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Music

Il n'y a plus qu'un nom dans la bouche des kids de Harlem : A$AP Ferg

Une interview dédiée aux mecs petits et trapus qui savent rester élégants.

A$AP Ferg, auto-proclamé Pape du Hood – un mec qui a tellement confiance en lui qu'il a sorti un titre appelé

Fergvicious

sans se poser une seule fois la question de savoir si ça n'allait pas être pris pour une pignole sur Fergie des Black Eyed Peas – a passé la majorité de l'année dernière à sillonner les États-Unis pour sa tournée

Turnt x Burnt

. On l'a croisé pour la première fois, lui et le reste de la A$AP Mob (un album du crew au complet est prévu dans l'année), lors du plus gros concert qu'il ait fait dans sa ville natale de New-York, en décembre dernier. À l’endroit même où la star de la bande, ce bel enfoiré d'A$AP Rocky, a crié : « Je suis trop fier de mon frère Ferg ! » L'ambiance générale de ce concert était hyper joyeuse : un paquet de gamins de Harlem devenus grands célébraient leur conquête de la ville. On a d’abord croisé Ferg dans les backstages de son concert, et ensuite au studio Polo Grounds, dans le Bronx. Et voici ce que le seigneur de la Trap avait à nous dire.

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6 février, Irving Plaza, NYC

Ça fait quoi de percer avec tous tes potes de Harlem ?

Ça fait du bien, parce qu'on a construit notre empire à partir de rien. Je n'avais aucun empire à défendre. Mon père était un bonhomme, auteur de l'artwork du logo Bad Boy, celui de Uptown et celui de Heavy D. Il était sur le point de construire son empire, il avait mis un peu de thune de côté pour moi, mais finalement, la plupart de ce que je possède aujourd’hui, je l'ai gagné moi-même. Il est mort trois jours avant mon 17e anniversaire.

Il t’avait connecté avec beaucoup de gens dans l'industrie musicale ?

Pas vraiment. Je connaissais Puff Daddy, mais à part ça, personne. Je ne connais toujours personne d'ailleurs.

On dirait que Harlem est l’équivalent de Brooklyn dans les années 90, un réservoir inépuisable de talents.

Ouais, Harlem est très fertile en ce moment. Ça arrive tous les cinq ans en gros. Harlem était célèbre pour sa scène dance à une époque, avec les

Chicken Noodle Soup

, tous ces disques dansants. J'étais là genre, « Putain, on a loupé le coche sur ce coup ! » Je devais avoir 14 ans. Et en fait, je suis content qu'on n'ait pas rejoint le hip hop quand la mode de la dance battait son plein, parce que ce n'était qu'une mode. Je pense le meilleur moment pour nous, c'est maintenant.

C'est quoi ta période préférée de Harlem ?

J'ai adoré quand Cam'ron faisait son truc en rose. Il représente Harlem pour toujours. Les voitures roses, les lunettes roses, le bandana rose. Toute sa phase rose était ouf. Il rendait le monde rose. C'était une sorte de Liberace noir si tu veux.

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Tu as travaillé avec Method Man et Busta Rhymes. Tu as l’air OK pour bosser avec toutes les générations.

C'est une question de talent. Method Man, Shabba Ranks, ou Bone Thugs-n-Harmony, c'est juste des mecs que j'ai admiré en grandissant, et j'ai eu la chance de bosser avec eux, alors pourquoi ne pas le faire ?

Ca t’a apporté plus de trucs de bosser avec des vieux loups ?

Absolument. Je pose des milliards et des milliards de questions à Busta Rhymes à chaque fois que je le vois, j'ai grandi en regardant ses vidéos ! Genre : « Tu écrivais tes propres lyrics ? Où est-ce que tu as trouvé Hype Williams ? Comment vous vous êtes connectés ? »

Tu penses avoir le même côté flamboyant que Busta ?

Je suis plutôt réservé et posé. Je suis plus un type ordinaire, mais j'ai une imagination très fertile.

Toi aussi tu es branché par la mode, mais tu restes sobre. C'est plus dur de sortir un look tapé quand t'es petit et trapu ?

Non, je suis simplement sportif. J'ai encore du rabe avant de devenir maigre et squelettique. Je porte juste ce que j'aime porter. Tout ne fonctionne pas pour tout le monde, même si t'es maigre comme un clou, tu ne peux pas tout porter, parce que ça ne colle pas forcément sur toi.

T'aimes quoi en ce moment ?

Des trucs confortables qui ont une bonne gueule. Des vestes trop grandes. J'adore Alexander Wang, parce que c'est vraiment minimaliste, à la fois sportif et haut de gamme. Jeremy Scott est un bon pote à moi. Il est venu assister au shooting de la vidéo

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Work Remix

, on discute tout le temps de designer des trucs ensemble.

Shabba Ranks était un poids lourd en Angleterre dans les années 90, mais il était plutôt perçu comme un comique. Pourquoi t’as fait une chanson sur lui ?

C'est marrant, mais les Jamaïcains respectent vraiment ce mec. C'est un prophète pour beaucoup de gens, et beaucoup de gosses ont grandi avec sa musique. Et c'est drôle parce qu'en même temps, il est totalement pop. Comme Michael Jackson pouvait être

drôle

avec son gant et sa bouclette qui lui masquaits le visage, Shabba Ranks avait dix chaînes en or. Il avait huit anneaux en or. C'est trop marrant. C'est exagéré. C'est pop, et je voulais faire une chanson pop-rap.

18 février, Studio Polo Grounds, Bronx

Alors t'as fait quoi depuis la dernière fois ?

On a fini la tournée par un concert à Montréal. Les plus belles femmes sont au Canada. Enfin, dans les grandes villes. Je ne veux pas me faire attaquer non plus !

Comment c'était la vie en tournée ?

C'était bien. Ca fait trois ou quatre ans que j'arrête pas de tourner. J'ai passé plus de temps sur la route que chez moi. Je vais être en tournée pour toujours. Je devrais porter des rollers en permanence parce que je ne vais jamais m'arrêter de bouger !

Ça a donné quoi le concert à New York ?

Le show était génial. New York c'est toujours top. C'est comme si mon nombre de fans ne cessait d’augmenter. Avant, je voyais toujours les mêmes têtes aux concerts, mais maintenant je vois plein de gens différents qui viennent du monde entier. Il y a des gens qui viennent d'Espagne ou d'Australie ; ils ont loupé les dates en Australie, alors ils viennent me voir à New York.

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Tu as bossé sur le nouvel album de A$AP Mob ?

Ouais, l'album de la Mob va être dingue. Maintenant que Rocky et moi on est plus ou moins célèbres c'est pas évident de garder le contact avec les autres frères, mais dernièrement on a pu passer un peu de temps ensemble. Rocky était un peu occupé avec ses trucs, mais j'étais là pour rassembler tout le monde et m'assurer que le projet aboutisse.

Ça fait du bien de retrouver ses potes ?

Ouais, ça fait vraiment du bien – il y a une certaine énergie qu'on perd quand on n’est pas ensemble. Je peux faire de la musique toute la journée, mais c'est différent avec les potes, parce que tout le monde met son grain de sel et chacun a ses caractéristiques créatives.



A$AP Ferg, auto-proclamé Pape du Hood – un mec qui a tellement confiance en lui qu'il a sorti un titre appelé

Fergvicious

sans se poser une seule fois la question de savoir si ça n'allait pas être pris pour une pignole sur Fergie des Black Eyed Peas – a passé la majorité de l'année dernière à sillonner les États-Unis pour sa tournée

Turnt x Burnt

. On l'a croisé pour la première fois, lui et le reste de la A$AP Mob (un album du crew au complet est prévu dans l'année), lors du plus gros concert qu'il ait fait dans sa ville natale de New-York, en décembre dernier. À l’endroit même où la star de la bande, ce bel enfoiré d'A$AP Rocky, a crié : « Je suis trop fier de mon frère Ferg ! » L'ambiance générale de ce concert était hyper joyeuse : un paquet de gamins de Harlem devenus grands célébraient leur conquête de la ville. On a d’abord croisé Ferg dans les backstages de son concert, et ensuite au studio Polo Grounds, dans le Bronx. Et voici ce que le seigneur de la Trap avait à nous dire.




6 février, Irving Plaza, NYC

Ça fait quoi de percer avec tous tes potes de Harlem ?

Ça fait du bien, parce qu'on a construit notre empire à partir de rien. Je n'avais aucun empire à défendre. Mon père était un bonhomme, auteur de l'artwork du logo Bad Boy, celui de Uptown et celui de Heavy D. Il était sur le point de construire son empire, il avait mis un peu de thune de côté pour moi, mais finalement, la plupart de ce que je possède aujourd’hui, je l'ai gagné moi-même. Il est mort trois jours avant mon 17e anniversaire.



Il t’avait connecté avec beaucoup de gens dans l'industrie musicale ?

Pas vraiment. Je connaissais Puff Daddy, mais à part ça, personne. Je ne connais toujours personne d'ailleurs.



On dirait que Harlem est l’équivalent de Brooklyn dans les années 90, un réservoir inépuisable de talents.

Ouais, Harlem est très fertile en ce moment. Ça arrive tous les cinq ans en gros. Harlem était célèbre pour sa scène dance à une époque, avec les

Chicken Noodle Soup

, tous ces disques dansants. J'étais là genre, « Putain, on a loupé le coche sur ce coup ! » Je devais avoir 14 ans. Et en fait, je suis content qu'on n'ait pas rejoint le hip hop quand la mode de la dance battait son plein, parce que ce n'était qu'une mode. Je pense le meilleur moment pour nous, c'est maintenant.



C'est quoi ta période préférée de Harlem ?

J'ai adoré quand Cam'ron faisait son truc en rose. Il représente Harlem pour toujours. Les voitures roses, les lunettes roses, le bandana rose. Toute sa phase rose était ouf. Il rendait le monde rose. C'était une sorte de Liberace noir si tu veux.



Tu as travaillé avec Method Man et Busta Rhymes. Tu as l’air OK pour bosser avec toutes les générations.

C'est une question de talent. Method Man, Shabba Ranks, ou Bone Thugs-n-Harmony, c'est juste des mecs que j'ai admiré en grandissant, et j'ai eu la chance de bosser avec eux, alors pourquoi ne pas le faire ?





Ca t’a apporté plus de trucs de bosser avec des vieux loups ?

Absolument. Je pose des milliards et des milliards de questions à Busta Rhymes à chaque fois que je le vois, j'ai grandi en regardant ses vidéos ! Genre : « Tu écrivais tes propres lyrics ? Où est-ce que tu as trouvé Hype Williams ? Comment vous vous êtes connectés ? »



Tu penses avoir le même côté flamboyant que Busta ?

Je suis plutôt réservé et posé. Je suis plus un type ordinaire, mais j'ai une imagination très fertile.



Toi aussi tu es branché par la mode, mais tu restes sobre. C'est plus dur de sortir un look tapé quand t'es petit et trapu ?

Non, je suis simplement sportif. J'ai encore du rabe avant de devenir maigre et squelettique. Je porte juste ce que j'aime porter. Tout ne fonctionne pas pour tout le monde, même si t'es maigre comme un clou, tu ne peux pas tout porter, parce que ça ne colle pas forcément sur toi.



T'aimes quoi en ce moment ?

Des trucs confortables qui ont une bonne gueule. Des vestes trop grandes. J'adore Alexander Wang, parce que c'est vraiment minimaliste, à la fois sportif et haut de gamme. Jeremy Scott est un bon pote à moi. Il est venu assister au shooting de la vidéo

Work Remix

, on discute tout le temps de designer des trucs ensemble.



Shabba Ranks était un poids lourd en Angleterre dans les années 90, mais il était plutôt perçu comme un comique. Pourquoi t’as fait une chanson sur lui ?

C'est marrant, mais les Jamaïcains respectent vraiment ce mec. C'est un prophète pour beaucoup de gens, et beaucoup de gosses ont grandi avec sa musique. Et c'est drôle parce qu'en même temps, il est totalement pop. Comme Michael Jackson pouvait être

drôle

avec son gant et sa bouclette qui lui masquaits le visage, Shabba Ranks avait dix chaînes en or. Il avait huit anneaux en or. C'est trop marrant. C'est exagéré. C'est pop, et je voulais faire une chanson pop-rap.






18 février, Studio Polo Grounds, Bronx

Alors t'as fait quoi depuis la dernière fois ?

On a fini la tournée par un concert à Montréal. Les plus belles femmes sont au Canada. Enfin, dans les grandes villes. Je ne veux pas me faire attaquer non plus !



Comment c'était la vie en tournée ?

C'était bien. Ca fait trois ou quatre ans que j'arrête pas de tourner. J'ai passé plus de temps sur la route que chez moi. Je vais être en tournée pour toujours. Je devrais porter des rollers en permanence parce que je ne vais jamais m'arrêter de bouger !



Ça a donné quoi le concert à New York ?

Le show était génial. New York c'est toujours top. C'est comme si mon nombre de fans ne cessait d’augmenter. Avant, je voyais toujours les mêmes têtes aux concerts, mais maintenant je vois plein de gens différents qui viennent du monde entier. Il y a des gens qui viennent d'Espagne ou d'Australie ; ils ont loupé les dates en Australie, alors ils viennent me voir à New York.



Tu as bossé sur le nouvel album de A$AP Mob ?

Ouais, l'album de la Mob va être dingue. Maintenant que Rocky et moi on est plus ou moins célèbres c'est pas évident de garder le contact avec les autres frères, mais dernièrement on a pu passer un peu de temps ensemble. Rocky était un peu occupé avec ses trucs, mais j'étais là pour rassembler tout le monde et m'assurer que le projet aboutisse.



Ça fait du bien de retrouver ses potes ?

Ouais, ça fait vraiment du bien – il y a une certaine énergie qu'on perd quand on n’est pas ensemble. Je peux faire de la musique toute la journée, mais c'est différent avec les potes, parce que tout le monde met son grain de sel et chacun a ses caractéristiques créatives.





Tu peux nous parler de ton rôle de Pape du Hood ?

Le Pape du Hood c'est plus ma façon d'être, tout pour les autres. Enseigner à mes pairs qu'il y a d'autres choses sur lesquelles tu peux te concentrer si tu veux t'en sortir, t’ouvrir l'esprit. Le Pape du Hood est tout simplement là pour représneter les jeunes, parce qu'ils n'ont pas de modèle. Je ne dis pas que je suis le meilleur modèle, mais on peut apprendre de mes erreurs. Je m'engage à dire uniquement la vérité, et beaucoup de gamins n'écoutent pas leurs mères, leurs grand-mères, les prêtres ou les docteurs, parce que ces personnes ne représentent rien pour les gamins. Nos profs ne sont plus les meilleurs enseignants, donc les gosses ne suivent plus en classe. Déficit d'attention à mort ! Tu vois ce que je veux dire ? Et je peux comprendre ça. Moi je pousse les enfants à sortir de ce carcan, à apprendre par eux-mêmes et à se construire ensemble pour devenir forts et puissants.



C'est bien d'avoir ce côté conscient sur l'album, pour équilibrer avec les parties plus violentes.

Je ne fais que raconter ma propre histoire, ce que j'ai vu en grandissant. Tout est vrai. C'est les histoires dont je me souviens. Le quartier habite mes pensées. C'est ma réalité. C'est une réalité difficile, et j'ouvre les yeux à tout le monde. Il nous faut un monde meilleur – mais si je vois de belles choses, ok, je parlerais de ces choses. Je parle de mon expérience et je parle de ce que j’aimerais qu’il se passe. Voilà ce qu’être le Pape du Hood signifie, et ce dont parle

Cocaine Castles

.



Tu peux nous parler de ton gimmick qui fait « rrrruf ». Ca tue !

J'expérimente beaucoup, j’utilise des sons différents. J'aime bien utiliser ma voix comme un instrument, j'ai essayé de la faire sonner le plus agressivement possible, et ça a donné ce truc qui ressemble un peu à un aboiement de chien. C’est devenu ma marque de fabrique.



C'est un belle signature.

Merci mon frère.




Le EP de A$AP Mob,

L.O.R.D.

, sortira mardi 4 mars, sur RCA Records.

Tu peux nous parler de ton rôle de Pape du Hood ?

Le Pape du Hood c'est plus ma façon d'être, tout pour les autres. Enseigner à mes pairs qu'il y a d'autres choses sur lesquelles tu peux te concentrer si tu veux t'en sortir, t’ouvrir l'esprit. Le Pape du Hood est tout simplement là pour représneter les jeunes, parce qu'ils n'ont pas de modèle. Je ne dis pas que je suis le meilleur modèle, mais on peut apprendre de mes erreurs. Je m'engage à dire uniquement la vérité, et beaucoup de gamins n'écoutent pas leurs mères, leurs grand-mères, les prêtres ou les docteurs, parce que ces personnes ne représentent rien pour les gamins. Nos profs ne sont plus les meilleurs enseignants, donc les gosses ne suivent plus en classe. Déficit d'attention à mort ! Tu vois ce que je veux dire ? Et je peux comprendre ça. Moi je pousse les enfants à sortir de ce carcan, à apprendre par eux-mêmes et à se construire ensemble pour devenir forts et puissants.

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C'est bien d'avoir ce côté conscient sur l'album, pour équilibrer avec les parties plus violentes.

Je ne fais que raconter ma propre histoire, ce que j'ai vu en grandissant. Tout est vrai. C'est les histoires dont je me souviens. Le quartier habite mes pensées. C'est ma réalité. C'est une réalité difficile, et j'ouvre les yeux à tout le monde. Il nous faut un monde meilleur – mais si je vois de belles choses, ok, je parlerais de ces choses. Je parle de mon expérience et je parle de ce que j’aimerais qu’il se passe. Voilà ce qu’être le Pape du Hood signifie, et ce dont parle

Cocaine Castles

.

Tu peux nous parler de ton gimmick qui fait « rrrruf ». Ca tue !

J'expérimente beaucoup, j’utilise des sons différents. J'aime bien utiliser ma voix comme un instrument, j'ai essayé de la faire sonner le plus agressivement possible, et ça a donné ce truc qui ressemble un peu à un aboiement de chien. C’est devenu ma marque de fabrique.

C'est un belle signature.

Merci mon frère.

Le EP de A$AP Mob,

L.O.R.D.

, sortira mardi 4 mars, sur RCA Records.