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Les Misfits étaient les mecs les plus cools du lycée

Avant de devenir un groupe de légende, Jerry Only, Doyle et Glenn Danzig ont fait régner la loi à la Lodi High School.

Malgré leur maquillage, leurs mèches en pointe et leurs muscles hypertrophiés, les Misfits restent des êtres humains faits de chair et de sang. Ils ont des parents. Ils ont eu la rubéole. Ils ont mangé des céréales au petit déjeuner. Pire, ils ont été au lycée. Glenn Danzig, Jerry Only et Doyle Wolfgang von Frankenstein ont en effet usé les bancs de la Lodi High School, dans le New Jersey, durant la deuxième moitié des années 70. Grâce au site Classmates.com, qui compile les yearbooks de tout un tas d'établissements scolaires américains à travers l'espace et le temps, j'ai pu retrouver de nombreuses preuves du passage dans le monde réel des membres des Misfits.

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Et tous ces documents ont confirmé une chose : les Misfits étaient les mecs les plus cools du lycée.

Jerry Only

Commençons avec Jerry Only, promotion de 77. De son vrai nom Gerald Caiafa, Jerry était, de toute évidence, le fils de pute le plus cool qui ait jamais foutu les pieds à la Lodi High School et possiblement dans n'importe établissement scolaire aux États-Unis. Le mec était un chef. Personne ne faisait chier Jerry Only. Les couloirs se tenaient à carreau quand Jerry les traversait. Qui est le lycéen le plus cool de tous les temps ? Ferris Bueller ? Jerry Only aurait fait passer ce loser chétif de Chicago pour un fan de Donjons & Dragons avec un dé à 12 faces dans la poche. Emilio Estevez dans The Breakfast Club ? Cet abruti était le capitaine du putain de club de toilettage pour chiens, comparé à Jerry. Dawson ? Mec, Dawson serait allé se jeter dans la baie de Capeside si Jerry avait été dans le coin.

La première chose à savoir sur le Jerry des années lycée, c'est qu'il N'ENLEVAIT JAMAIS SES LUNETTES DE SOLEIL. JAMAIS. Là, on le voit en première, avec des lunettes de soleil qui semblent avoir été photoshoppées sur son nez. En fait, Photoshop n'existait pas à l'époque, mais la rumeur dit que Jerry a chopé un geek du club d'échecs et lui a fait inventer Photoshop, dans le seul et unique but de lui rajouter des lunettes sur la photo. Jerry aurait pu le faire, c'est sûr, mais ce n'était pas le style du personnage. Tout le monde adorait Jerry parce qu'il réussissait à être terriblement cool sans faire le moindre effort. Tout ce qu'il aurait eu à faire c'est dire au type du club d'échecs : « Éh mec, ça serait vraiment cool si tu pouvais faire ça pour moi » et le mec aurait répondu : « Pas de problème, Jerry ! Je t'apporte tout ça devant ton casier à 15h ! » Et Jerry aurait fait : « Ça roule mon pote, » et puis il aurait remonté le col de sa veste en jean et se serait barré dans sa Corvette noire avec deux ou trois gonzesses sur le siège arrière. Là, c'est Jerry avec l'équipe de basket du lycée. Un jour, le coach, excédé, lui a dit : « Sans déc, Jerry, je veux vraiment pas t'emmerder avec ça, mais je suis sûr que tu verrais beaucoup mieux le ballon si tu enlevais tes lunettes de soleil. » Jerry n'a pas répondu, il s'est contenté de rester tranquillement là où il était, au centre du terrain, et de rentrer le tout premier skyhook de l'Histoire. Le ballon est rentré dans le panier avec une telle fluidité qu'il n'a même pas touché le filet. Personne n'avait jamais vu un truc pareil. Par le plus grand des hasards, la star de la NBA Kareem Abdul-Jabbar passait par là et a été témoin de la scène. Il a immédiatement demandé à Jerry s'il pouvait lui emprunter le move, en lui promettant de l'appeler le « Jerryhook », mais Jerry a rigolé et lui a lancé : « C'est bon mec, garde le. »

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Là, c'est lui avec l'équipe de football. Je pourrais vous donner son numéro de maillot, mais c'est assez facile de le retrouver, vu que C'EST LE SEUL QUI PORTE DES PUTAIN DE LUNETTES DE SOLEIL.

Jerry a joué au football pendant tout le lycée. Le championnat d'état, ça représentait beaucoup pour Jerry. Il détient d'ailleurs le record du plus grand nombre de touchdowns en un seul match (9) et réussissait malgré ça à s'envoyer en l'air sur le siège arrière de sa bagnole à la mi-temps. Trois ans après qu'il ait obtenu son diplôme, la ligue de football a renommé le championnat le « Jerry Bowl ». Et le truc le plus fou dans ce record de touchdowns, c'est qu'il jouait en défense.

Jerry portait ses lunettes même sous son casque. L'équipe avait recruté un responsable équipement dont le seul et unique boulot était de s'assurer que les lunettes de Jerry restent absolument impeccables en toute circonstances. Des années plus tard, cet homme eut un enfant et le baptisa Jerry.

À sa dernière année, Jerry comptabilisait quatre ans dans l'équipe de football, deux ans dans l'équipe de basket, et un an au bureau des étudiants. Quand il a déclaré vouloir continuer ses études à l'Université des Nichons (« Boobie College »), le responsable du yearbook a fait : « Ha ha, tu sais que je pourrais me faire virer si j'imprime ça mais je me marre beaucoup trop alors je vais le faire ! »

Dans les sondages de popularité du lycée, Jerry a obtenu le titre de « Mec le Plus Populaire », aux côtés de Lori DiCrosta, qui n'était pas si populaire que ça, mais qui s'était un jour retrouvée debout à côté de Jerry alors qu'il fumait une cigarette, et tout le monde avait, de fait, considéré qu'elle devait être putain de vraiment cool.

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Dans la section « Testament », Jerry a légué sa boucle d'oreille au coach Blasi qui -et il l'a toujours su- avait un profond amour pour lui. Il ne s'agissait évidemment pas de désir sexuel, plutôt d'un amour comparable à celui qui unit un père et son fils, Jerry représentant une figure paternelle pour le coach Blasi, bien que celui-ci était de 30 ans son aîné. Une relation qui a marqué le coach jusqu'à ses derniers jours. Selon sa femme, ses derniers mots furent en effet pour Jerry. Jerry laissa aussi son amour de fac, Denise, l'appeler « Mon ourson » au vu et su de tous. Personne n'osa même laisser échapper un ricanement. Un gamin s'y risqua et il mourut dans un horrible accident lors d'une course de dragster, après le bal de promo. Coïncidence ? A vous de voir.

Et voilà enfin le portrait de fin d'études de Jerry. La légende raconte qu'il coucha avec la photographe de l'université avant et après que la photo soit prise, pendant que Kenneth Calabrese assistait à la scène, tendant à l'occasion une serviette à Jerry.

Doyle

Deux ans après que Jerry ait obtenu son diplôme, son frère cadet, Paul Caiafa alias « Doyle », fit son entrée au lycée de Lodi.

Doyle avait l'air un peu balourd à son arrivée, mais bon, personne n'est cool de naissance – à part Jerry Only, dont on raconte que les années de fac servirent d'inspiration au personnage de Happy Days, Arthur « Fonzie » Fonzarelli. Lors de son entrée en classe de première, Doyle avait trouvé son style, sa coolitude à lui – un cool sombre et mystérieux, tout en étant complètement accessible. Du style que tu pouvais voir jouer de la guitare dans la cour et à qui tu pouvais dire que tu avais toujours voulu apprendre à jouer de la guitare mais que tes parents t'ont forcé à prendre des cours de piano quand tu étais môme, et qui te proposait de te montrer quelques accords à l'occasion – et tu savais que c'était sincère, pas comme quand les gens disent « oh, il faut absolument qu'on se fasse un resto un de ces quatres », en sachant que vous ne le ferez jamais. Ce genre de cool.

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À sa dernière année, en 1982, Doyle comptabilisait quatre ans dans l'équipe de football, des notes impeccables et LE MEC JOUAIT DÉJÀ DEPUIS DEUX ANS AVEC LES PUTAIN DE MISFITS, TRANQUILLE.

Seigneur, ce mec était tellement cool que ça file le tournis.

Alors que la plupart des étudiants profitaient de la section « Testament » pour aligner les big-up et les petites remarques subtiles, Doyle, nihiliste jusqu'au bout, né léguait « rien. »

Contrairement à son frère Jerry, Doyle ne fut pas élu « Mec le Plus Populaire » du lycée. Il remporta un titre encore plus prestigieux : celui d' « Être Le Plus Unique », titre on ne peut plus approprié pour un type arborant une coupe de cheveux qui allait devenir hautement emblématique ET LE MEC L'AVAIT INVENTÉE ALORS QU'IL N'AVAIT MÊME PAS ENCORE FINI LE LYCÉE, BORDEL. Ça, c'est la photo de fin d'année de Doyle. Elaine D. Brownlee demanda à Doyle d'être son cavalier pour le bal de promo, un après-midi d'avril à la cafétéria, et tous les gens qui ont assisté à la scène se sont ouvertement moqués d'elle pour avoir osé taper dans la division au-dessus. Mais Doyle se leva et les pointa du doigt : « Excusez-moi, mais qui sommes nous pour nous moquer de cette femme ? », s'exclama-t-il. Il se lança dans un réquisitoire improvisé sur la perception de la beauté dans notre société tellement puissant et émouvant qu'ils furent nombreux dans la pièce – dont des professeurs et des membres de l'administration – à se mettre à pleurer sans retenue. Des claquements de mains épars se firent entendre, avant de se transformer en un véritable tonnerre d'applaudissements. Ce fut le moment le plus exaltant de la vie d'Elaine Brownlee, la remplissant à tel point de confiance en elle qu'elle se relança dans quatre années d'études à l'université de Columbia, qui furent suivis de trois ans à la fac de droit de Yale, où elle obtint son diplôme, et finit par devenir Présidente de la Cour Suprême des États-Unis. Sur la page de dédicace de ses mémoires figure simplement : « Pour Doyle, merci. »

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Doyle a quitté le lycée de Lodi en 1982, après avoir reçu son diplôme. À ce jour, on murmure toujours son nom dans les couloirs. Certains pensent qu'il n'a jamais existé, qu'il n'est rien d'autre qu'un mythe, une légende urbaine colportée d'année en année. Mais tous ceux qui étaient là au début des années 80 vous le confirmeront : la légende de Doyle est vraie.

Danzig

Glenn Danzig, de son vrai nom Glenn Anzalone, fut diplômé de la Lodi High School en 1973, mais l'unique trace qu'on trouve de lui dans le yearbook de cette année-là est un portrait de fin d'études. On ne sait pas grand chose sur les années lycée de Danzig, à part qu'il visait une formation technique. Quelles étaient ses occupations ? Qui étaient ses amis ? Nul ne le sait. Certains disent qu'ila été élevé et formé au Japon par un vieux maître en arts martiaux, dans le but de prendre la tête d'une société secrète de guerriers appelée le Souffle des Ombres, mais qu'il fut forcé de fuir après avoir tué le fils d'un empereur en combat singulier. D'autres sources racontent qu'il s'agissait en réalité d'un espion infiltré au lycée de Lodi pour enquêter sur un réseau de trafic de cocaïne opérant dans les sous-sols du gymnase. Ou alors genre un élève en transit, ou un truc du genre. Qui sait ?

Dan Ozzi a été nommé dans la catégorie Journaliste avec le Plus de Chances de Recevoir le Prix Pulitzer pour l'Excellence Absolue de son Travail. Il est sur Twitter - @danozzi