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Music

Une interview avec Mountain Bike d'avant l'état d'urgence

Le pigiste le plus lent de France a interviewé le groupe le plus acrobatique de Belgique. 9 mois après, il nous a rendu son papier. Ça tombe bien, le groupe est de retour sur scène dans 15 jours.

Photo - Olivier Donnet Le pigiste le plus lent de France a interviewé le groupe le plus acrobatique de Belgique. 9 mois après, il nous a rendu son papier. Ça tombe bien, le groupe est de retour sur scène dans 15 jours. C'était en mai 2015, à la Maroquinerie : le quatuor Mountain Bike, fort d'un premier album ultra-dérapant qui écrasait tranquillement le championnat de garage-vélocross franco-belge (ex-æquo avec Regal), livrait une performance acrobatique dans sa désormais légendaire tenue de basket, et rendait parfaitement honneur à sa réputation de groupe de scène. Quelques instants avant, on s'était entretenu avec le groupe autour d'une bière. L'interview devait paraître la semaine suivante. Et puis le mois de juin est arrivé, il a fait chaud et j'ai eu soif, et Jupiter est entré dans Saturne. Heureusement, Mountain Bike revientà Paris le 4 mars prochain, au Café de la danse, aux côtés de Jessica93 et Violence Conjugale (un line-up qui promet, dans le cadre d'un festival de trois jours à la programmation globalement parfaite) : l'occasion de revenir sur cette interview perdue et de vous préparer à l'état de guerre totale, définitive, et constitutionnelle, qui s'abattra sur le 5, passage Louis-Philippe, dans le 11ème arrondissement de Paris, dans exactement vingt-deux jours.

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Noisey : J'ai vu certains d'entre vous pour la première fois au concert des White Fangs à la Mécanique Ondulatoire, et c'était le chaos total.
Charles (batterie, ex-White Fangs) : Notre bassiste était ivre mort, il a passé tout le concert des Combomatix enroulé dans la grosse caisse. Ensuite je me suis amusé à couper son ampli basse pendant qu'il jouait, il ne s'en rendait même pas compte. Puis il a dégueulé dans le van sur la route du retour, c'était parfait. On était venus exprès à Paris, en plus, c'était notre seule date. Notre chanteur était furax. Qui est Belge parmi vous ?
Étienne (guitare, chant) : Charles et Aurélien (guitare). Tournaisiens, pour être précis. Moi je suis de Perpignan, et on a monté Warm Toy Machine à Toulouse avec Stefano. Ça marchait pas terrible. Stefano (basse) : Ça marchait un peu, si, mais on voulait vraiment partir de France, tant qu'on était jeunes et qu'on avait un peu de temps. Mon frère (lui aussi dans Warm Toy Machine) avait fait ses études à Bruxelles, on s'est dit que ce serait chouette d'y retourner – pas uniquement pour le groupe d'ailleurs. Étienne : Ouais, ras-le-bol de la mentalité du Sud.

Stefano : Ça faisait un an que je ne bossais pas, je ne trouvais rien. Il était temps d'aller voir ailleurs.

Étienne : Et puis t'avais baisé toutes les meufs de Toulouse…

Stefano : Qu'est-ce que tu racontes, j'étais hyper sage à l'époque. Ne propage pas des mythes qui ne reposent sur rien, comme ça.

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Étienne : En tous cas, c'est l'époque où on trainait avec les futurs Wall of Death, avant qu'ils montent à Paris. Excellente période. Vous commencez donc le groupe en 2012.
Étienne : Je passais souvent des disques avec Charles, des trucs sixties. Mais on commençait à en avoir un peu marre du garage « straight », on s'est dit que ce serait bien d'essayer un truc nouveau. Mais en 2012, il y avait déjà du garage à foison, vous vouliez faire quoi pour vous distinguer ?
Étienne : Le disque qui a changé la donne, c'est Goodbye Bread de Ty Segall en 2011. On s'est dit qu'on pouvait faire du garage et en même temps revendiquer autre chose, faire venir des trucs plus nineties. Charles : Avant quand tu faisais un groupe de garage, il y avait tout un tas de codes à respecter, ça faisait chier au bout d'un moment. C'était toujours la même chose.

Stefano : Cela dit au moment où on monte sur le groupe, c'est surtout pour rigoler, comme d'habitude.

D'autant que vous n'avez même pas cherché à vous distinguer en intégrant un clavier, ou un instrument un peu original.

Charles :

Il y a quand même un synthé sur un bout de morceau, à la fin de l'album. On le fait jamais sur scène.

Aurélien : On n'a pas réfléchi comme ça, on a fait ce qu'on avait envie de faire. Étienne avait quelques compos, ça nous a plu, c'est pas plus compliqué que ça.

Stefano : On est resté assez fidèles à nos envies, globalement. On n'a pas eu à calculer. Et puis, je veux pas être bizarre, mais on s'entend quand même super bien [Rires]. Je pense que ça se ressent sur le live ou dans notre manière de travailler. On s'est pas dit qu'on allait révolutionner la musique, ni même que ça pouvait marcher. On est les premiers surpris par ce relatif succès, d'ailleurs.

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Étienne : Même les maillots de basket sur scène, c'est pas un calcul. C'est un truc débile qui s'est ajouté au show complètement par hasard. Comme pas mal d'autres trucs : si c'est débile, on prend.

Stefano : On a fait ce groupe en mode relax, sans pression, avec l'expérience accumulée des autres groupes. Du coup ça détend vachement, tu te sens plus libre au niveau de l'écriture, et les morceaux sont meilleurs. Le processus a été très long, non ? Entre l'écriture, l'enregistrement, la sortie de l'album, et la tournée promo que vous commencez tout juste, il s'est passé combien de temps ?
Stefano : Dis-toi qu'en plus, l'album est déjà sorti il y a un an en Belgique. Humpty-Dumpty Records n'avait juste pas assez de thunes pour faire une double sortie avec la France.

Aurélien : Et à sa sortie en Belgique, l'album était déjà enregistré depuis un an. Et composé de morceaux qu'on jouait déjà en live depuis belle lurette. Donc oui, c'est un processus de trois-quatre ans. Une chance que vous n'ayez pas splitté entre temps.
Étienne : Ça va, quand même pas [Rires].

Charles : C'est vrai que c'est un peu dur quand tu as une « éthique » garage, et que tu aimes sortir les choses très vite. Avant, on filait nos morceaux sitôt enregistrés à n'importe quel label à qui ça plaisait, et il les sortait. Là, on a pris le temps.

Stefano : Ça a un peu traîné avec Teenage Menopause, parce qu'ils pensaient sortir le disque, et en même temps le son un peu « pop » ne leur plaisait pas tant que ça. Ils ont été sincères, ils ont dit non. Du coup on s'est retrouvés sur un label belge, mais ça a tout décalé de six mois. Bon, maintenant Elzo veut sortir le deuxième album [Rires].

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Charles : Le son est plus « poli » sur l'album, plus pop, mais ça reste enregistré à la campagne, chez nos parents. On s'est pas payé un méga studio, ça reste artisanal.

Étienne : Le père de Charles achète plein de bières, c'est pour ça que j'y vais.

Aurélien : Et c'est un Poney-club. Authentique.

Vous êtes les voisins de Regal ?

Étienne :

Ils sont pas loin, à Tournai. On est surtout super potes, je suis hyper-content qu'ils soient sortis sur Born Bad. Ça fait tellement d'années qu'ils galèrent.

Stefano : Ils tuent en live.

Étienne : Et ils peuvent jouer trois heures, comme des machines. Ils ont un stock de morceaux hallucinant.

Charles : Ce sont les seuls je connais à pouvoir partir en tournée pendant un mois, et faire vingt-huit dates.

Stefano : Increvables, et toujours de bonne humeur. C'est louche, d'ailleurs. Du coup, il y a un genre de scène garage belge ?
Étienne : Ben, pas trop. Il se passe plein de trucs à Bruxelles, c'est sûr, mais c'est une scène un peu différente. Le « garage », on en trouve plein en Flandres mais…

Charles : …il y a la barrière linguistique. C'est un vrai truc chiant en Belgique, parce que c'est compliqué de passer de l'autre côté. Être programmé en Flandres quand tu viens de Wallonie, c'est une vraie galère.

Aurélien : On a un booker flamand maintenant, ça se passe mieux. On fait beaucoup de festivals là-bas. Mais au début on démarchait directement les groupes qui passaient par chez nous, plutôt que les programmateurs de salle. Sinon on n'avait aucune chance.

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Charles : Inversement, les groupes flamands viennent très rarement en Wallonie. Y'a rien à faire, cette barrière existe, elle est là. Un bon spot, sinon ?
Stefano : « Le Parapluie National », à Binche. C'est le seul bar de cette minuscule ville, mais ils font des concerts tout le temps, et l'accueil est plus qu'incroyable. Les mecs sont des warriors remontés à 200%, et ils te donnent tout alors qu'ils n'ont quasiment rien. C'est une vraie parenthèse enchantée. Enfin, si tu aimes l'alcool.

Charles : Et apparemment, c'est ça à chaque fois. C'est pas juste qu'on eu du bol, quoi.

Stefano : C'est vrai que sans vouloir tomber dans le cliché, c'est très… belge [Rires].

Étienne : Il y a encore plein de petits endroits en Belgique où tu peux faire le con, comme ça. Pas comme en France où tout le monde ferme, à cause des plaintes de voisins.

Stefano : Ici, même des gros groupes font des détours pour jouer dans des lieux paumés. Comme le « Pit's », à Courtrai. Totalement culte. Merci les gars. Bon concert, alors.
Stefano : Ça paraît quand, ton papier ? Courant de la semaine prochaine, je pense.
Stefano : Ok, cool. Mountain Bike sera en concert le 4 mars prochain au Café de la Danse aux côtés de Jessica93 et Violence Conjugale. On ne saurait que trop vous conseiller d'y aller, ne serait-ce que pour trouver Pierre Jouan dans le public et le pointer du doigt.