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Dans la peau de Gwyneth Paltrow

Afin de savoir si ma haine de Gwyneth Paltrow était justifiée, j'ai passé la journée dans les endroits recommandés par son application iPhone.

Il y a quelques semaines, Blythe Danner – qui est connue pour être dotée d'un vagin maudit et avoir enfanté Gwyneth Paltrow – a dit que toutes les attaques envers sa fille étaient injustes et motivées par la jalousie. Dans l'émission Naugty But Nice Rob, Blythe a dit : « Je pense qu'elle est très épanouie dans tous les domaines. C'est une chose qui agace les gens, certains n'aiment pas ça, en particulier ceux qui passent leur journée à ne rien faire. Je ne lis aucun de leurs commentaires, mais je trouve ça vraiment dégoutant. »

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Mais quelque chose me laissait croire que Blythe ne disait que des conneries, et que n'importe quelle attaque envers Gwyneth était justifiée. Pourtant, je n'arrivais pas vraiment à savoir pourquoi je ne la portais pas dans mon cœur.

Comme l'a dit Einstein ou Shakespeare, ou je ne sais qui : « Ne juge jamais un homme avant d'avoir marché dans ses souliers. » Dans le but de comprendre Gwyneth et de savoir si ma haine envers elle était justifiée ou non, j'ai décidé de passer toute une journée à marcher dans ses souliers. Pas au sens littéral, bien entendu. Une de ses paires de pompes doit coûter plus cher que tout ce que j'ai pu dépenser en vêtements depuis ma naissance.

Heureusement, Gwyneth a récemment lancé une application appelée Goop City Guides. Pour ceux qui n'étaient pas au courant, Gwyneth est la créatrice de

Goop, sorte d'empire digital qui prône son propre mode de vie. Aussi, elle envoie à ses abonnés une newsletter hebdomadaire où elle s'évertue à faire des blagues – et elles tombent souvent à l'eau. Récemment, Goop a lancé une application qui dresse la liste de tous les endroits préférés de Gwyneth à Los Angeles, Londres et New-York. Comme je vis actuellement à Los Angeles, j'ai décidé d'aller voir ce qu'elle recommandait. La partie sur Los Angeles commence par une vidéo, narrée par Gwyneth elle-même, qui souhaite à tout le monde la bienvenue à Los Angeles, un endroit auquel elle fait référence comme étant sa « ville natale, la ville dans laquelle [elle revient] toujours et qui a une place spéciale dans [son] coeur ». Au moment où elle dit ça, on peut voir de magnifiques photos surexposées de palmiers, de fleuristes et de commerces qui peuplent le Los Angeles de Gwyneth – sans aucun SDF, déchet ou mur dégueulasse comme ceux qui peuplent le mien ou celui de n'importe qui d'autre.

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L'application est divisée en plusieurs quartiers. J'ai décidé de commencer ma journée à Silver Lake, parce c'était l'endroit le plus « cool » selon Goop.

Pour commencer, je me suis arrêté dans un magasin appelé Yolk, qui se définit comme un magasin de « design en plein air ». Après dix bonnes minutes de réflexion, j'ai compris que ça ne voulait absolument rien dire.

Gwyneth l'a recommandé en expliquant que c'était là qu'elle aimait acheter « des accessoires adorables et des cadeaux pour les enfants. » Ce magasin vend beaucoup de trucs que vous pouvez voir sur la photo ci-dessus, à savoir des jouets qui semblent avoir été pensés dans l'unique but de faire la cover d'un album de Regina Spektor.

Les clients de ce magasin semblent plus préoccupés par le fait d'acheter un jouet qui fera bien dans leur maison, plutôt que de trouver un truc qui plaira vraiment aux gosses. On y trouve des vieux jouets en bois et des figurines d'animaux qui bougent lorsque l'on tire sur un fil – à ce stade, on peut presque parler de maltraitance envers les enfants. Comme si ça ne suffisait pas de mettre leur vie en danger ou de leur donner des noms tout pourris, il faudrait aussi leur refourguer des jeux hyper chiants.

Dans l'application, Gwyneth – star multimillionnaire de la saga Iron Man – explique qu'elle adore « les magasins de jouets de l'époque, bien avant l'arrivée des hypermarchés et des multinationales ». Est-ce que quelqu'un peut lancer un Kickstarter pour qu'elle puisse acheter une PS4 à ses enfants  ? Pauvres gosses.

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Une partie du magasin était destinée aux adultes et vendait des trucs globalement inutiles. En gros, c'était des trucs qui ressemblaient à d'autres trucs, comme des dessous de verres en forme d'États (26€), des colliers en forme de chiens (102€) et des petites boîtes en forme de papillons (12€).

Ensuite, je suis allé dans un café appelé Intelligentsia, chaudement recommandé par l'application. Savez-vous ce que « intelligentsia » signifie ? Selon l'Internaute, il s'agit de « l'ensemble des intellectuels d'un pays ». Ça veut dire que le proprio de cet endroit a réfléchi à des noms potentiels pour attirer son coeur de cible, avant de googler « intelligentsia », d'en lire la signification et de se dire : « C'est parfait ! »

Putain. Comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessus, il fallait attendre beaucoup trop longtemps pour prendre un café. J'ai fini par me barrer au bout de quelques minutes. Alors que je m'éloignais, un homme m'a arrêté en pleine rue pour me demander – sans ironie aucune – de signer une pétition destinée à « stopper le phénomène de gentrification du quartier ».

Comme j'étais en manque de caféine, j'ai décidé de m'arrêter à un restaurant appelé Forage. Ce qui fait de Forage un endroit particulier, c'est que les clients ont le droit d'apporter leur propres légumes dans le restaurant, qui se charge ensuite de les cuisiner. D'après la liste que les « forageurs » avaient dressé sur un tableau situé juste derrière le comptoir, la nourriture du jour avait été fournie par des gens portant des noms comme Rupert, Ethel et Una. La décoration semblait parfaitement adaptée à Gwyneth : un sol en béton, des chaises d'école vintage  et des compositions superflues de potirons miniatures. J'ai fini par acheter un café et un cookie. Le cookie avait un goût de sciure, ce qui m'a permis de me faire une idée du goût des petits plaisirs de Gwyneth.

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Un peu plus loin se trouvait un autre endroit recommandé par l'appli : un magasin de musique, Vacation. Comme vous vous en doutez probablement, on ne pouvait y trouver que des vinyles.  Gwyneth Paltrow est une grande passionnée de musique. Une fois, elle a fait une compilation de ses « tubes de l'été » pour le site lifestyle de Jay-Z, dans laquelle figure le morceau « Don't Like » de Chief Keef. Elle a jugé nécessaire d'ajouter : « J'attends la sortie d'une meilleure version. En attendant, je passe celle-ci en boucle dans ma voiture. » Je ne sais pas si vous connaissez cette chanson, mais elle contient 24 fois le mot « nigga ». Si vous êtes comme moi, vous aurez vite fait d'imaginer Gwyneth en train de chanter joyeusement ce morceau alors qu'elle se promène tranquillement en voiture.

Ensuite, je suis allé au Mohawk General Store. En dépit de son nom, ce n'était pas du tout un bazar, mais juste une boutique de sapes ultra chères avec un nom loufoque.

J'espérais y trouver des bonbons, mais je n'ai trouvé qu'une télé vintage posée sur une étagère vintage, entourée de faux foulards vintages qui coutaient 145€.

Ce magasin, comme tous les lieux que fréquente Gwyneth, sentait une odeur de bougie de riches  : coing, cade, vermeil… et pas mal d'autres trucs qui n'existent pas ou qui n'ont pas réellement d'odeur. Étant allergique aux bougies parfumées, l'abondance de ces odeurs m'ont donné la migraine. Alors que je cherchais de l'Ibuprofène, je me suis demandé : Qu'est ce que Gwyneth ferait dans cette situation ? Et j'ai regardé dans la rubrique « santé » de l'application.

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Entre quelques recommandations de dispensaires de weed (sacrée Gwyneth !), on pouvait trouver un lieu spécialisé dans « le mélange des remèdes occidentaux et orientaux et la médecine holistique ». J'ai essayé de les appeler. Une standardiste m'a fait savoir qu'ils n'employaient pas de médicaments traditionnels, mais qu'ils préféraient en savoir plus sur le passé de la personne malade pour comprendre les vraies causes de sa souffrance. J'ai choisi d'éviter de débourser 300 euros dans une première séance et j'ai opté pour l'Ibuprofène.

Ensuite, je me suis rendu à West Hollywood où se situait le magasin Tweak, supposé être le lieu idéal pour trouver de bons cadeaux. Ça m'a donné une bonne idée des cadeaux que j'aurais pu recevoir si j'étais pote avec Gwyneth : des jouets chiants et des bouquins pourris avec des noms comme Les haïkus pour les Juifs.

Ils vendaient aussi des mugs originaux sur lesquels on pouvait lire des phrases de type :  « Mon travail est top-secret : je ne sais même pas ce que je fais ! », « Future Mme Brad Pitt » ou des trucs comme « Juste entre lui et moi, ou toi et elle, ou elle et moi, ou nous et eux. » En gros, des blagues pour les personnes qui pensent être au-dessus du concept même d'humour.

Ensuite, j'ai essayé de visiter un magasin appelé Feal Mor, qui – selon son site officiel – vend « une grande collection de vêtements militaires vintage imaginés par des créateurs français et japonais, des produits ménagers et bien plus ». Je ne sais pas si Goop indiquait une fausse adresse ou si le magasin n'existait plus,  mais j'ai été incapable de le trouver. Ce qui est assez honteux sachant que je suis constamment à la recherche de produits ménagers japonais au style vintage militaire. Finalement, je suis allé dans un magasin qui vendait des « fringues décontractées pour les roots », American Rag. Ne vous laissez pas avoir par ce nom – les articles à vendre ne sont pas des chiffons américains. Le magasin devrait avoir un nom un peu plus approprié, comme « Des jeans de 370€ fabriqué en Asie ». Je me suis barré aussitôt.

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Je me suis dirigé vers une papeterie de West Hollywood, Jonathan Wright. Tout ce que vous avez besoin de savoir sur ce magasin, c'est qu'ils revendiquent à la fois leur « fantaisie » et leur « politesse ».

Aussi, ils vendent des cartes de vœux tellement raffinées qu'elles en deviennentt écœurantes.

Je suis allé du côté de Venice, très apprécié par Goop grâce à « sa vibe old school ».

Je me suis rendu dans un snack, le GTA. Comme j'avais envie d'une petite douceur, j'ai commandé un mocha. « Ça ne va pas être possible, j'en ai peur », m'a fait savoir le serveur.

« Pourquoi pas un latte glacé, alors ? » ai-je demandé. Il m'a sorti un mot italien que je n'ai pas très bien compris. Je lui ai demandé de répéter, et en effet, je n'avais jamais entendu parler de ce truc. « Carbanzo » ou « cortina », un truc du genre.

Pris de panique, j'ai fini par suivre sa deuxième suggestion : un matcha latte. Comme le cookie de tout à l'heure, il avait un goût de sciure.

Et voilà, ça m'a pris toute la journée. J'ai fini mon périple en compagnie de Goop en réservant dans un des hôtels conseillés par l'appli, Andaz. C'était assez chiant. Il n'y avait même pas de comptoir d'enregistrement, juste des employés bien sapés qui déambulaient avec leurs iPads.

À ce moment-là, j'ai compris que la majorité des endroits recommandés par Gwyneth impliquaient l'achat de trucs aussi chers qu'inutiles. J'étais triste pour elle.

Voila ce que j'ai vu en me réveillant le lendemain matin : un phrase très inspirante apposée sur la fenêtre de ma chambre d'hôtel, sur le point de devenir illisible à force de se faire gratter. Si on y réfléchit bien, c'est une métaphore visuelle parfaite de Gwyneth et de tout ce qu'elle représente.

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