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Music

« Fiorucci Made Me Hardcore » retrace 30 ans de club culture britannique en 15 minutes

Mark Leckey sera au F.A.M.E. ce week-end pour parler de sa mythique vidéo et présenter son dernier film, « Dream English Kid ».

Pochette de la bande-son du film sorti sur The Death Rave en 2012.

Vous avez 15 minutes devant vous ? Oui, vous avez 15 minutes devant vous. C'est vendredi, et rien d'important ne va se passer entre maintenant et le moment où vous quitterez votre fauteuil à roulettes, aux alentours de 17h. Alors autorisez-vous le visionnage d'un des documents les plus importants jamais réalisés sur la club culture. Ça vous évitera de poster un truc merdique de plus sur Facebook. Et ça vous donnera sûrement envie de vous évader ce soir, voire d'arrêter de porter uniquement des vêtements unis et qui sait, peut-être même que vous vous intéresserez à l'art et à la façon dont le vidéaste Mark Leckley (gagnant du Prix Turner en 2008) s'y est pris pour assembler tous ces morceaux d'Histoire en une pièce-maîtresse relatant 30 ans de vie nocturne britannique.

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Après avoir grandi près de Liverpool dans les années 60 et 70, connu sa période football casuals, et avoir opté pour le parcours autodidacte, Leckey finira par s'inscrire en école d'art et, après un passage obligé par New York (et la formation d'un groupe), il donnera des cours de cinéma en Allemagne avant de revenir bricoler à Londres. Il a déjà 35 ans quand il réalise son plus célèbre court-métrage. À travers une série de cut-ups façon Burroughs, on retrouve dans Fiorucci Made Me Hardcore des passages du film The Wigan Casino de Tony Palmer, des images prises dans la rue à l'époque du roller disco, des grappes de supporters des 80's, des gens qui zonent, qui rient, qui chialent, et qui muteront tous en ravers à l'orée des années 90. Trois décennies de styles, de danses incroyables et de drogues, passées à la moulinette (déjà l'esthétique VHS crado) et au ralenti, sur une bande-son bruitiste tarée et ce titre, définitif, qui rend hommage aux jeans Fiorucci (très prisés par les danseurs des années 70) en leur octroyant le statut d'objet-totem.

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C'est encore Mark Leckey qui en parle le mieux (sur le site Vdrome) :

« Le titre m'est venu lors d'une expo d'objets d'Andy Warhol. Il y avait une photo prise au Studio 54 et sur la porte quelqu'un avait écrit 'Fiorucci Made Me Hardcore'. Le hardcore est toujours une question d'extrêmes —que ça soit au niveau du son, du comportement ou des convictions. Être hardcore c'est être engagé. Donc tu t'es investi entièrement, tu as mis toute ta vie dans un truc aussi fugace, régie par le profit voire l'exploitation, qu'une marque de mode. Mais ce sur-investissement personnel dans quelque chose n'est pas aussi stupide qu'il en a l'air, c'est la conversion voulue d'une simple commodité en quelque chose de sacré. 'Garde la foi' comme ils disent encore dans certains cercles Northern Soul. » Fiorucci Made Me Hardcore sera diffusé samedi en Full HD à la Gaité Lyrique dans le cadre du F.A.M.E. Mark Leckey y présenter a également son dernier film, Dream English Kid 1964-1999.