FYI.

This story is over 5 years old.

Crime

Arrestation de « l'Escargot », l'un des narcotrafiquants les plus recherchés d'Amérique du Sud

Le baron du crime péruvien Gerson Gálvez Calle — alias « Caracol » ou « Escargot » — a été arrêté ce week-end. Il serait à la tête du Barrio King, une organisation criminelle impliquée dans le trafic de cocaïne à grande échelle.
Photo de Leonardo Munoz/EPA

Le baron du crime péruvien Gerson Gálvez Calle — alias « Caracol » ou « Escargot » pour les intimes — a été arrêté en Colombie samedi dernier, avant d'être déporté vers le Pérou.

Les autorités colombiennes ont diffusé une vidéo de celui que l'on soupçonne d'être à la tête de la puissante organisation criminelle du Barrio King. Sur les images, on voit l'homme flanqué par des policiers se frayer un chemin au milieu d'une meute de journalistes avant de monter dans un avion. Après son arrivée au Pérou, des soldats en treillis l'ont promené devant les médias locaux. Il portait une blouse bleue sur laquelle était écrit en lettres jaunes « Arrêté par la police ».

Publicité

Les autorités colombiennes et péruviennes ont massivement communiqué sur cette arrestation, estimant qu'il s'agit d'un grand succès dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue en Amérique du Sud.

« La police et la justice ont de longs bras, » a déclaré devant des journalistes le ministre de l'Intérieur, José Luis Pérez. « Aucun criminel ne pourra échapper à la Police Nationale — que ce soit dans ce pays ou à l'étranger. »

À lire : Trafic de drogue au Pérou : L'évêque et ses mules

Le criminel a été arrêté dans la ville de Medellín, a précisé le ministre de la Défense nationale colombien dans un communiqué. Dans celui-ci, l'Escargot est désigné comme « le trafiquant de drogue le plus recherché du Pérou ».

L'homme a été arrêté dans un centre commercial du nord de la ville. Toujours selon le communiqué, il était surveillé par les services de renseignements mis au courant de sa présence dans le pays.

Ses mouvements étaient donc suivis de près. Les autorités l'ont notamment repéré dans un appartement de luxe qu'il avait loué pour être plus proche de sa petite copine vénézuélienne qui s'était installée à Medellín quelques mois plus tôt. On apprend aussi qu'un assistant équatorien s'occupait de son shopping.

« C'est un coup important porté au crime transnational. Aucune nation de l'hémisphère ne fera office de refuge pour les trafiquants de drogue, » a assuré le général Jorge Hernando Nieto, le directeur de la Police nationale colombienne.

Publicité

L'Escargot était recherché depuis 2014 et sa libération de prison controversée. Il avait passé 12 années sous les verrous sur les 15 ans de réclusion prévus par sa sentence. Caracol avait été condamné pour tentative d'homicide, cambriolage et trafic de drogue.

Les autorités pénitentiaires ont ordonné la réduction de la peine de l'Escargot au nom de la surpopulation carcérale. Pourtant, quelques heures avant sa libération, les procureurs avaient demandé qu'il soit maintenu en prison en raison de nouvelles accusations en matière de trafic. Le directeur des prisons péruviennes, Julio Magán, s'est défendu en indiquant que les procureurs et la police ne lui avaient pas notifié les nouvelles accusations qui portaient sur le détenu. Dès sa sortie de prison, l'Escargot a disparu.

Une autre théorie pourrait aussi expliquer la libération avancée de l'Escargot : la corruption.

_Regardez notre reportage — _Le nouveau roi de la coke

Le Pérou offrait près de 150 000 dollars pour la capture de l'Escargot et avait sollicité le soutien d'Interpol.

D'après les Nations unies, le Pérou est deuxième pays du monde où l'on produit le plus de cocaïne — derrière la Colombie. En 2014, on estimait que le Pérou comptait 42 900 hectares de champs de coca dédiés à la fabrication de drogue. En Bolivie, la surface exploitée par les trafiquants est deux fois moindre — bien que la Bolivie complète le podium des pays qui produisent le plus de cocaïne.

Publicité

Le Barrio King serait derrière l'exportation d'énormes quantités de cocaïne — soit des centaines de millions de dollars à la revente — depuis le principal port péruvien, Callao, vers le Mexique et l'Europe. L'organisation criminelle serait aussi impliquée dans une sanglante guerre de territoire qui a fait 140 morts à Callao en 2015.

Des sources à l'intérieur de la police ont fait savoir que l'objectif de l'Escargot était de transformer le Barrio King en un « vrai cartel » capable de concurrencer les organisations criminelles mexicaines. Les médias péruviens n'ont eu de cesse de comparer l'Escargot à El Chapo (Joaquín "El Chapo" Guzmán de son vrai nom, arrêté en janvier).

Mais en réalité, l'Escargot n'a pas vraiment envie qu'on le compare au baron de la drogue mexicain. Alors qu'il était remis aux autorités péruviennes dans des dizaines de caméras, il aurait crié « J'ai le droit être présumé innocent. »


Suivez Nathaniel Janowitz sur Twitter : @ngjanowitz