Comment survivre à des vacances entre potes
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Comment survivre à des vacances entre potes

Il existe un tas de raisons qui peuvent transformer un séjour fait d'alcool et d'hygiène déplorable en une véritable catastrophe humaine.
Paul Douard
Paris, FR

Comme chaque année, vous espérez faire quelque chose de votre été avec vos amis. Comme chaque année, il y a de fortes chances que rien ne se passe – sans doute parce que vous êtes trop pauvre comme 40 % des Français, et aussi parce que vous êtes un branleur désorganisé. Mais comme l'écrivait Dostoïevski dans L'Idiot, « Vivre sans espoir, c'est cesser de vivre. » Sauf que ce dernier n'a probablement jamais dû organiser une semaine dans le Sud sur une discussion groupée de dix personnes qui ne répondent jamais aux messages parce qu'elles ont trop de boulot. Si partir en vacances avec des amis reste essentiellement quelque chose de sympa, il existe pourtant un tas de raisons qui peuvent transformer ce séjour fait d'alcool et d'hygiène déplorable en une véritable catastrophe humaine.

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À moins d'être excessivement riche – et nous savons bien que vous ne l'êtes pas, auquel cas vous ne seriez pas là en train de lire cet article sur votre téléphone payé en 24 mensualités entre deux arrêts de RER –, les vacances comprennent leur lot d'emmerdes. De base, vous allez vivre en autarcie avec des gens que vous ne voyez habituellement que quelques heures par mois – le plus souvent ivre. En plus de recopier ce schéma, vous allez aussi devoir « vivre » avec eux, au sens chiant du terme : ménage, vaisselle, ennui et pot commun seront vos maîtres-mots. Pour vous épargner l'envie de tabasser vos amis à coups de parpaing au bout de quatre jours de randonnée, on vous explique étape par étape ce qu'il vous attend.

L'organisation

Après quelques verres, l'un de vos potes s'exclame : « Si on louait une baraque en Grèce cet été ? Ça ne coûte rien. » Vous êtes saoul, vous êtes donc persuadé que la Grèce est aussi pauvre que l'Éthiopie et vous ne savez pas encore dans quel pétrin vous mettez les pieds. Vous imaginez qu'il vous suffit de créer un groupe Messenger pour que tout soit organisé. Vous avez tout faux. À peine passée la porte de votre appartement, les premières notifications pleuvent et troublent votre quiétude. L'un de vos amis a gentiment créé un groupe intitulé « Summer-17 » avec un smiley planche de surf. Sauf que la discussion se résume à des blagues de qualité moyenne et à des vidéos 9gag, et vous commencez à comprendre que vous allez probablement passer votre été dans un camping vendéen. En fait, votre groupe Facebook ressemble à une assemblée générale d'étudiants en sociologie : c'est bruyant, ça n'a aucun sens et tout le monde n'en aura plus à foutre dans trois semaines.

Deux choix s'offrent alors à vous. Le premier consiste à désactiver les notifications de ce groupe et de l'ignorer, jusqu'au moment où quelqu'un vous enverra un RIB. L'avantage est que vous pourrez continuer à vivre normalement, tandis qu'incombera aux autres la lourde de tâche de décider si une maison à la campagne avec piscine est mieux qu'une maison en ville sans piscine mais proche de la mer. L'inconvénient, c'est que ce comportement fait de vous un suiveur – le genre de parasite qui ne prend aucune décision, et qui est toujours occupé à passer un coup de fil quand tout le monde range. Le second choix consiste à vous impliquer corps et âme dans l'organisation des vacances. Mais là encore, vous risquez d'être catalogué comme le gros lourd qui cherche à avoir un contrôle total sur tout, et dont personne n'écoutera les propositions.

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Photo via l'utilisateur Flickr Michel Curi.

La cohabitation

« On fait comment pour les chambres ? ». À cette question extrêmement importante, vous marmonnez un pauvre « Je ne sais pas, comme vous voulez ». Bien sûr, vous mentez. Vous y avez pensé toute la nuit, ainsi que pendant tout le trajet en avion. Tout en vous rongeant les ongles, vous imaginez un large panel de scénarios plausibles une fois arrivé dans votre maison de vacances. Vous vous sentez même épié par vos potes qui vous regardent du coin de l'œil, comme pour connaître vos intentions. Mais alors, quelles sont vos solutions ? Est-ce que je me jette comme un enfoiré sur la meilleure chambre ? Comment réagir si l'un d'entre eux le fait ? Est-ce que je gueule au risque de passer pour la personne la plus triste du monde, ou est-ce qu'il est préférable de se taire pour tenter de le faire culpabiliser ? Difficile problème de riche que voilà. Le pire scénario étant que vous n'arriviez pas tous en même temps, et que certains estiment que « premier arrivé, premier servi » – ou pire, vous rétorquent un « Désolé mais j'ai réservé les vélos, alors ça me paraît normal d'avoir la prio là-dessus ». Les choses pourraient donc très mal commencer.

Sachez un truc : il y en aura toujours un qui se fera avoir, et toujours un pour obtenir la suite avec la salle de bains – alors que ce dernier passera quinze jours d'affilée dans le même caleçon « parce qu'on est entre nous ». Partez du principe que vous échouerez dans la première catégorie, et qu'il faudra faire avec. Au fond de vous, vous savez très bien qui de vos amis voudra absolument la meilleure chambre, par principe. Ajustez votre stratégie en fonction de ça. Si l'un de vos potes se jette sur la meilleure chambre, profitez de son ego et dites-lui simplement « OK, du coup tu feras la vaisselle alors ? ». Normalement, vous devriez voir son visage se décomposer avant d'entendre un timide « Ouais, pas de problème ».

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L'argent

Autant le dire tout de suite : oui, vous allez devoir rembourser votre amie de 1,24 euro pour les deux chouquettes achetées le premier jour sur l'autoroute. « Les bons comptes font de bons amis », paraît-il. Bien souvent, une personne se propose gentiment d'avancer les sommes pour que le décompte final soit plus simple. Si cela vous donne l'impression d'être tranquille, sachez que vous devenez plutôt l'esclave de cette personne. Avancer l'argent lui donne un genre de totem d'immunité pendant toute la durée du voyage – un peu comme quand le fait de débarrasser la table chez vos parents vous dispense de vider le lave-vaisselle.

Chaque jour, il y aura un point dépense, bien souvent fait autour d'une table à l'extérieur de la maison afin que cette réunion ne donne pas trop envie de se caler la tête dans un four. Cela peut aussi s'effectuer dans une voiture sur le trajet du retour de la plage. Et oui, vous aurez droit aux dizaines d'applications qui régissent la vie en communauté à durée limitée afin que personne ne se fasse gratter de 10 centimes. Ces applications ne servent pas à ne rien oublier – les radins n'oublient jamais ce que vous leur devez. Elles servent à légitimer la demande d'argent. Ce n'est pas vraiment votre amie qui vous demande de l'argent, c'est l'application. Du coup, votre pote n'est pas si infernale que ça. C'est infantilisant. Le mieux pour vous serait d'accepter d'emblée que l'argent sera au centre de votre voyage – ce sera moins douloureux pour tout le monde.

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Les tâches ménagères

Concrètement, c'est la partie des vacances qui vous rappellera deux leçons de vie essentielles. La première, c'est que vos amis peuvent être vraiment des êtres humains très stressants et que vous avez bien fait de ne pas faire de colocation avec eux. La seconde, c'est que vous êtes vraiment un branleur et qu'ils ont bien fait de ne pas faire de colocation avec vous. Bien sûr, vous n'êtes pas des cyborgs, il va donc de soi que l'un d'entre vous déteste faire la cuisine alors qu'un autre va fulminer d'être tout seul à la faire pour la cinquième fois consécutive. Vous êtes tous différents – et c'est pour ça que le vivre-ensemble peut tourner au désastre.

Sachez que votre ami qui prend les choses en main concernant les tâches ménagères est sans doute un cousin éloigné de The Sentinel, ce mec aux sens hyper développés depuis une tragique mission au Pérou. Alors qu'il sera en train de mettre la table, le moindre rire ou quelconque instant de détente vous trahira. Vous pensiez être tranquille dans le jardin ? Il vous verra. Vous pensiez pouvoir discuter librement à l'étage ? Il vous entendra. D'ailleurs, il pourra même se trouver juste derrière vous sans même que vous vous en rendiez compte. Mais réfléchissez un instant. Si cette personne est infernale, vous l'êtes tout autant à rester vautré dans le canapé en attendant que le dîner soit prêt. Grandissez un peu.

Les sorties

Votre groupe d'amis se divise entre deux catégories : d'un côté, ceux qui veulent faire les coins touristiques du Routard pour dire aux gens qu'ils l'ont fait, de l'autre ceux qui veulent faire des trucs que personne n'a faits pour dire aux gens qu'ils l'ont fait. Au milieu de cette guérilla égotique, l'un de vous finir par taper « Soirées cool Ibiza pas cher » dans son téléphone. Dans un ultime élan de désespoir, il se pourrait bien que vous vous rendiez sur la page Facebook de Bob Sinclar – et à partir de là, vous savez que vous mettez un pied dans ce qu'on peut communément appeler « une soirée de merde ».

Réfléchissez un instant. Pourquoi faire la même chose que ce que vous faites déjà pendant vos week-ends urbains ? Pourquoi vous farcir un rooftop Bacardi avec un DJ set donc vous n'avez rien à carrer alors que vous passez déjà tous vos jeudis soir à faire la même chose ? Arrêtez de vouloir toujours « faire quelque chose ». Asseyez-vous, dégustez une merguez et profitez un peu.

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