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Le pivot des Rockets Chinanu Onuaku shoote ses lancers à la cuillère, et il a bien raison

Le rookie d'Houston se fout d'avoir l'air teubé quand il tente un lancer.

Dans son match de pré-saison face aux Pelicans, le jeune pivot des Rockets Chinanu Onuaku, drafté cet été, a étonné son monde en remettant au goût du jour une technique de tir de lancer-franc tombée en désuétude : le lancer à la cuillère ou granny shot (tir de grand-mère en VF).

C'est une technique peu utilisée ces dernières années en NBA par les big men, alors que certains, comme Andre Drummond (35% aux lancers) ou DeAndre Jordan (43%) en auraient bien besoin. On rappelle que c'était le shoot préféré du Hall of Famer Rick Barry, qui a rentré près de 90% de ses lancers grâce à cette technique sur toute sa carrière.

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La principale raison qui empêche Drummond ou Jordan de shooter à la cuillère est mentale : quand tu tires un lancer à la cuillère, t'as l'air con. C'est aussi simple que ça. Onuaku fait peu de cas de ces futilités comme il l'a déclaré après la rencontre : « Je sais que mes équipiers vont se moquer de moi, mais franchement, je m'en fous. Tant que je rentre mes paniers, ça me va. » Lui préfère l'efficacité : il a commencé à shooter ainsi pendant sa saison sophomore à la fac à Louisville sur les conseils de son coach Rick Pitino. Alors qu'il rentrait 47% de ses lancers avec un shoot "normal", sa réussite est passée à 55% avec le tir à la cuillère. C'est toujours pas fameux, mais c'est déjà une amélioration.

Un changement de méthode qui rappelle celui adopté par Wilt Chamberlain lors de la saison 1961-62. L'histoire est racontée dans le troisième épisode du podcast Revisionist History du journaliste du New Yorker Malcolm Gladwell : celui qui fait déjà partie des plus grands basketteurs de tous les temps est alors un piètre shooteur de lancers. Lors de cette saison-là, il adopte la technique du lancer à la cuillère. Grâce à cela, il terminera la saison avec son meilleur pourcentage aux lancers en carrière (61%), et surtout rentrera 28 de ses 32 lancers lors de son fameux match à 100 points.

Seulement, Chamberlain délaissera le granny shot peu de temps après. « J'avais l'air d'une tapette », donnera-t-il comme explication. Malcolm Gladwell utilise cette histoire pour expliquer un trait de caractère qu'on peut discerner dans beaucoup de personnalités, la différence entre un seuil bas et un seuil élevé d'influençabilité. Chamberlain a un seuil élevé : il se plie à la pensée générale qui dit que le lancer à la cuillère est ridicule et abandonne cette technique malgré son efficacité. Onuaku et Rick Barry, à l'inverse, ont des seuils bas, et se foutent de ce que diront les autres.

Et il faut leur donner raison : la bonne manière de tirer un lancer, c'est avant tout de faire rentrer le ballon dans le cercle.