Joshua Kimmich : l'ascension de la prochaine star du Bayern Munich
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Joshua Kimmich : l'ascension de la prochaine star du Bayern Munich

La polyvalence est la marque du football moderne. Joshua Kimmich l'a en abondance et l'utilise à merveille pour s'imposer, déjà, comme un crack.

Si la polyvalence est la marque de fabrique du football moderne, alors Joshua Kimmich est celui qui incarne le mieux la nouvelle génération de footballeurs. Signé par le Bayern en tant que milieu relayeur, il s'est aussi imposé en défense centrale et a été positionné dans le couloir droit de la défense en sélection nationale lors de l'Euro 2016. Il a débuté cette saison en montrant qu'il pouvait aussi bien postuler comme buteur au milieu de terrain, marquant en moyenne un but tous les deux matches pour le champion d'Allemagne en titre, pour le moment deuxième derrière le RB Leipzig.

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Kimmich, il faut le signaler, n'a que 21 ans, et tout ça s'est produit en moins de 18 mois. Difficile, donc, d'imaginer un meilleur début de carrière.

Que Kimmich soit l'une des pépites les plus en vue du football européen montre à quel point les choses bougent à une vitesse incroyable dans le haut niveau. Inconnu au bataillon hier, étoile montante aujourd'hui : depuis sa première apparition sur une pelouse de Bundesliga, il y a 14 mois de ça, Kimmich en compte 50 aujourd'hui sous le maillot de l'une des plus grosses écuries du monde du football et a joué un rôle crucial dans le doublé du Bayern (championnat et coupe d'Allemagne, ndlr). Dans le monde du ballon rond, tous les experts vous le diront, il est l'un des joueurs dont la carrière en équipe nationale promet d'atteindre des hauteurs stratosphériques.

Mais si la fulgurance de son arrivée au sommet à de quoi faire rêver plus d'un gamin, sa carrière reflète bien le cynisme du monde du football. Ses deux seuls transferts jusqu'à maintenant – d'abord au RB Leipzig, club détenu à 49 % par Red Bull, puis au Bayern – montrent l'importance qu'a l'argent dans le football moderne et comment il peut faire éclore le talent en un claquement de doigt

Né en 1995 à Rottweil, ville pittoresque du sud-ouest de l'Allemagne connue pour avoir donné son nom à la race de chiens, Kimmich a débuté au VfB Stuttgart. Là-bas, chez les juniors, son talent n'a échappé à personne, tant il surpassait ses pairs. C'est un compétiteur acharné, il a ça dans le sang, quitte à passer pour un mauvais joueur (« Je voulais être le meilleur dans tout ce que je faisais. Quand je perdais un match, je pleurais tout le temps », a-t-il avoué à ESPN). À l'été 2013, il a obtenu la médaille d'argent Fritz-Walter, attribuée aux jeunes talents allemands. Leipzig a sauté sur l'occasion pour faire signer Kimmich en prêt pour deux ans et l'intégrer à la horde de jeunes joueurs prometteurs sur laquelle ils comptaient pour remonter en deuxième division. Et le plan a fonctionné à merveille : après une première saison où Kimmich s'est avéré un rouage indispensable au milieu de terrain, le club de la Saxe est remonté en deuxième division.

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La saison suivante, Kimmich et sa bande se sont adaptés à leur nouvel environnement avec une aisance déconcertante. Leipzig a raté de peu la montée en Bundesliga (qui viendra l'année suivante), mais leur jeune milieu s'est fait un nom. Inéluctablement, le Bayern s'est montré intéressé et a fini par lui proposer un contrat de cinq ans avant de se l'approprier et de verser 7 millions d'euros à Stuttgart, son club formateur.

Une somme considérable pour un joueur qui n'a jamais touché un ballon pour le club, se sont dit les dirigeants de Stuttgart. Mais tout le monde n'était pas du même avis. « Je pourrais tuer tous ceux qui ont été impliqués dans cette décision, rage l'entraîneur Alexander Zorniger, qui a rejoint Stuttgart au moment où Kimmich quittait le club, et l'a coaché à Leipzig. C'était une erreur monumentale. »

Il semblerait bien que dans cette histoire, c'est le Bayern qui a fait la meilleure affaire. Lorsque les blessures ont touché la défense centrale de Pep Guardiola, le jeune Kimmich, tout juste 20 ans, s'est retrouvé parachuté titulaire à un poste qui n'était pas le sien. C'était l'un de ces moments charnières où l'on a l'occasion de briller, ou de se ramasser.

Guardiola est bien connu pour sortir des jeunes joueurs de nulle part et les rendre indispensables dans des équipes qui gagnent – pensez à Sergio Busquets et Pedro Rodriguez – et c'est exactement ce qui est arrivé avec Kimmich, qui, malgré un manque d'expérience concrète en défense centrale, a excellé dans cette position. « Peu de coaches auraient osé me faire jouer », a-t-il avoué. Six mois plus tard, Kimmich termine la saison avec deux trophées et fait ses valises pour la France, direction l'Euro.

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Cet été, Joachim Löw l'a fait jouer dans une autre position, cette fois-ci en tant qu'arrière droit. Avec Jonas Hector de l'autre côté, ils avaient pour but d'élargir le jeu depuis l'arrière. Ses chevauchées offensives lui ont valu une comparaison qu'il s'est empressé de nuancer modestement. « Philipp Lahm est le meilleur arrière latéral au monde, s'est défendu Kimmich. Je n'ai joué à ce poste qu'une seule fois pour l'Allemagne. Je viens seulement de terminer ma toute première saison en Bundesliga. Bien sûr, la comparaison me flatte, mais elle n'a pas lieu d'être. » Hermann Gerland, l'entraîneur-adjoint du Bayern, lui, voit les choses clairement : « Quand Philipp partira du Bayern dans deux ans, nous n'avons pas à nous inquiéter pour son poste. Joshua sera le nouvel arrière droit. »

Il fut un temps où la polyvalence était synonyme de seconde zone – la marque d'un joueur moyen s'affirmant péniblement au haut niveau comme un touche-à-tout. Mais dernièrement, la réactualisation du totaalvoetbaal de Cruyff par Guardiola a changé la manière dont est perçue cette qualité. Désormais, elle est la marque d'une élite que les joueurs incapables d'évoluer à plus d'un poste – même les Sergio Aguero et les Daniel Sturridge – sont voués à admirer depuis le banc de touche.

Si l'on prend en compte le fait que c'est le Catalan qui a orchestré sa montée en puissance, ce n'est peut-être pas surprenant que la qualité principale de Kimmich soit sa faculté à changer de position sans problème. Le Barça version Guardiola a vu Yaya Touré, Sergio Busquets, Javier Mascherano et Rafael Marquez alterner entre défense et milieu de terrain, tandis que Xabi Alonso a été brièvement réinventé en tant que stoppeur lors du passage du technicien catalan au Bayern (la capacité de Kimmich à s'élancer vers l'avant et à envoyer des longs ballons rappelle son coéquipier basque). Kimmich ne se fait aucune illusion sur les connaissances tactiques qu'il a engrangées en l'espace de 12 mois avec Guardiola. « Pep m'a montré des parties du terrain auxquelles je ne pensais pas », a-t-il avoué.

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« Il a absolument tout, j'adore ce garçon », a reconnu Guardiola en fin de saison. Tous ceux qui ont pu avoir peur qu'avec le départ de son mentor, Kimmich ne cesse de progresser, peuvent désormais respirer. Au contraire, Kimmich a rehaussé son niveau de jeu sous les ordres de Carlo Ancelotti, ajoutant une nouvelle position de milieu offensif à sa palette. « Nous sommes peut-être plus libres dans notre jeu offensif avec Ancelotti. Il croit en nos qualités individuelles et nous fait confiance », a déclaré Kimmich. Alors que le Bayern affrontera le grand rival Dortmund ce week-end dans l'un des matchs les plus sensationnels de la saison, les supporteurs comptent bien voir cette attaque rajeunie au travail.

Pour un talentueux gamin de 21 ans qui a déjà fait preuve de ses qualités en défense, au milieu et en attaque, la question n'est plus de savoir ce que le futur réserve à Kimmich (spoiler : une montagne de trophées), mais où est-ce qu'il l'emmènera. Mais à une époque où les tactiques changent sans arrêt et le footballeur polyvalent est de nouveau vénéré, peut-être que Kimmich sait plus que quiconque que la seconde partie de la question est à double sens. Il jouera son jeu à n'importe quel poste, et sur tout le terrain.


Via Nike