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Les stars de YouTube vont-elles voir leurs revenus s'effondrer ?

Youtube a mis à jour ses conditions générales d’utilisation pour y inclure des règles plus agressives sur le contenu dit "inapproprié."

Même si vous n'êtes pas un Youtubeur actif, vous avez sans doute remarqué le scandale qui a remué la plateforme de streaming vidéo la semaine dernière. Les stars de YouTube et leurs fidèles fans sont entrés dans une colère noire depuis que le site a mis à jour ses Conditions générales d'utilisation pour y inclure des règles plus agressives. En outre, les vidéos qui ne sont plus considérées comme « advertiser-friendly, » c'est-à-dire compatibles avec les partenariats publicitaires, ne pourront plus générer de revenus. C'est pour cette raison que le hashtag #YouTubeIsOverParty est actuellement en tête des Trending topics sur Twitter aux Etats-Unis.

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YouTube explique qu'il s'agit là d'un malentendu, et qu'il n'exclura pas davantage de vidéos de son programme de monétisation ; selon la plateforme, ces nouvelles règles lui permettront d'être plus transparent sur les raisons de l'exclusion, quand elle a lieu. Au cours des dernières semaines, YouTube a déployé un nouveau système de notification afin d'avertir les chaines de la suppression éventuelles des publicités sur l'une ou plusieurs de leurs vidéos. Quand les administrateurs des chaines en question ont commencé à recevoir ces alertes, ils ont fait savoir que les motifs d'exclusion invoqués par la plateforme étaient extrêmement vagues : « humour lié au sexe », « langage inapproprié » (qui comprend, mais ne se limite pas, aux injures et aux grossièretés), et « sujets et événements controversés ou sensibles, dont des thèmes liés à la guerre, aux conflits politiques, aux catastrophes naturelles et aux tragédies, même si aucune image choquante n'est présentée. »

Seems like Philip DeFrancoAugust 31, 2016

Même si YouTube se contentait effectivement d'améliorer la transparence de ses pratiques et n'avait pas l'intention de sanctionner le contenu « inapproprié » plus sévèrement qu'auparavant, les personnes dont toute ou partie des revenus sont générés par YouTube ont de quoi s'interroger. Ce modèle publicitaire intégré est-il approprié, dans la mesure où YouTube possède tout contrôle sur l'éligibilité des vidéos à l'hébergement de publicités ?

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« Un tout petit nombre de mes vidéos contiennent des choses que YouTube pourrait juger inappropriées, » explique Joe Redifer, l'une des hôtes de GameSack, une chaine YouTube qui fait des critiques de jeux vidéo et possède plus de 157 000 abonnés. « Mais ces nouvelles règles sont extrêmement subjectives. Elles emploient des expressions telles que 'sujets controversés', » sans jamais les définir. C'est la porte ouverte à tous les abus. »

De nombreux YouTubeurs s'inquiètent de ces restrictions appliquées aux grossièretés, aux blagues lourdingues, et surtout, aux références à l'actualité. Certains n'hésitent pas à utiliser le mot de « censure, » même si évidemment, ne pas toucher de revenus pour une vidéo est sans équivalent avec le fait de ne pas pouvoir s'exprimer du tout sur un sujet donné. Le principal problème invoqué est l'incohérence dont fait preuve YouTube quant à l'application de ses directives. La développeuse Brianna Wu a d'ailleurs expliqué sur Twitter que la phrase utilisée par YouTube pour décrire les « contenus inappropriés » est suffisamment vague pour autoriser la monétisation de vidéos incitant au harcèlement.

« Les gens vont se tourner vers d'autres plateformes, voilà tout. »

Le fait est que, lorsque vous vous inscrivez sur YouTube, vous acceptez les règles que la plateforme vous impose, même si celles-ci vous semblent arbitraires et subjectives. Si cette nouvelle politique s'avérait avoir un impact réel sur l'activité des youtubeurs, il y a de grandes chances que ces derniers se tournent vers des solutions alternatives.

« Avant, la seule façon de se faire de l'argent avec des vidéos était d'utiliser Google ads ; la raison pour laquelle j'ai renoncé à ce système est que Google s'est transformé en une sorte de Big Brother se comportant de manière totalement arbitraire, surtout quand il s'agissait de discriminer le contenu 'vulgaire' du contenu 'approprie' » explique Ryan Detert, le PDG de Influential, une société qui met en relation des annonceurs et des utilisateurs populaires de Twitter, Instagram, Snapchat et YouTube. « Si les gens ont peur de ne plus gagner de l'argent avec leurs vidéos, et bien, ils se feront de la thune ailleurs. »

L'entreprise de Detert s'est spécialisée sur les annonceurs en quête de contenu personnalisé, ce qui, selon lui, peut rapporter entre 500 et 10 000 dollars par vidéo, en fonction de la chaine YouTube à laquelle on s'adresse. Mais selon Detert, il existe d'autres moyens de gagner du cash avec YouTube si l'on refuse de produire du contenu sponsorisé. Patreon permet par exemple de soutenir financièrement une chaine YouTube par un don mensuel ou par l'achat de goodies.

« Les gens vont se tourner vers d'autres plateformes, voilà tout, » ajoute Detert. « Les influenceurs vont se dire 'je peux faire davantage d'argent sur Instagram ou Snapchat' et investir leurs ressources et leur temps ailleurs. YouTube sera alors perçue comme une plateforme vieillissante, et devra en assumer les conséquences. »

Joe Redifer a ajouté que GameSack ne se hasarderait jamais à produire du contenu sponsorisé, car cela aurait un effet néfaste sur l'image de sa marque. Il espère seulement que YouTube laissera ses vidéos en paix : « Ce n'est qu'un changement des Conditions d'utilisation de YouTube parmi tant d'autres. Cela arrive tous les deux ou trois mois. Il n'y a pas de quoi s'alarmer, mais je me demande quand même ce qui nous attend. »