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FRANCE

Des experts en toxicomanie recommandent la distribution d’un produit anti-overdose en France

La mesure fait partie d’une série de 15 recommandations publiée par la Fédération française d’addictologie ce lundi. Ce texte pourrait servir de guide aux autorités sanitaires du pays s’il est validé ce jeudi par la Haute autorité de Santé.
Image via VICE News

La Fédération française d'addictologie (FFA) — qui rassemble de nombreux experts en toxicomanie — a publié ce lundi matin un rapport sur la réduction des risques liés aux conduites addictives. Ce texte pourrait servir de guide aux autorités sanitaires du pays s'il est validé ce jeudi par la Haute autorité de Santé.

Après avoir évalué les dernières avancées de la France dans ce domaine, ces experts ont émis 15 recommandations parmi lesquelles figurent la distribution d'un produit anti-overdose et l'autorisation pour les toxicomanes de consommer (sous surveillance) de la drogue dans les foyers d'accueil. Pour ces professionnels, le gouvernement doit « oser la réduction des risques », quitte à entamer des réformes dans les domaines judiciaires et hospitaliers.

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Ce rapport est le résultat d'une audition publique qui a eu lieu les 7 et 8 avril derniers, lors de laquelle une trentaine d'experts de l'addiction ont proposé des pistes pour améliorer la prise en charge des toxicomanes et la réduction des risques sanitaires en France.

La recommandation numéro 7 préconise de « mettre à disposition des usagers et de leur entourage de la naloxone (injectable ou en spray) pour

prévenir les overdoses d'opiacés et réduire la mortalité. »

La FFA plaide donc pour la distribution aux toxicomanes et à leurs proches de cet « antidote » capable de sauver la vie d'une personne souffrant d'overdose d'opioïdes (morphine, codéine, héroïne). Ce produit est déjà disponible ailleurs dans le monde, notamment sous forme de spray nasal aux États-Unis, VICE News avait consacré un reportage vidéo à ce sujet :

En France, seuls les médecins ont aujourd'hui le droit de détenir et d'injecter ce produit, une limitation jugée trop radicale par certains professionnels de santé. « En cas d'overdose, les services d'urgence d'un hôpital peuvent faire une injection qui vous sauvera la vie, mais le temps que vous arriviez à l'hôpital… », a expliqué à l'AFP le Dr Alain Morel, vice-président de la FFA. Ce psychiatre de formation a par ailleurs justifié une autre recommandation phare de ce rapport, l'autorisation pour les toxicomanes de consommer — sous surveillance — de la drogue dans les foyers d'accueil, où cette pratique est officiellement interdite.

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La supervision d'injections se fait déjà officieusement dans ces centres », a-t-il souligné, ajoutant que ces derniers « doivent pouvoir accompagner sur le plan médical ce type de gestes » pour en limiter les risques.

Cette recommandation vise deux types de structure en France : les centres de soins qui accompagnent et préviennent les addictions (CSAPA) ainsi que les centres d'accueil et d'accompagnement réservés aux usagers de drogues (CAARUD). Des établissements publics qui fournissent notamment à ces usagers du matériel stérile et l'accès au dépistage de certaines maladies contagieuses (VIH / Hépatite / Tuberculose).

Dans un communiqué publié ce lundi, la Fédération Addiction — l'un des piliers de la FFA — a indiqué vouloir, grâce à ce rapport, « faire le lien » entre les foyers d'accueil et le personnel médical. Cette association entend également étendre sa vigilance aux addictions liées à la cigarette électronique ainsi qu'aux « nouvelles approches de l'alcool ».

« La prochaine étape pour ce rapport, c'est sa validation ou non par la Haute autorité de santé », nous explique ce lundi Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération Addiction. La HAS évaluera notamment les méthodes et les données présentées par les experts lors de l'audition avant de décider si ce rapport peut être étudié par le ministère de la Santé. Le verdict devrait être rendu ce jeudi.

Comme le soulignent ses auteurs, ce rapport se veut un complément du plan de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Plan Mildeca) en place depuis 2013, et qui vise à soutenir la recherche, la prévention et la lutte contre les trafics de stupéfiants.

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La FFA plaide toutefois pour une dépénalisation des usages de drogue afin d'améliorer l'accompagnement des consommateurs à risque. Une piste que le gouvernement français n'emprunte que timidement, entre l'accord donné en mars dernier concernant l'expérimentation des « salles de shoot » — qui devra durer six ans à compter de la date d'ouverture de la première salle — et le refus répété la semaine dernière d'organiser un débat sur la légalisation du cannabis dans l'hexagone.

À lire : Légalisation du cannabis : à peine rouvert, le débat est refermé par le gouvernement


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