Environnement

Comment j’ai arrêté de me prendre la tête avec les gourdes

Le bon sens (un peu) et la peur de passer pour un vieux con (beaucoup) m’enjoignent à vous dire de faire de même.
Alexis Ferenczi
Paris, FR
Gourde illu

Écrire un édito est un exercice assez délicat pour les gens lâches. Quand je me suis lancé dans la rédaction de ce que j’imaginais être à la base une critique acerbe de la gourde (l’objet), j’ai vite réalisé qu’il y avait 99 % de chance que je sonne « vieil aigri de droite ». Même si une carrière à la télé me tentait, j’ai fini par peser chacun de mes mots – comme d’autres les protéines – histoire de ne froisser personne.

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La gourde était pourtant la cible parfaite : inerte donc incapable de répondre et, je le croyais, assez symptomatique de ce qui va mal dans le monde. Comment ce petit récipient utilisé par les sportifs, les militaires ou les fans hardcore de trekking était devenu la marotte des salariés du tertiaire ? Comment avait-il quitté les salles Neoness pour les espaces de co-working ? Comment était-il passé d’un truc ringard et moche à porte-étendard de la lutte contre la pollution plastique ?

« La gourde refait surface », « La gourde pas bidon, mais un peu cruche », « La gourde jusqu’à plus soif ». Pour définir une tendance, il existe une équation assez simple qui consiste à recenser dans la presse le nombre (X) de calembours utilisés pour désigner l’objet en question. Si X > 2, l’objet en question est presque certainement « à la mode ». Sans surprise, la gourde passe le test haut la main et son retour en grâce correspond à la forte récurrence des questions environnementales dans le débat public.

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Image extraite du film Le Bon, la Brute et le Truand de Sergio Leone.Image extraite du dessin animé Astérix et Obélix.