Quand cinq artistes transposent "1984" en 2017

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Culture

Quand cinq artistes transposent "1984" en 2017

Le roman d’anticipation culte de George Orwell est plus populaire que jamais. Voici comment des artistes le réinterprètent à notre époque.

Les dystopies ont le vent en poupe. À l'heure des alternatives facts et autre bullshit politico-médiatique, l'incontournable roman dystopique de George Orwell, 1984, est en tête des ventes sur Amazon. Les éditions Penguin Books ont enregistré une hausse de leurs ventes de 9500% pour ce titre seulement, des projections de l'adaptation de Michael Radford se multiplient un peu partout et des types en distribuent même gratuitement pour prévenir le pire dans ces périodes de troubles.

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Difficile de ne pas voir quelque chose d'orwellien dans les assertions catégoriques de Donald Trump, les réfutations sur le réchauffement climatique de l'Environmental Protection Agency ou la déformation répétée de faits par les instances officielles et les médias proches du gouvernement. Et comme tout cela ne semble pas de très bonne augure, on a demandé à des artistes d'illustrer la dystopie d'Orwell comme si elle prenait place dans notre société actuelle. Voici ce que ça a donné.

Joe Baker, Room 101

« Pour ce dessin, je me suis intéressé aux plans du gouvernement pour le système scolaire public américain et s'il allait sortir quelque chose de bon de ces plans. J'ai appliqué l'idée du contrôle des esprits tel qu'il a lieu dans la sinistre Salle 101 de 1984 pour une école publique du futur. Dans la Salle 101, une personne est rééduquée en étant soumise à sa plus grande peur afin de contrôler sa réalité. Dans le dessin, les coupes du gouvernement ont conduit au remplacement des professeurs par des robots dispensant des programmes médiocres. Ces professeurs-robots insufflent des peurs terrifiantes dans les cerveaux de leurs élèves, les forçant à croire que 2+2=5. » — Joe Baker

Alex Gamsu Jenkins, Two Minutes of Hate

« J'ai réfléchi deux minutes à l'idée de haine et voilà ce que j'ai pondu. C'est une scène dans un bureau où tout le monde vocifère sur son ordi. » — Alex Gamsu Jenkins

Jennifer Hershey, The Ministry of Truth

« Évidemment, j'aimerais bien faire le Ministère de la Vérité. Deux personnages sur un siège du métro, l'un pauvre et regardant désespérément l'autre. À côté, un journal titre "La pauvreté est éradiquée ! Dernier tweet : propriétés bon marché pour tous !" » — Jennifer Hershey

« La "double pensée" est un concept intéressant et je renvoie à ce passage : "Comme le Parti a le contrôle complet de tous les documents et de l'esprit de ses membres, il s'ensuit que le passé est ce que le Parti veut qu'il soit." Je pense que ça fait bien référence au gouvernement Trump supprimant des sections du site d'Obama et coupant les budgets des arts. Dans une classe, une élève jette un livre sur lequel est écrit "La science est vraie" pour prendre un autre livre que lui tend sa professeure et sur lequel on lit "La science est vraie quand ça nous arrange". C'est pour jouer sur l'idée de réécrire l'histoire quand on est en train de vivre l'histoire. » — Corrine James

Alex S. Martin, News Maze

« Récemment, j'ai beaucoup pensé comment Trump et sa clique contrôle les médias par la guerre qui leur a déclaré en les discréditant. Si les médias sont présentés comme mensongers, ça va être dur de les croire. Puis il y a eu l'histoire des alternative facts — qui a choqué l'orwellien qui sommeille en moi —, l'idée que les gens pourraient être amenés à croire des faits qui sont en fait subjectifs. Si es gens peuvent bien sûr se radicaliser dans un esprit patriotique comme dans 1984, je vois surtout que les gens deviennent de plus en plus apathiques. C'est ce que montre mon illustration. » — Alex S. Martin