Les skateurs miniatures de Saint-Malo

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Les skateurs miniatures de Saint-Malo

Une réalisatrice a suivi une bande de petits loups qui passent la majeure partie de leurs journées à skater dans leur village, loin des adultes.

Toutes les images sont issues du documentaire La Bande du skate park de Marion Gervais

Si je suis attirée par le milieu du skate en général, ce n'est pas vraiment la raison qui m'a poussée à réaliser le documentaire La Bande du skate park. De manière générale, j'aime l'esprit des skateurs, qui cherchent en permanence à faire partie de quelque chose de plus grand que la vie. Mais c'est la personnalité des protagonistes de mon documentaire – Liam, Louis, Glen, Pierrot, Orso, Enzo et Ben – qui m'a donné envie de les suivre. J'avais aussi envie de parler de leur âge, 13 ans, une période de vie où l'enfance s'en va pour laisser la place à cette période charnière qu'est l'adolescence. À ce moment-là, tout change, et je voulais saisir cette envolée. J'ai commencé à tourner en octobre 2014 et j'ai terminé de les filmer en août dernier.

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Une partie des garçons vivent dans mon village et je les connais depuis toujours. J'ai suivi leur enfance avec attention. Il y a quelques temps, en les voyant basculer vers un monde inconnu, je me suis demandée quels types d'hommes ils deviendraient. J'ai ressenti le besoin irrépressible de les filmer tout de suite, pour maintenir ce passage furtif avant qu'ils ne deviennent des hommes. J'ai rencontré une autre partie de la bande au skate park où ils se réunissent, non loin de Saint-Malo.

Parmi cette petite bande, il y a Liam, le fils d'un pêcheur écossais qui part en mer huit mois par an. C'est une jeune garçon vif et rusé, qui cherche toujours à se dépasser – entre entorse, bras cassé et arcade sourcillière ouverte, la liste de ses blessures est plutôt longue. Louis est le grand frère de la bande, toujours enclin à faire des conneries. Mais il peut aussi faire preuve d'une tendresse infinie et d'un sens de la justice est incroyable. Ensuite, il y a Glen, qui parle très peu mais skate comme un dieu du haut de son mètre 40. Il est très discret, comme Orso, qui est clairement le doux de la bande. Il compose sans cesse avec sa solitude et le sentiment d'être différent des autres. De son côté, Pierrot arbore souvent des faux tatouages sur les bras et a toujours un brin d'arrogance dans le regard. Sa vie est principalement divisée entre ses deux passions : le skate et les filles. C'est aussi le cas de Ben, le beau gosse du groupe, qui semble toujours aller bien pour mieux cacher sa fragilité. Et puis il y a Enzo, brillant et fragile, qui a grandi sans père et cherche à ce qu'il le reconnaisse officiellement pour pouvoir évoluer comme les autres.

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Avec ce documentaire, je cherche à partager des sensations qui me touchent. Je cherche à faire éprouver cet état de l'adolescence, entre la gravité et les fous rires.J'aimerais que mes images rendent compte de ce qu'ils sont, dans leur intériorité, en profondeur et ce qui les anime. Raconter la quête de chacun (les problèmes avec les pères, leurs envies de sortir avec une fille, les galères de l'école ou de la vie de famille), leur puissance de vie et ce besoin de se sentir libre, hors du monde des adultes.C'est l'année où ils ont pris conscience qu'ils pouvaient construire leur monde à eux et en être les maîtres.

Retrouvez les huit épisodes du webdocumentaire de Marion ici, et plus de photos ci-dessous.

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