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Music

Chris Holmes n'en a juste rien à foutre de rien

L'ex-guitariste de W.A.S.P. nous parle de sa nouvelle vie à Cannes, de courses-poursuites avec la police de L.A. et de la fameuse scène de la piscine dans « Decline Of Western Civilization 2 ».

Si vous aimez un tant soit peu le metal et que vous avez abondamment zoné sur le net ces dernières semaines, il y a de grandes chances pour que vous ayez vu le clip de « Let It Roar » de Chris Holmes. Tout le monde s'accorde à le dire : c'est un classique instantané. Réalisé à Cannes, où il s'est installé depuis quelques temps, on y voit le légendaire guitariste de W.A.S.P. en train de boire du café, de tirer sur ça cigarette électronique, de donner à manger à son chien, de pêcher, de faire des doigts et de se balader au bord de la plage avec sa guitare en hurlant qu'il va transformer une gamine vierge en « pute à 30 balles ». Mais, aussi étonnant que ça puisse paraître, il ne s'agit là que de la deuxième meilleure prestation de Holmes à l'écran—la première étant sa fameuse interview dans The Decline of Western Civilization Part II: The Metal Years, le documentaire de Penelope Spheeris réalisé en 1988, dans lequel on le voit bredouiller des réponses incohérentes, complètement démonté à la vodka dans sa piscine, sous le regard horrifié de sa mère.

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« Let It Roar » est extrait du premier album solo de Holmes, Shittin’ Bricks, qui sortira à un moment ou un autre cet année. Vu que personne ne sait rien sur ce disque, si ce n'est que son titre vaut à lui seul toute l'attention qu'on pourra lui donner, j'ai demandé à Holmes de m'en parler. De ça et des beuveries qui l'ont emmené à se retrouver dans des courses-poursuites avec la police. De toute façon, il a arrêté de boire en 1996, donc il peut en rire aujourd'hui. Et il ne s'en prive pas.

Noisey : Tu habites en France depuis un an. Pourquoi as-tu quitté les USA et pourquoi as-tu choisi de t'installer ici ?
Chris Holmes : En fait, ma femme est française. Et depuis que j'ai quitté W.A.S.P., je n'ai fait que zoner à L.A., à chercher de nouveaux musiciens avec qui jouer. Sans succès. Et puis, culturellement, les choses ont tellement changé là-bas ces dix dernières années… La musique que je joue n'intéresse plus personne. Pas autant que dans les années 80 en tout cas. Il y a deux ans, j'étais en train de faire mes courses et j'ai vu ce gamin sortir de sa caisse. Il m'a fait penser à moi à son âge, sauf qu'il n'écoutait pas de rock. Ça m'a fait réaliser qu'il fallait que je tourne la page, qu'il n'y avait plus de place pour les types comme moi à L.A.

Il écoutait quoi ?
Du hip-hop. Moi, c'est pas mon truc. Je parlais au gamin d'un de mes potes—il était au collège et je lui ai demandé : « Pourquoi tu n'écoutes pas de rock, de trucs comme Deep Purple par exemple ? » Et il m'a répondu : « Mec, c'est des trucs de tarlouzes ». Et je te parle d'un gamin blanc, là. Bref, je me suis dit que le temps était peut-être venu que je change d'air. J'ai la cinquantaine, mais je veux toujours faire de la musique. Du coup, j'en ai parlé à ma femme et on a décidé de bouger. Je me sens mieux en France. Les gamins ont des goûts plus variés et il y a encore de la place pour le rock. Il y a des concerts tout le temps.

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Tu ne regrettes pas ton choix ?
Oh non. J'ai juste eu à m'adapter à deux-trois choses. Leur café dégueulasse, par exemple. [Rires] Mais les français sont très cools.

Tu parles français ?
Parlez-vous Français ? Merci beaucoup ! [Rires] Ouais, j'apprends. Mai sje ne pense pas que je m'en servirai dans mes morceaux. Je continuerai à chanter en anglais.

Tu as donné beaucoup de concerts depuis que tu es ici ?
L'an dernier, j'en ai fait une dizaine. Pas des masses, donc. Mais j'ai surtout bossé sur l'album, les mixes des morceaux, ce genre de choses. J'essaye aussi d'organiser des concerts avec les membres de mon nouveau groupe, qui viennent tous de Cannes et de Nice. J'ai passé un peu de temps en Finlande aussi—je devais jouer avec des mecs de là-bas, mais ça n'a pas fonctionné. Ils voulaient jouer des morceaux de W.A.S.P. alors que moi, je voulais jouer mes nouveaux morceaux. Je veux dire, c'est marrant de rejouer des trucs de W.A.S.P., mais bon, on ne peut pas faire que ça. Du coup, j'ai tout repris à zéro ici.

Ton album s'appelle Shittin’ Bricks. D'où vient ce titre ?
Du morceau du même nom, qui parle d'une course-poursuite avec la police. De ce moment où ils sont après toi mais où ils ne te tiennent pas encore.

C'est du vécu ?
Carrément. Ça m'est arrivé des tonnes de fois à L.A. avant qu'ils ne se mettent à utiliser des hélicos partout. Dans le coin où je vivais, à La Cañada Flintridge, à côté de Glendale, ils n'en avaient pas. J'ai été coursé par les flics des tas de fois mais je ne me suis jamais fait choper. Et puis après, la police de Pasadena a eu un hélicoptère et j'ai du trouver d'autres moyens de gruger. [Rires]

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Donc, tu ne t'es jamais fait courser par un hélico ?
Non. Je suis con, mais pas à ce point. Tu ne peux rien contre un hélico. En fait, si, il y a un moyen, c'est de prendre un des tunnels à la sortie de l'aéroport, parce que les hélicoptères n'ont pas le droit de survoler cette zone. Après quoi, tu n'as plus qu'à tracer jusqu'à Sepulveda ou un coin des environs et changer de bagnole. C'est le seul moyen qui existe.

Visiblement, tu y as réfléchi.
[Rires] Ouais, disons que tu vois pas mal de courses-poursuites à L.A. Et puis il y en a tous les jours à la télé, pas vrai ? Et personne n'en réchappe jamais. Sauf une fois dans Cops, j'ai vu un mec en 4x4 qui s'est engouffré dans un petit chemin qui menait droit sur une rivière et le mec a continué tout droit, dans la flotte. Les flics ont dû s'arrêter sur la berge. Du coup, le mec s'en est sorti. [Rires] J'avais jamais vu ça.

En parlant de jamais-vu, la vidéo de « Let It Roar » a pas mal tourné sur le net, au point de devenir un véritable phénomène viral. Ça t'a surpris ?
Non, parce que ça donne l'occasion aux gens de raconter des saloperies sur moi. Tu sais, à partir du moment où c'est relayé par Blabbermouth, c'est la fête du slip. Et puis pas mal de monde continue à comparer ce que je fais à W.A.S.P. Ça fait jaser, alors ça marche. Mais tu sais, ce que tu vois dans ce clip, c'est 100 % vrai, ma vie à Cannes est comme ça. Il y a des coins magnifiques, ici. Je vais à la pêche et tout ça. C'est une chouette ville. Tu peux pas faire autant de choses à L.A.

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Il y a un morceau sur l'album qui s'appelle « TFMF ». Ça veut dire quoi ?
Je peux être grossier ?

A fond.
Ok, ça veut dire « Two-Faced Motherfucker ». Ça parle de tout un tas de gens que j'ai croisé durant ma vie. Pas juste une personne… Mais bon, j'ai pas envie de citer de noms. Si tu écoutes les paroles, tu peux deviner de qui je parle.

Le public te connait surtout en tant que guitariste. Qu'est-ce qui t'a donné envie de chanter ?
J'aurais pensé que le public me connaîtrait surtout en tant qu'alcoolique. [Rires] Mais la guitare vient en deuxième, c'est vrai.

[Rires] C'est cool de le prendre comme ça.
Tu me demandais pourquoi je me suis mis à chanter ? Eh bien, c'est arrivé par accident. Je travaillais avec Phil « Philthy Animal » Taylor de Motörhead il y a quelques années et j'avais une idée pour un morceau. On l'a enregistré et puis on a complètement paumé le titre, avant que je le retrouve sur mon ordinateur. Je l'ai réécouté et là j'ai eu une idée pour le chant et j'ai enregistré une piste voix, qui ne sonnait pas trop mal. Et puis j'en ai fait une autre. Et ainsi de suite. Je me suis rendu compte que j'adorais ça. Je sais que je ne suis pas un chanteur exceptionnel. Généralement les guitaristes ne chantent pas sur leurs albums solos. Quand George Lynch de Dokken fait un album solo, ce n'est pas lui qui chante. Mais si tu ne chantes pas dessus, ce n'ets pas vraiment un album solo, pas vrai ? C'est pourquoi je me suis dit qu'il fallait que je chante sur le mien. En plus, comme ça, je n'ai pas à me fader un putain de chanteur. Tu connais ce problème qu'on appelle « SDF » ?

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Oui, le « syndrome du frontman »
Exactement. Ça me permet d'échapper à cette merde. Je m'en occupe moi-même, et tant pis si ça merde. Je n'ai rien à perdre.

Parle-moi des autres morceaux de l'album.
Eh bien, il y en a un qui s'appelle « In Your Mouth »…

Je me demande bien de quoi ça peut parler.
[Rires] C'est un morceau marrant. Il faut écouter les paroles. C'est une copine à moi qui fait les choeurs. Il y a aussi « Don't Care », qui parle de ne plus payer ton loyer et de vivre dans un trou à rat infecté de cafards. « I rub my balls and I smash them on the walls… »

C'est vrai que tu travailles sur un reality show qui s'appellera Holmes Sweet Holmes ?
Ouais, c'est une émission sur laquelle ma femme est en train de bosser avec un producteur. Il faudrait leur demander exactement où c'en est. Je t'avoue que je ne sais pas grand chose dessus. Ils n'en sont qu'au stade de pré-production. Je crois que ça parle principalement de la vie en tournée, de ce qui se passe dans les loges, etc. Si c'est bien fait, ça peut être drôle. Je ne sais pas trop qui va diffuser ça, mais une chose est sûre : MTV n'en voudra pas.

Ça ne ta fait pas peur d'être filmé, comme ça ? Je veux dire, après ton apparition dans The Decline Of Western Civilization Part II ?
[Rires] Justement ! Après ça, plus rien ne me fait peur, mec ! Je ne peux pas faire pire, franchement.

Et puis tu ne bois plus, de toute façon, donc on ne risque pas de te revoir te verser une bouteille de vodka sur la tête.
Non, cela dit j'ai fait pas mal de trucs débiles en étant totalement sobre. [Rires] Tu bois, tu commences à te sentir bien, et là tu te dis : « si je bois deux fois plus, je vais me sentir encore deux fois mieux ! »Sauf que ça ne marche pas comme ça. Tiens, il y a un autre morceau de l'album qui s'appelle « 502 ».

Ça parle de quoi ?
De te ramasser un 502, conduite en état d'ivresse. On t'arrête et on te lit tes droits. Ça m'est arrivé tellement de fois que je les connais par coeur.

Combien de fois est-ce que tu as été arrêté pour conduite en état d'ivresse ?
Officiellement, six. Mais si on compte toutes les fois où on m'a arrêté et où j'ai réussi à m'en sortir, il y en a bien plus. J'adorais faire ça. J'ai toujours trouvé que j'étais un bien meilleur conducteur quand je buvais. [Rires] Mais j'ai arrêté de boire en 96. Maintenant je vois mes potes faire des trucs vraiment débiles quand ils sont bourrés. Je n'ai rien contre—je suis même prêt à te payer un verre ou deux ou trois, selon ce que j'ai sur moi. Après quoi je te regarderai t'écrouler. Puis je te ramasserai pour que tu puisses t'écrouler encore. J'adorais ce moment où tu passes de sobre à complètement décalqué, mais j'ai dû y mettre un terme, ça allait un peu trop loin.

Ça doit être dur de traîner avec des gens qui boivent quand on est sobre, non ?
Tant que tu n'oublies pas que le lendemain, tu te réveilleras sans problèmes, ça va. J. Bennett a encore du mal à réaliser que cette conversation a eu lieu.