciste dans ce même graffiti (voir ci-dessus, la faute sur Jésus Christ), sortir d’une maison close habillée d’un gigantesque drap housse et se faire filmer couchant avec une prostituée après une fête dans sa maison de location brésilienne.

Le fait que les membres de Metallica aient admis dans une interview pour Q Magazine qu’ils étaient des beliebers, leur a probablement fait perdre plus de fans que Load et Reload réunis. Bien joué, Bieber.

Quand le millionnaire excentrique Richard Branson a ouvert les vannes du programme spatial intergalactique, Virgin Galactic, Justin a évidemment été le premier à signer. Dans le futur, planifier des voyages dans l’espace sera un truc très fréquent. Mais en 2014, ceci est uniquement réservé aux célébrités narcissiques pour qui la Terre ne suffit plus.

Alors qu’il était en plein rencard avec Selena Gomez, Bieber a volontairement frappé un paparazzo qui s’immisçait dans sa vie privée. Ce qui, pour être tout à fait franc, était complètement justifié. Sérieux, que ce photographe aille se faire mettre. Si chaque jour des gens que vous ne connaissiez pas prenaient des photos de vous à votre insu, vous aussi vous perdriez lentement le sens des réalités.

Une photo vaut plus que mille paires de seins (ou que deux mille bros léchant mille paire de seins).

Un jour de juillet 2013, Justin Bieber s’est réveillé, s’est dirigé vers son balcon et est tombé sur un tas de fans hystériques en contre bas. C’est sûrement un truc qui arrive régulièrement, et honnêtement, ça doit être plutôt pénible parce qu’ils doivent faire plein de bruit et Justin a besoin de récupérer après ses régulières gueules de bois. Quoiqu’il en soit, ce jour là, il a décidé de leur cracher dessus avec ses potes. Ça a évidemment été filmé, mais il a plus tard nié les faits, affirmant que ce n’était pas des fans de lui « qui squattaient sous son balcon ». Donc on dira qu’il a juste craché dans la direction de ses fans, mais peut-être que ses molards n’ont pas atterri directement sur eux.

En janvier dernier, Seth Rogen a twitté ce qu'il pensait être le sentiment global de ses concitoyens :

Le message a été retweeté plus de 204 000 fois. Justin s’est évidemment excusé façon « petite merde » de ne pas avoir suffisamment « sucé » Seth Rogen et sérieusement, c’est un des beefs les plus pathétiques de l’histoire. Vous êtes deux gros shitheads les mecs. Roulez vous un joint tous les deux et on n’en parle plus.

Tapez ça sur Google. Faites-nous confiance.

En 2011, Justin Bieber a commencé à balancer des freestyles comme si ses poches étaient remplies d’une street inspiration tellement surpuissante qu’il n’arrivait plus à la contenir dans son sarrouel. Ce qui l’a bien sûr poussé à demander gentiment à l’orga des BET Hip-Hop Awards s’il pouvait balancer quelques alexandrins chauds bouillants le soir de la cérémonie. DJ Premier, qui s’occupait de la programmation, lui a répondu un simple « nah », non seulement parce que ça aurait été absurde, mais aussi et surtout parce que Bieber voulait que Ludacris lui écrive un couplet.

Vous pouvez éventuellement trouver ça moyen de se moquer d’un gamin qui s'est fait un traumatisme crânien après avoir

foncé dans une paroi en verre

parce qu’on a tous fait des conneries par le passé et parce qu’il a l’air d’avoir pris ça avec pas mal d'humour finalement. Mais vous pouvez aussi vous dire « hey, mec, t'as foncé volontairement sur une cloison en verre et tu t’es fait un traumatisme crânien, tu serais pas un peu con en fait ? »

Dan Ozzi, Drew Millard et Eric Sundermann sont tous sur Twitter et attendent impatiemment les remarques et commentaires pondérés des #truebeliebers.

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