FYI.

This story is over 5 years old.

Tech

Pourquoi l'orgasme féminin fascine tellement les scientifiques

Une nouvelle étude affirme qu'autrefois, l'orgasme féminin servait à enfanter, pas juste à prendre son pied.

Le mystère de l'orgasme féminin est un cliché vieux comme le monde - ou plutôt, vieux comme Aristote, qui fut l'auteur d'un traité scientifique sur le plaisir lié à la reproduction il y a quelque 2400 ans. Pendant des siècles, les scientifiques ont étudié de près l'anatomie féminine, pour tenter de comprendre ce qui fait jouir les femmes. Jusqu'ici, les résultats ont été franchement décevants.

Mais aujourd'hui, un nouvel article affirme avoir découvert à quoi sert l'orgasme féminin depuis la nuit des temps. À l'instar du coccyx humain, les orgasmes féminins avaient autrefois une fonction très importante, si l'on en croit cette étude dont les résultats ont été publiés dimanche dans la revue JEZ-Molecular and Developmental Evolution. Le rôle des orgasmes, selon les auteurs, était d'induire l'ovulation au cours de l'acte sexuel, permettant ainsi aux femmes de tomber enceinte.

Publicité

"Les études précédentes tendaient à se concentrer sur la biologie humaine et sur la modification d'une caractéristique plutôt que sur son origine évolutive", a déclaré le co-auteur de l'étude, Gunter Wagner, professeur d'écologie et de biologie évolutive à Yale.

L'ovulation induite consiste littéralement à stimuler la production d'ovules à travers l'acte sexuel. La plupart des félins, par exemple, ont une ovulation induite, et l'avantage de cette caractéristique, c'est qu'elle accroît les chances pour les mâles d'être l'unique père d'une portée et qu'elle assure aux femelles d'être fécondée. En revanche, l'ovulation induite n'a jamais été observée chez les primates, bien que certaines études affirment que le sperme humain contient une protéine fortement capable de déclencher l'ovulation.

Puisque l'orgasme féminin n'est pas nécessaire à la reproduction, l'équipe de biologistes de l'Université de Yale et de l'hôpital pour enfants de Cincinnati espéraient découvrir une raison psychologique à son existence.

Quand les femmes ont un orgasme, ont-ils découvert, leur corps est submergé par des substances du "bien-être", la prolactine et l'oxytocine, un effet déjà observé chez les hommes. Les mêmes substances sont produites par le corps au cours de l'ovulation induite, affirme les auteurs, ce qui les pousse à penser que les orgasmes provoquaient autrefois la fécondation chez nos ancêtres.

L'étude montre aussi que l'ovulation induite est apparue en premier chez les mammifères, l'ovulation spontanée (en gros : le cycle menstruel) n'étant apparue qu'il y a 75 millions d'années. Les auteurs pensent qu'une fois que les animaux ont abandonné l'ovulation induite par les mâles, le clitoris s'est déplacé, quittant le canal reproductif - où il a plus de chances d'être stimulé pendant l'acte - pour s'établir sur les organes génitaux.

Autrement dit, les orgasmes sont restés, mais nous sont aussi utiles aujourd'hui que notre coccyx.

Mais cette approche darwinienne de l'orgasme féminin fait l'objet de débats. Pendant des années, les chercheurs ont tenté de trouver un équivalent de l'orgasme masculin chez les femmes, ce qui leur a valu de vives critiques leur reprochant une démarche patriarcale. La mystification de la sexualité féminine a également été encouragée par la psychologie évolutionniste, qui voit les traits psychologiques comme des adaptations successives. Dans un monde patriarcal, l'orgasme féminin ne saurait évidemment exister par pur plaisir. Et donc, s'il ne sert pas à enfanter, c'est qu'il doit bien avoir une autre fonction - résiduelle ou non.

Elisabth Lloyd, professeur de biologie à l'Université de l'Indiana, a estimé dans The Guardian que les résultats de l'étude étaient intéressants, mais qu'ils ignoraient certains éléments. Par exemple, les auteurs ne tiennent pas compte des effets neurologiques et musculaires de l'orgasme, ni des orgasmes des autres mammifères.

"Tout semble indiquer que l'orgasme n'a pas véritablement de fonction - si ce n'est le plaisir, évidemment, dit-elle. Cela ne signifie pas que ce n'est pas important, mais simplement que l'orgasme ne joue sans doute pas de rôle dans notre évolution."